Hello 🙂

Cette après-midi je souhaitais vous présenter l’atelier des Petits Pixels de Boris Letessier. Ce lieu est un atelier d’initiation à la retouche numérique et au photomontage pour des enfants de 6 à 12 ans. Lorsque j’ai appris par Boris l’idée de cet atelier, je me suis dit que j’allais vous en parler car je trouve ça passionnant. En effet, la retouche sur ordinateur pour les enfants est quelque chose qui est rarement expliqué, proposé et c’est un cadre idéal pour sensibiliser les enfants à la manipulation de l’image, qu’elle soit photographique, dessinée, etc.

Trève de mots, des images :

http://www.dailymotion.com/video/xic1ll_les-petits-pixels_creation

J’en ai également profité pour poser quelques question à Boris, notamment sur l’apprentissage des enfants, sur les outils utilisés pour leur faire découvrir l’image numérique, sur les « digital natives »… Ses réponses sont très lucides et éclairées :

1 – Bonjour Boris, tout d’abord, qui es-tu et en quelques mots comment en es-tu arrivé à animer (à créer?) l’atelier des petits Pixels ?

Je suis chargé des projets multimédia et de la communication de la MJC du Plateau à Saint-Brieuc. L’atelier des Petits Pixels a été proposé à un centre de loisirs avec l’idée de créer des ponts entre des objectifs propres à l’éducation à l’image : développer la créativité et le sens critique des enfants, et la création graphique contemporaine. Je souhaitais également investir les différents champs liés à l’image en partant de leurs créations : édition, web, vidéo, exposition, vernissage…

2 – Quel est ton but au travers de cet atelier, comment t’y prends-tu avec les enfants pour les initier à l’image, au graphisme, à la retouche sur ordinateur, etc. ?

On peut partir du principe que toutes les images qui sont soumises à notre regard aujourd’hui sont retouchées numériquement à divers degrés. Je pense qu’il faut aborder ce problème en éduquant le regard par la créativité et la pratique active de la retouche numérique, et non pas en proposant une loi absurde, comme cela a été fait, qui obligerait à apposer la mention «photos retouchée» sur les images concernées. Notre créneau est d’apprendre à fabriquer les images soi-même et ce dès le plus jeune âge. L’approche de cet atelier est assez libre, les enfants découvrent par eux-mêmes les possibilités des outils de retouche et des sites créatifs que je leur présente en début d’atelier. Ils utilisent par exemple le tampon duplicateur, se mettent des bouches à place des yeux (ou l’inverse) etc… Nous prenons le temps de regarder des images truquées ou retouchées. A l’inverse, je leur présente aussi des démarches artistiques où la retouche numérique n’entre pas du tout en compte, je pense notamment au travail de Denis Darzacq ou de Philippe Ramette, la plupart des gens pensent qu’il s’agit de photomontage alors que tout réside dans leurs techniques de prise de vue.

3 – Côté logistique, tu me disais utiliser PIXLR, pourquoi ce logiciel ? Quels logiciels utilises-tu également avec les enfants ? Travaillent-ils seuls ? En groupe ? Leur travail reste-t-il sur écran ou est-il sur papier ?

Pixlr n’est pas Photoshop mais il reste relativement complexe pour des enfants qui parfois ne savent pas manipuler une souris. Il y a donc un premier temps de présentation du logiciel, ils se tirent ensuite le portrait avec la webcam de mon ordinateur et les photos réalisées sont mises sur un serveur et constituent notre banque d’images à manipuler pour la séance. Les enfants travaillent seuls face à leurs ordinateurs mais restent attentifs à ce que les autres font (pour éventuellement se piquer des idées…), nous prenons le temps en fin de séance de rassembler les images créées afin de les commenter et de choisir celles que nous imprimerons. L’intérêt de Pixlr réside principalement dans le fait que c’est un outil gratuit, seule une bonne connexion suffit, nous ne rendons donc pas nos publics dépendants d’un logiciel propriétaire comme Photoshop, qui dans tous les cas n’est pas très adapté pour un usage amateur. Nous utilisons également des sites comme Flashfaces ou Odosketch, les outils créatifs proviennent parfois du secteur marchand comme dans le cas de Benettonplay qui offre des outils très bien pensés pour faire des flipbook notamment. Je privilégie toutes les formes de présentation de leur travail, ils repartent à la fin de l’atelier avec un agrandissement A3 de leur création du jour. On retrouve également leurs images sur le site et le Flickr de la MJC, enfin, nous avons édité des cartes postales et des affiches pour le vernissage de leur exposition. Le mode d’exposition choisi, 60 A3 cartonnés sur un mur de la MJC, permet aux enfants d’être dans un rapport direct et tactile avec l’exposition. Le vernissage permet de plus de coupler deux ateliers puisque la cuisine et le service sont assurés par les enfants de l’atelier des Petits Chefs (proposé par le centre de loisirs).


4 – Où déniches-tu tes idées à faire expérimenter aux enfants ?

Par un travail de veille et parfois sur des blogs comme celui-ci, je me sers des idées trouvées ici et là qui alimentent ma propre pratique. Je vois ensuite comment certaines démarches graphiques et artistiques peuvent être adaptées et déclinées avec ce public.

5 – Comment vois-tu l’avenir des petits Pixels ? Les enfants sont-ils selon toi, de plus en plus sensibles et à l’aise avec ces outils et ces notions ?

Ils sont effectivement très à l’aise mais il ne faut pas se leurrer, on a tendance à croire que les Digital Natives pourraient se passer d’apprentissage du fait de leur immersion dans le numérique mais les enfants sont de la même manière plongés dans l’écriture, ce qui ne rend pas moins nécessaire l’alphabétisation! Ce qui est remarquable chez ce public est qu’il ne présente pas de résistances (contrairement à un public adulte) face à un nouveau logiciel. L’approche reste cependant la même, il s’agit de repérer les outils qui nous intéressent : dans le cas des Petits Pixels, le tampon duplicateur, les pinceaux et crayons, les outils déformants et l’historique. Les Petits Pixels continueront l’année prochaine à manipuler des images à la MJC, mais surtout à donner des rendez-vous réguliers avec des vernissages qui seront aussi des rendez-vous de gourmets, car la question de la présentation publique de leur travail est aussi très importante. Nous réfléchissons aussi également à différents modes d’intervention dans l’espace public.

6 – Un petit mot pour la fin ?

Le but d’un tel atelier n’est pas de former de futurs graphistes, mais des amateurs éclairés et lucides sur l’image et son pouvoir. Les Petits Pixels transforment la réalité à des fins ludiques et créatives pour mieux comprendre comment les outils qu’ils utilisent servent habituellement des fins marchandes ou politiques.

Je sais que certain(e)s lecteurs / lectrices de Graphism.fr sont des enseignants ou des personnes qui travaillent au contact d’enfants, de jeunes, n’hésitez donc pas à partager votre vision sur le sujet et réagir au travail de l’atelier des Petits Pixels 🙂

en voir plus sur flickrle site de la MJC du Plateau | Merci Boris




7 commentaires

  1. Merci beaucoup pour cet excellent interview/reportage. Développer la créativité et le sens critique des enfants en leur permettant de faire de la création graphique dès leur âge « tendre » est une initiative qui vaut sont pesant d’or…

  2. Une interview très intéressante, qui rappelle utilement que l’education des digital natives devrait aussi passer par un apprentissage de la lecture visuelle.


Répondre à Geoffrey Dorne Annuler la réponse

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Ce site utilise Akismet pour réduire les indésirables. En savoir plus sur comment les données de vos commentaires sont utilisées.