L’affiche politique possède des traditions passionnantes, des codes graphiques qui ont sans cesse évolués et qui continuent d’évoluer mais aussi une histoire très liée à la culture, au pouvoir et à la société. Elle est souvent un certain reflet (déformé) de la société dans un pays à un moment donné. Ce qui est intéressant aussi dans l’affiche c’est l’évolution des techniques. De l’affiche peinte à la main, de la gravure, de l’arrivée de la photographie, des nouvelles techniques d’impression ou d’assemblage typographique, toutes ces techniques imposent aussi un style, une esthétique qui tente, autant que faire se peu, de traduire le propos de l’affiche. Ainsi, dans la sélection que vous allez voir ci-dessous, je vous invite à faire un plongeon sur un siècle d’affiches socialistes, de 1900 à 1981.

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Rassemblées sur ce site Internet, toutes ces affiches retracent l’histoire du socialisme en France. Les premières affiches viennent du Parti socialiste révolutionnaire (PSR en 1898) qui remplaçait alors le Comité révolutionnaire central (CRC). Le PSR était, à l’époque, le second parti socialiste de France derrière le Parti ouvrier français (marxiste). Vous vous rappellerez peut-être vos cours d’histoire avec les socialistes Édouard Vaillant, Jean Jaurès, Paul Brousse ou encore Jules Guesde, Paul Lafargue pour les marxistes. Puis, plus tard, en 1945, les affiches socialistes venaient alors soutenir les élections de l’Assemblée constituante ou encore vanter les mérites du socialisme avec la SFIO, la section française de l’Internationale ouvrière… qui deviendra en 1969 le désormais célèbre Parti socialiste, lors du congrès d’Issy-les-Moulineaux.

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Les valeurs sont là, vous apprécierez j’en suis sûr les couleurs, le rouge bien évidemment mais aussi le mariage des teintes qui semblent aujourd’hui quelque peu vintage. Personnellement, je suis en totale passion avec le travail typographique présent sur ces affiches, l’inclinaison, la taille, l’interlettrage, on sent que tout a été travaillé et très souvent par de talentueux graphistes (Paul Ordner, Paul Colin, Raymond Gid…). C’est alors une vingtaine d’années plus tard, en 1965 que la photographie fait son apparition sur les affiches socialistes avec par exemple l’affiche pour l’élection de François Mitterrand à la Présidence de la République puis pour d’autres types d’élections comme des élections municipales ou européennes (en 1979). Les affiches resteront alors des outils de lutte ou de manifestation contre le chômage, l’exclusion, la précarité mais aussi des affiches anti-capitalistes reprenant le thème de la nature, des femmes, de la jeunesse, de l’Europe…

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Aujourd’hui, à quoi ressemblent les affiches du Parti Socialiste ? À très peu de choses. Elles n’ont aucune identité réelle, elles se calquent la plupart du temps sur les codes esthétiques de la publicité (comme si l’humain était un produit), elles transportent très rarement une émotion et une idée. J’ai presque honte de terminer sur ces affiches, mais il faut pourtant garder les yeux ouverts sur ce sujet.

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Je me demande alors qui est à blâmer ? Est-ce qu’en fait, une affiche qui porte un sens, des valeurs, qui offre une qualité graphique est trop coûteuse à produire ? J’en doute. Est-ce qu’au final, noyées dans la masse, plus personne ne regarde ces affiches ? Est-ce tout simplement il n’y a plus de graphistes qui souhaitent s’engager dans la politique ? Est-ce qu’il y a l’effet « tout le monde est graphiste » qui est passé aussi par là ? Est-ce qu’il y a une diminution de la culture graphique, de la culture du message en général ? Chez les politiques en particulier ? Ou alors est-ce tout simplement que la construction politique étant ce qu’elle est aujourd’hui, ces affiches ne sont qu’un triste reflet autoritaire qu’on donne à voir aux citoyens ?




3 commentaires

  1. C’est intéressant d’observer certains points : la dégradation de la qualité de la publicité est générale depuis la fin du 20e siècle (un petit « c’était mieux avant » 🙂 ) et le nombre de publicités de qualité n’est pas proportionnelle à son volume. On peut parler de publicité justement et non plus de propagande, car une publicité c’est de la communication éphémère et on y met moins de budget.

    Je pense que le parti socialiste essaie aussi de se détacher de l’imagerie communiste qui a mauvaise réputation aujourd’hui. Faire évoluer une image ça demande du temps, de l’argent et surtout de la cohésion et c’est quelque chose que les partis ont perdu. Ce sont devenu des regroupements de professionnels de la politique sans but commun mais plutôt une recherche de profits personnels.

    Les causes fédératrices ont toujours été inspirantes et ont souvent amené l’émergence de courants artistiques propres.

  2. Il y a aussi l’uniformisation du visuel « politique » et cette volonté de présenter un candidat en particulier et non un programme.
    C’est hyper visible en période électorale et j’en avais fait une étude de cas sur la région Nord-Pas de Calais- Picardie.

    http://camillecoquet.com/etude-de-cas-campagne-regionales-2015-nord-pas-de-calais-picardie/

    La question à laquelle j’essaye de répondre c’est :
    Qu’est-ce qu’une affiche de propagande électorale du XXIe siècle ?

    Pour le moment je n’ai pas de réponse ^^


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