Chaque mois je reçois des e-mails d’étudiants en design qui souhaitent échanger avec moi sur ces questions d’anthropocène, d’effondrement, de collapsologie et même de survivalisme parfois 😉 Cela vient sûrement de cet article ou de la conférence que j’ai faite à Blend où je parle de tout ça et peut-être aussi de mes intérêts que je partage ici.

Le sujet est vaste, passionnant, à la mode aussi, et pourtant ces échangent avec ces jeunes et moins jeunes me révèlent plusieurs choses importantes :

  • le design se doit de rester à l’écoute de son époque et interagir avec / pour / contre / en marge
  • les designers doivent questionner sans cesse leur époque, pas uniquement avec des textes, mais avec leurs projets
  • il y a une grande part d’angoisse autour de ces questions d’effondrement des écosystèmes et de la société thermo-industrielle
  • pas mal d’étudiants ont compris qu’ils allaient sortir de l’école dans 3, 4 ou 5 ans et qu’ils n’allaient fabriquer des voitures, des logos pour des marques de luxe ou travailler dans des startups dont le but est d’être revendue le plus vite et le plus cher possible
  • les étudiants qui travaillent sur ces sujets tombent parfois dans le piège du solutionnisme technologique en cherchant des solutions globales à l’effondrement écosystémique
  • certains qui découvrent le sujet, ne font pas immédiatement le lien entre l’effondrement écosytémique et le capitalisme / la politique

Et souvent… certains de ces étudiants se posent la question de savoir s’ils ont choisi les bonnes études et si, à la place du design, ils n’auraient pas mieux fait de partir étudier dans des filières sur l’agronomie, sur la biologie, les métiers artisanaux, etc. (oui, certains se questionnent sur ces sujets). Et que le design pour d’autres de ces jeunes, au final, ça ne sert à rien dans ce monde qui s’effondre 😉 Personnellement, je pense qu’il est trop tard pour être pessimiste.

Quelques mémoires et projets d’étudiants en design sur l’anthropocène

Il y a tant à dire sur tous ces sujets, mais en faisant des petites recherches, je voulais vous partager ces mémoires et projets d’étudiant en design sur les questions d’anthropocène, d’effondrement de la société, de collapsologie, etc. Voici donc ce début de liste que je mettrai à jour de temps en temps au fil de mes découvertes :

Mathilde Lemaire, a écrit un mémoire à l’école Boule intitulé « Crise(s) : Design(s) ? », ce mémoire aborde l’engagement des designers au cœur de systèmes en crise.

Cédric Delehelle a réalisé son mémoire de fin d’année en éco-design au Lycée Raymond Lœwy, sa thématique portait sur l’anthropocène.

Paul Morin de l’ENSCI a écrit son mémoire de fin d’étude sur la fin du monde et celle du design.

– Alexandre Esteves, étudiant à l’ÉSAD Orléans a réalisé un projet de fin d’année intitulé « Collapsolab’, imminence d’un effondrement annoncé », projet dans lequel il présente un ensemble d’outils pour faire face à l’effondrement.

– Un autre document fascinant que j’ai trouvé est un essai autour du design d’objet, publié en 2013 et avec pour auteurs Patrick Renaud (ancien directeur de l’ENSAD à l’époque où j’y étais), Anna Bernagozzi, Yohan Trompette, Maureen Barbette, Anne-Charlotte Piot, Julien Vignal, Clara Rivière, Michela Aragni, Sydney Gerard, Théo Cazaubon, Amélie Claudin, Camille Zonca, Camille Ravanel, Gautier Mallet, Quentin Vuong, Michela Aragni, Anne-Charlotte Piot, Souleymane Said, Maureen Barbette. Cet essais aborde l’effondrement, la place du design, les questions écologiques également.

Gaëtan Guillaumin a réalisé pour son diplôme à l’École de Design de Nantes, « un couteau pour les survivalistes », muni d’une boussole, de paracorde, d’un sifflet, d’un allume-feu.

– Théo Remlinger, qui a réalisé son mémoire sur le design en crise ainsi qu’une intéressante bande dessinée sur la vie dans un monde « effondré »

Illustration par Théo Remlinger

À suivre…

J’imagine qu’il y a encore bien des projets d’étudiants designers, des mémoires et peut-être même des thèses en design qui abordent ces sujets d’effondrement, de collapsologie ou de résilience du vivant et je me ferai une joie de compléter cette petite liste de temps à autre. J’ai choisi principalement des projets d’étudiants car ce sont eux qui écrivent encore des mémoires et font des projets de fin d’année, la production est donc massive chaque année et je suis bien heureux de voir que ces sujets concernent les étudiants, comme les questions environnementales et sociales, politiques. Je reste à votre écoute pour les partages de projets / de mémoire, et compléterai cet article 😉




7 commentaires

  1. Dans le cadre de la certification UX des Gobelins, mon mémoire proposait de réfléchir sur la manière de réduire l’impact environnemental des services de streaming vidéo par l’usage.

    Avec en cloture, le questionnement sur le rôle du designer à l’ère de l’anthropocène, la nécessité de développer de nouveaux outils et paradigmes centrés sur la préservation des écosystèmes dont nous dépendons et dans le but de préserver « l’habitabilité du monde »

  2. Bonjour,

    vous pourrez trouver sur la base spécialisée art et design https://www.bsad.eu d’autres titres de mémoire d’étudiant·e·s en écoles d’art et de design pour les sujets qui vous intéressent (effondrement, collapsologie, etc.).

    Bien cordialement,

    Cécile Kerjan
    Responsable de la valorisation : bibliothèque et suivi professionnel
    EESAB-Site de Rennes

  3. L’on vient de me faire partir votre article. Merci d’avoir partagé mon mémoire. C’est assez troublant d’y repenser au vu du contexte actuel, cela donne une nouvelle perspective à mes questionnements.


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