S’il y a bien une chose artistique que l’on apprend très jeune… c’est le dessin. De la pensée et la reconnaissance de la forme jusqu’à son interprétation, depuis la nuit des temps, l’humaine dessine, trace, grave, marque et code des images pour représenter. Mais en soit, le dessin n’est rien. Ce qui est quelque chose c’est l’intention et l’interprétation qui en sont faites. C’est, comme en photo il y a l’oeil et la main.

Ainsi, voici dessins de Paul, un robot qui a été délibérément conçu pour que son « art » puisse se modifier en fonction des gens qui l’utilisent. Il prend en photo et « observe » la personne qu’il va dessiner avant de se mettre à l’action. Le resultat est assez troublant et je serais curieux de savoir si, hors contexte, quelqu’un pourrait se rendre compte que ce dessin n’est pas fait par un être humain.

Voici donc Paul :

Pour relier cette réflexion, voici d’autres robots que Paul, (dont le concepteur Patrick Tresset. Tresset est très fier ;-) ), des robots venus du monde entiers et dont l’idée est de pouvoir… dessiner :

Le robot qui dessine à la plume :

Le robot 6 axes

Le robot de Nils Völker présenté à l’exposition « Makers & Spectators »

Le Bot 1 du Leeds Hacker Space en Angleterre

Mais alors… est-ce que les robots « dessinent » à proprement parler ou est-ce qu’ils ne font que numériser une image 3D et retranscrire les zones de sombre à l’aide d’un outil quelconque ? De même, si on intègre un outil un peu délicat comme une plume ou une craie grasse ou encore un pinceau, est-ce que le robot pourra se corriger pour faire en sorte de dessiner.. « mieux » ? De même, si on rajoute de l’aléatoire (voire de l’intelligence artificielle) dans l’exécution, est-ce que le robot développera alors sa propre façon de dessiner ?

Personnellement, même si j’utilise souvent des outils numériques pour dessiner, je pense que nous sommes encore très loin du dessin réalisé par une intelligence artificielle ou la main d’un robot car, au final, il faudra pour encore longtemps l’oeil et le cerveau humain pour interpréter le dessin, le trouver « beau » ou « laid », pour lui donner du sens et une dimension artistique.




17 commentaires

  1. Hé oui, pour l’instant le robot ne fait que suivre son programme et répéter des gestes qu’on lui aura appris, dessiner un dessin qui a été exécuté par quelqu’un d’autre. Mais qui sait, avec le développement de l’intelligence artificielle, et surtout à mon sens le potentiel des réseaux neuronaux, pourquoi ne pas apprendre à un robot à s’adapter à son outil (plume, craie grasse, feutre), puis ensuite à le laisser libre de dessiner quelque chose. (Avec derrière, des algos pouvant dire si tel dessin est harmonieux, la symbolique des couleurs…. ou bien une base de donnée ayant servi à son apprentissage et comprenant une grande variété d’oeuvres d’art 🙂 ).

  2. Bonjour !
    Et bien je suis épatée par la technologie du « futur » ! J’ai hâte de faire la connaissance d’un robot doué en dessin qui deviendrait un ami et qui me ferait de joli croquis… Et puis un autre robot ami qui me ferait de bon gâteaux, et puis… 😆

  3. Paul reproduit une image enregistrée, mais est-ce une « interprétation artistique » ?
    Pourra-t-il y arriver un jour ? Et accessoirement pourquoi y arriverait-il ?
    Quel beau (et long) débat en perspective !

    En d’autres termes, comment comparer au travail d’un Thierry Coquelet par exemple qui utilise, lui aussi, le stylo à bille :
    http://thierrycoquelet.blogspot.com/

  4. @Geoffrey Dorne: De rien, c’est un plaisir de commenter sur un blog aussi génial 😉

    @Patrice: En tant que scientifique j’apporterai un morceau de réponse à ta dernière question. Pourquoi faire dessiner un robot… pourquoi y arriverai-t’il? Le simple fait de donner à un robot les moyens de mimer les comportements humains nous apprend beaucoup sur le fonctionnement du cerveau, de la société, de nos émotions… et si le robot n’y arrive pas tout à fait, alors on peut se pencher sur le « pourquoi », que manque-t’il, que faisons nous inconsciemment que le robot ne peut faire.

  5. @Aratta:
    Ma question ne tenait pas tant au pourquoi imiter ou dépasser les gestes humains, ambition de scientifique que je comprends, mais plutôt pourquoi une machine (un robot) tenterait-elle, même grâce à une intelligence artificielle, un geste artistique ?
    Autrement dit, y a-t-il la place pour un art non-humain ? Je ne parle pas d’expérience utilisant des machines, mais d’un art généré.

  6. @Patrice: Ah, je comprends mieux.
    Pourquoi une machine tenterait-elle un geste artistique – la question est bonne, mais ne se pose que pour une machine dépourvue de « but », c’est à dire une machine qui aurait une intelligence mais que l’on laisserai seule face à la décision suivante: « que faire maintenant que j’ai été créée ».
    Pour l’instant, comme les machines poursuivent des buts donnés par leur créateurs (même si ce but n’est que, dans le cadre du robot iCub par exemple,  » d’apprendre  » par imitation), une machine pourra tout à fait poursuivre une sorte de quête vers un art qu’elle jugerai, suivant ses neurones, parfait. Et, comme un humain, elle apprendrai de ses expériences 🙂

  7. C’est très « basique » mais ça répond au principe de boucle, rotation dans l’espace etc. Le truc marrant c’est qu’en réalité, il lui manque un boulon, dans le sens mécanique du terme. (Et aussi dans le sens figuré du coup… Ça lui donne un défaut, une faiblesse. ) =)

  8. Pas mal du tout comme laborantin….
    Ok pour s’arrêter de dessiner et lui laisser les commandes si :
    -le « dessin » n’était que la représentation de l’aspect visuel d’un objet ,
    -le principe de réalité était une vérité partagée par tous de manière identique,
    -« l’intelligence » n’était que la mise en oeuvre d’une logique
    et notre potentiel de créativité réduit à celui « d’apprendre de nos expériences »….

  9. Bonjour !
    La dernière vidéo me fait penser à ce qu’on appelait « la tortue », au club informatique de l’école primaire ; elle était reliée par des fils à un ordi, et on lui ordonnait des déplacements à l’aide de codes (mais lesquels, peut-être du basic ?), pour qu’elle nous dessine de « jolis » dessins… le plus souvent des gribouillis, mais on s’en sortait qqfois avec de très belles formes géométriques (oui, un triangle, c’est très beau…).
    Marrant !

  10. A part le premier, le résultat me semble très mécanique et peu probant.
    Il n’y a actuellement aucun des éléments qui font que devant un même modèle, aucun dessinateur ne restituera la même image même si le caractère de la personne est bel et bien rendu: par exemple la pression plus ou moins forte de la main sur l’outil si c’est une plume, le trait plus ou moins large s’il s’agit d’un crayon taillé en biseau, et tout cela en fonction de la perception du modèle restituée par une main qui est le prolongement de ce qui se passe dans le cerveau et ne peut être réduit à une équation mathématique et universelle, chaque artiste ayant sa propre sensibilité.
    Donc les robots ne sont pas inquiétants.


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