Hello 🙂

Je vous avais parlé du Festival de Chaumont, annulé par le jury pour manque de qualitéEt bien, il y a quelques jours, le jury a tout de même décidé de choisir des « gagnants », et voici le premier prix attribué à Geoffroy Pithon, étudiant à l’Ensad.

  • Juste pour rappel, la question du concours était : « Le graphisme, qu’est-ce que c’est ? »… voici donc la réponse élue la meilleure par le jury :


(les 2 autres vainqueurs)

J’ai eu quelques réactions à chaud sur twitter, à base de #laule #wtf #BIGLOL, je suis curieux de connaitre votre avis sur ce premier prix et notamment est-ce que ça vous a éclairé sur ce qu’est le graphisme  ?

> En attendant un embryon de réponse…




62 commentaires

  1. Une icone RSS, une vieille photo, du papier taché… ba ouais ça me fait penser à du graphisme forcément 😀

    Ce serait intéressant d’avoir un aperçu des autres propositions, parce que c’est peut-être la moins pourrie de toutes ^^

  2. Ouai.. hum alors comment faire une commentaire constructif… Peut etre que le graphisme en france c’est justement ca! plus c’est Wtf meilleur c’est !.

    En y repenssant il suffit de regarder certaines reflexion de l’ « élite intellectuelle francaise » sur l’art contemporain pour comprendre qu’il ne faut pas chercher a comprendre.

    Bon aprés la concretement dans l’affiche ia quoi… un flux rss en magenta ? les troix barre en cyan et les tache d’encre, toussa fait le lien entre l’imprimerie et le web. bon ca ok l’idée est cool mais la realisation un peu trop foutage de gueule.

    Quand a la photo … ben eu la je trouve pas…

    sinon ben #biglol #wtf 😉

  3. Pas grand chose à dire sur l’affiche, si ce n’est que les autres sélectionnées sont assez ‘laule’ aussi.
    Par contre, j’adore tes icones 😈 😳

  4. J’ai vu le RSS aussi.

    Le graphisme, j’ai du mal. pas avec le graphisme en lui-même, mais en ce qu’à chaque fois que je croise le travail d’un graphiste, je vois encore et toujours la même chose : un truc minimaliste, avec des flèches, des lignes droites en diagonale, des couleurs flashy à côté de formes géométriques uniquement en noir et blanc, ou vaguement filigranées.
    L’équivalent du monde de la mode, ses admirateurs, ses soirées, sa coke.
    L’affiche ne dénote pas, elle représente bien l’idée que je m’en fais. Minimaliste (comprenez : vide) et prétentieux.

  5. Euh… ROFL ça a déjà été pris ou pas ? :mrgreen:

    Plus sérieusement, était-ce bien nécessaire qu’un jury se réunisse et délibère pour ça ?

    Soit je n’ai pas bien saisi le dernier degré qui a motivé la décision du jury,
    soit je suis totalement largué par rapport aux tendances et courants actuels dans les écoles,
    soit l’étudiant en question a pris un génial contrepied par rapport à une production ultra-léchée en utilisant trois brosses et deux matières.

    Mais dans tous les cas ça ne m’inspire pas grand chose, que ce soit en affiche ou en timbre-poste…

    Seul regret : ça manque cruellement de Comic sans !

  6. question préalable: la photo en haut à gauche fait partie intégrante de l’affiche?
    si oui, ça veut dire quoi, tout ensemble, ou bien l’un par rapport à l’autre… enfin je sais pas…
    ah!! ça y est, ça vient, comme les autres…. loooool
    félicitations au gagnant mdr

    PS: ça fait penser à l’icone RSS mais aussi à un timbre oblitéré (pour la vieille école… mais si rappelez vous: le papier, la poste, les jours d’attente…)

  7. J’avoue que j’ai du mal à comprendre le choix du Jury, surtout dans un festival annulé et sur un thème vide (et je n’ai pas dit minimaliste).

    L’affiche ne m’inspire qu’une phrase (vous noterez mes références culturelles) tiré du film « Profs » :

    « Faire le con en espérant que celui qui regarde est intelligent, c’est bon quand on est célèbre… pour vous, c’est encore un peu tôt »

    Et quant aux graphistes en général, je ne plussoie pas les propos du monsieur au-dessus, dont le commentaire me semble plus prétentieux que le monde qu’il décrit… Pour moi la prétention actuelle réside plus dans les photographies que l’on croise au détour du net, où n’importe qui possédant un compte flickr et un numérique s’improvise « Photographe »… Mais c’est un autre débat…

  8. Je n’ai pas bien suivi le débat autour des concours lancés dans le cadre de festival, résultats annulés, puis remis… Bref ça l’air assez compliqué !

    Je n’aurai que deux interrogations face à cette affiche, le graphisme peut-il et doit-il survivre sans la typographie ?

    @Selenite :: venant d’un graphiste, je ne comprends pas ton commentaire.

  9. J’y voie un mélange de techniques (photo peinture impression) ce qui est une idée intéressante je trouve.

    La photo montre un mec en train de creuser un sillon, son sillon ?
    (graphisme = dur labeur)
    sillon repris de + en + stylisé en photo, puis magenta et cyan

    etc.

    je pense qu’on peut encore se b* la nouille pour essayer de trouver plus d’interprétations, cette image ne se « livre » pas immédiatement.

  10. Je pense que cette affiche aurait été meilleure si l’on avait supprimé le picto de flux RSS, la photon et le logo Adidas. Les taches, façon macule de protection qui a précédemment servie à faire du graphisme, en disent déjà assez (je ne suis qu’à moitié ironique).

    Plus sérieusement, pour ceux qui y étaient, savez-vous si ce choix est représentatif du regard d’un étudiant sur le graphisme… ou du regard d’un jury sur le graphisme à l’école ?

  11. Alors je repose quand meme pour parler des 2 autre vainqueurs. j’ai pleuré. non pas de tristesse mais de rire.
    mais alors j’ai rit :’D

    pour etre constructif ca manque cruellement de… personalité oui et je suis completment dacord avec Selenite.
    C’est pretentieux, insipide et vide. Si le graphisme va vers ca je prefere encore etre « Retro » et continuer a essayer de trouver des compo interessante, faire des Zolis montages typographique et des zolis illustrations …

  12. Sans avoir pu lire les commentaires précédents parce que le thème mobile du blog ne me les affiche pas, si je devais répondre à là question de ce qu’est le graphisme à là vue de cette affiche, je l’interpréterais comme suit feu je n’étais pas graphiste) :

    « Le graphisme, c’est un milieu où les œuvres merdiques sont reines, et nous, les gens normaux, on a beau ne pas avoir de prétendue sensibilité artistique, on a au moins bon goût. » *Sifflote*

    J’ai du mal à croire que ça ne soit pas une blague…

    (Argh, ajouter un commentaire avec ce thème est une horreur sur Android, on ne peut pas utiliser son portable en portrait si le commentaire fait plus de 5 lignes sur l’écran.)

  13. Je vois… je vois… Euh.. des sillons! Charrue, sillons… c’est l’agriculture! L’agriculture comme métaphore du graphisme qui plante la graine de l’idée pour faire germer la prise de conscience sociale du lecteur. :S

    Je trouve incroyable qu’un projet aussi pauvre soit un premier prix. Pourtant il suffit de faire un peu de veille sur twitter pour constater que le graphisme se porte plutôt bien et que les graphistes français print comme web ont non seulement un bon niveau mais une vraie reconnaissance internationale. Le problème se situe sans doute au niveau du jury, non ?

  14. Bonjour à tous, peut-être que l’explication de l’auteur pourra vous éclairer :

     » L’idée de départ c’était d’emmener le graphisme loin des chemins battus.
    Quand j’ai vu cette image de Depardon elle correspondait parfaitement.
    L’homme trace, outils en main, luttant contre quelque chose, accompagné vers l’horizon, vaste paysage désertique où il y a des choses à faire.
    (Il y avait peut-être aussi ce truc plus naïf du genre, tracer des formes et cultiver pour nourrir l’esprit… planplan.)
    Je trouvais l’image forte pour la comparer au travail graphique.
    Et puis j’ai placé la photo en haut à gauche comme référence sur un plan de travail. Grosse trace et formes vectorisées pour bien dire qu’on parle de formes.  » — Geoffroy Pithon

    source : http://www.formes-vives.org/blog/index.php?2010/06/01/389-affiches-de-delphine-sigonney-et-geoffroy-pithon

  15. Triste, c’est seul truc qui me vient à l’esprit en voyant ça et les 2 autres aussi d’ailleurs.
    Triste de me dire qu’il y a des gens qui font des études pour pondre ça et en être fier.
    De ce que je viens de lire, c’est pas l’explication de l’auteur qui va me faire changer d’idée.

  16. Bonjour, eh bien cette affiche je la trouve très chic. Et elle dit beaucoup de choses, elle parle de l’utilisation de la photo et du collage dans le graphisme, de dessin (tracé) (ou typo) handmade versus vectoriel, elle parle aussi du labeur, en faisant un parallèle avec le travail de labour du paysan que la photo met en scène, elle est belle et intéressante plastiquement. Ce n’est pas n’importe quoi du tout selon moi voilou… et la forme de l’arc en ciel suggère une bienveillance, la question du concours cette année est un peu trop nombriliste de toute façon. (j’écris ce commentaire sans rien lire des précédents commentaires je précise)
    tchüss!

  17. Et si l’auteur de ce blog nous donnait son avis ?
    D’autant plus qu’il connait certainement le lauréat pour avoir fréquenté les même bancs que lui. 😉

  18. @Green Fish Lab: Pierre, c’est par ce que je suis assez perplexe que j’ai demandé votre avis 🙂 Ensuite, j’ai vu de très nombreux 1ers prix du festival de Chaumont, et je n’ai été touché que par un ou deux, ce qui ne signifie pas que les autres sont mauvais, juste qu’ils ne m’ont pas touché.

  19. L’A(i)grie-Culture je dirais 😳
    Ce choix ne m’étonne pas connaissant l’esthétisme d’un des membre du jury (que je ne remet bien évidement pas en question).
    On pourrait citer le statut d’hier d’un des pontes du Festival qui, sur sa page FB, écrivait qu’il « ne s’en remettra pas » (de la grippe bien sûr 😉 )… Je lui souhaite d’ailleurs un prompt rétablissement (ainsi qu’au prochain concours)…
    Ce qui est le plus affligeant c’est qu’une poignées de « cadors » se soient appropriés le « graphisme de papa » basé, même légitimement, sur une conception post école polonaise (voir même post constructiviste) pour ne s’en gargariser qu’entre eux (pour rester polis) au mépris des réalités du Graphisme, ou plutôt du Design graphique, actuel, tout autre…
    Il est d’ailleurs marrant sur le site aux post-it jaunes d’y lire : « graphic design qu’est-ce que c’est ? » …
    Alors Graphic Design ou Graphisme ? Art appliqué ou Art plastique ?

    En tout cas, en plus du retour aux vraies valeurs (en odorama?), le lauréat n’a pas oublié de mettre (inconsciemment?) un symbole rappelant vaguement un équipementier sportif, en bas de son affiche.
    Cela doit être ça le graphisme faut croire…
    😈

  20. @Geoffrey Dorne : En fait ça fonctionne bien en wifi, je viens d’essayer. Mais tout-à-l’heure dans le bus, j’étais en EDGE, et apparemment ça fonctionne pas du tout, je crois que c’est parce que le navigateur natif du système n’aime pas l’AJAX du système de commentaires.

    Et y’a pas encore Opera (non beta) ou Fennec dessus, donc je peux pas éviter le problème. ^^

  21. @Nico: Autant pour moi si je donne l’impression de mettre TOUS les graphistes dans le même panier. Je dénonçais plutôt la « hype » dont on nous abreuve, que ce soit sur le net ou sur les pochettes de disque.
    Et je suis d’accord, c’est la même partout, que ce soit photographie, mode, design, il y a ce qui est massivement accepté, et il y a le reste. Mais là on s’éloigne du débat ^^

    …et l’explication de l’auteur me mine encore plus :/ On dit que la définition de l’art moderne, c’est tout ce qui nécessite une explication pour être compris.
    Mais je ne défendrai jamais l’idée VS la réalisation.

  22. Je suis plutôt content que cette affiche soit sélectionnée, il faut arrêter le pragmatisme souverain, bien évidement cette affiche n’a aucune viabilité dans le contexte actuel français du design graphique (dommage?). Ce n’est pas un problème puisqu’elle n’est pas faite pour ça.

    L’affiche est une réponse par la question, (comme l’attendais le jury : cf interview Etienne Hervy sur le blog d’étapes:), et ça marche puisque dans tous les commentaires que j’ai lu au dessus j’ai pu voir plusieurs tentatives d’interprétations, et puis même des petits bouts de débats s’immiscer (si si.).

    Cette affiche n’est donc en effet pas une affiche que l’on comprend au premier coup d’oeil, on s’est détaché des contraintes marketing pour aboutir à un visuel de graphistes qui parlent à des graphistes, témoin de ce qui se fait dans les écoles d’arts supérieures (essayer donc de rendre vendable un projet de diplôme de DNSEP, bonne chance, ça ne change rien à sa valeur conceptuelle et de recherche.). On va me dire HALTE LA PETIT, c’est plus du design ça. Ben si, n’est ce pas le contexte même de Chaumont que de parler aux graphistes ?

    Tout ça pour dire que le plus effrayant dans cette histoire est peut être d’avoir un graphisme Français qui à peur des images qui ne sont pas d’une lecture évidente (ou qu’on ne voit pas sur des T-shirt sixpack). Ya du boulot.

    A +

    David.

  23. @David V.:
    C’est bien ce que je posais comme question 🙂
    Le graphisme est donc pour certain vécu comme Art plastique, pour d’autres comme art appliqué. Vieux débat pourtant réglé académiquement.

    Quant à affirmer que ce genre d’affiche parle des/aux Gaphistes », il ne parle pas, ou moins, aux graphic Designers….
    Parce que c’est bien de Design graphique dont il s’agit aujourd’hui !
    Il faudrait donc repositionner le débat, et que Chaumont réglemente son concours que pour les écoles d’Art ? (Chose plus ou moins sous-entendue sur le « reflet » de l’enseignement en France dans le mail de « non selection » d’Etienne d’ailleurs)…

    Perso j’ai passé un DNSEP « communication » en 1987, la chose « vendable » dans ce diplôme a toujours été soi-même…
    Et quand je vois qu’aujourd’hui « on » veut fermer les départements « Design » de certaines écoles d’Art, je reste dubitatif…

    L’affiche est un (pour ne pas dire le) medium de base du design de message…
    Celle(s)-ci n’en dégage aucun, ou alors peut-être un trop subliminal pour moi, navré.
    Et si pragmatisme souverain il y a eu, c’est bien, toujours pour moi, de la part du jury.
    Tout ceci est en fait très classique ! Trop peut-être…
    😈

  24. @Bediez:

    Non non tu as mal compris mon propos, d’une je ne fais pas de distinction entre graphisme et design graphique, pour moi les deux sont du design et la forme suit la fonction (je ne vois pas ce que l’art plastique vient faire ici). En l’occurrence ici la fonction est d’ouvrir un débat (relisons le brief puisqu’on parle de design : « Chaumont se place dans la perspective de la création d’un lieu permanent qui, enfin, va permettre
    de questionner le graphisme plus en profondeur. »)

    La demande était donc de servir cette idée d’approfondissement d’un discipline complexe et en perpétuel mouvement. Qui ne pouvait donc se résumer que par une affiche ouverte.

    « Perso j’ai passé un DNSEP « communication » en 1987, la chose « vendable » dans ce diplôme a toujours été soi-même… »

    Je n’ai pas compris cette phrase, reste que je suis d’accord avec toi sur la nécessité d’avoir des sections design dans les écoles d’art.

  25. @David V.:
    J’ai très bien compris 😉 et je ne dis pas que tu en fait, je dis que certain en font une… Nuance 🙂
    Il ne devrait d’ailleurs pas avoir de « les deux »… ou alors dans un autre contexte que celui dont Chaumont se prévaut…

    La phrase que tu ne comprend pas est une réponse pourtant claire, me semblait-il, à : « essayer donc de rendre vendable un projet de diplôme de DNSEP, bonne chance »

    Pour le lieu permanent d’échanges et de débats (pourtant promis et qui n’ont pas eu lieu d’ailleurs en ce qui concerne le fameux affichage (ou plutôt tapissage paraît-il), il faudrait d’abord que Chaumont s’offre les infra-structures, entre autres, de logements et de transports avant je penses non?…
    Chaque choses en son temps.
    Cette affiche signifie peut-être, que le graphisme c’est mettre la charrue derrière les boeufs ?
    :mrgreen:

  26. Déçu…

    Oui je suis déçu…
    Je ne suis pas uniquement déçu par le résultat, mais surtout par le jury !
    Je suis déçu par ce jury qui n’a pas su garder ses convictions.

    Soit ils étaient sûr d’eux et à ce moment là ils auraient du se battre envers et contre tous pour imposer ce choix de ne pas décider des affiches lauréates, soit ils maintenaient depuis le début un suspense n’annonçant qu’au dernier moment leurs choix d’affiches retenues…

    Alors je suis déçu parce que je pense que le graphisme (et encore plus dans le monde actuel) est une affaire de conviction. Le graphisme doit exprimer des idées avec force et passion, il est parfois militant parfois poétique mais toujours assumé ! Car on s’aperçoit que le graphisme, si il est assumé, fonctionne et est intéressant…

    Donc voilà, sinon concernant ces affiches je les trouve étrangement très « grapusienne »…

    A bon entendeur, salut !

  27. @Jérémy Vey:
    Clap clap clap… Très sincèrement.
    (il n’y a pas d’émoticons adéquat …
    ou alors 💡 ❓ ❗ ❗ ❗ 😳 😆 :mrgreen: 😎
    Sauf pour « à bon entendeur parce que bon là … 😉

    )

  28. C’est une belle affiche
    Et je suis d’accord que le graphisme c’est beaucoup trop de commentaires, retournez bosser lol !
    vive ECV

  29. commentaire numéro 45:

    En 1998, un jeune graphiste allemand posa une série de questions à des créateurs de formes graphiques dont les Graphistes Associés. Voici une réponse proposé, extraite de l’interview:

    Qu’est ce qu’un graphiste ?

    Quelqu’un qui lit, écrit et, s’il le peut, invente des formes graphiques, des signes et combinaisons de signes.

    _________________________________________

    Si le festival Tous à Chaumont! pose la question du graphisme 20 ans après ses débuts. Ne serait-il pas juste de commencer par se poser une série de question personnelles sur sa propre pratique. Qui dit questions implique le doute.
    Il me semble que le doute et le renouvellement des formes dans le langage fondent ce que l’activité artistique du graphisme tente de poursuivre.

    L’image que Geoffroy Pithon a créé ne flatte pas le regard. Elle n’est pas belle dans les codes les plus populaires du graphisme d’aujourd’hui.
    Cependant elle offre l’essentiel de ce qu’à voulu partager le jury du festival en nous posant cette question: Savons nous réellement ce qu’est le graphisme?

    Il ne s’agit donc pas de vouloir une bonne fois pour toute définir les contours du graphisme, mais d’en rompre avec cette fichue manie de courir après les règles et les définitions. En cela, l’affiche gagnante réagit bien mieux à cette question que la majeure partie des candidats.

    Que ceux qui prétendent « savoir » là où il s’agit de douter trouvent leur place chez les exécutants… Nous pouvons être heureux de remarquer que le festival du graphisme se porte bien, car il se pose des questions.

    Enfin un peu de fond, à l’ère du smiley…

  30. @boris:
    Qu’est ce qu’un graphiste n’était pas le sujet il me semble… 😯
    Quant à vouloir relancer un vieux débat (méprisant), aujourd’hui démago, sur l »exécutant », c’est en pleine contradiction avec ce que tu écrit sachant que la personne qui a fait ce visuel l’a également « exécuté » chose qui ne se faisait pas, ou plutôt ne pouvait se faire aussi facilement, il y a encore très peu de temps… 😈
    Et c’est souvent ceux qui doutent qui se cachent derrière un soi disant savoir… Chose tout à fait naturelle au demeurant.
    Cette affiche n’est en rien « hors codes » et c’est bien ça le problème justement dans ce cas… 😳

  31. Autre chose, j’aimerais bien savoir si Raymond Depardon à donné son accord pour qu’une de ses photos soit ainsi utilisée et reproduite ?
    (idem pour Ralph Gibson en détail pour le 2eme prix)

  32. Ah ! Un membre du jury qui prend la parole, enfin !

    Un jury est toujours contestable puisqu’il est là pour juger, sélectionner, primer, et donc pour faire 1197 malheureux et seulement 3 heureux, ce qui donne un sentiment d’injustice, comme en donne souvent la justice au moment du verdict.
    Un jury de concours d’affiche est toujours dans la subjectivité puisque ce qu’il a à juger ne relève pas des sciences exactes mais d’un domaine où l’art, l’intelligence et un usage très personnel des techniques sont étroitement mêlés. De plus, ce jury n’est souvent constitué que de graphistes alors qu’on pourrait imaginer qu’y participent aussi des commanditaires (industriels, institutionnels, culturels…), ceux par exemple dont des initiatives ont été primées les années précédentes. Mais en France, très peu d’institutionnels et d’industriels font directement appel à des studios de création graphique. Ils passent par les agences de com’, et ce passage produit sur la création graphique et sur l’innovation conceptuelle à peu près le même effet qu’un tank dans le champs du laboureur de Depardon-Pithon. Il serait intéressant de réfléchir à ce problème ; y aurait-il moyen de réconcilier commanditaires et graphistes ? À quoi tient ce mésamour, qui pourtant n’a pas toujours été ? Et est-il réciproque ?
    À un moment ou à un autre, les banques, les compagnies pétrolières, les grandes surfaces, les vendeurs de téléphonie, de parfums ou de chaussures de sport, se dotent d’un logotype créé par un graphiste. Mais la nécessité de se distinguer s’arrête souvent là. Ensuite, rien ne ressemble davantage aux supports de communication d’une banque que ceux d’une autre banque, d’une compagnie d’assurance, d’une municipalité ou d’un groupe pharmaceutique. Cette uniformisation va si loin qu’elle contamine probablement les graphistes eux-mêmes. Ils s’auto-censurent, ils n’osent même plus imaginer qu’ils pourraient proposer autre chose à leurs clients. Ils n’essaient plus, ils n’y pensent plus, ou quand ils y pensent encore, c’est la crainte de perdre un marché (en bousculant les habitudes) qui les ramène dans le rang.
    Quand Bediez dit « L’affiche est […] le medium de base du design de message… Celle(s)-ci n’en dégage aucun, ou alors peut-être un trop subliminal pour moi », j’ai l’impression qu’il n’admet comme messages que ceux qui sont immédiats, indiscutables, donc ceux qui ne posent aucune question. Messages éblouissants (et aveuglants), criants (et assourdissants), comme le sont généralement ceux de la publicité. Ceux-là, ont pourraient les primer, tous, d’un bloc ! Premier et unique prix : « Consomme et rendors-toi ! ». Doit-on encore attendre et encourager cela à Chaumont ? N’y en a-t-il pas déjà suffisamment partout ?
    Et puis, qu’est-ce qu’un message ? (Sortez une feuille blanche ! 😉 Une affirmation ? Une démonstration ? Une confirmation de ce que l’on sait déjà ? Pourquoi ne pourrait-il pas s’agir d’une surprise, un pointillé, une tache de Rorschach, une caisse (« le mouton que tu veux est dedans ! »), un reflet, un mystère, une question… ?
    Le tank arrivera toujours bien assez tôt dans la vie des futurs graphistes, et si on n’a pas envie qu’ils s’enfuient ou s’inclinent immédiatement, mieux vaut les encourager à s’aventurer, à tracer leurs propres chemins buissonniers, à prendre des forces, à se forger des outils, se chercher des alliés…

    Manifestement, la plupart d’entre vous n’êtes pas allés à Chaumont cette année. Concernant l’exposition des affiches du concours étudiant, on peut en effet parler de tapissage (puisque 1200 affiches 60 x 80, ça fait vraiment beaucoup de surface !), mais d’un tapissage organisé qui, je crois, a convaincu un grand nombre de spectateurs du bien-fondé de notre décision. En dehors de cette expo, il y a bien d’autres choses à voir, intéressantes, belles, nouvelles… Chaumont, c’est le lieu pour voir ce qu’on voit trop rarement ailleurs : des conceptions et des réalisations inattendues, surprenantes, intelligentes et à forte valeur artistique. Chaque fois que je reviens de Chaumont, j’ai la tête pleine de nouvelles envies, et un regain de courage pour résister aux tanks. Il faudrait y emmener nos clients, les initier, leur offrir les catalogues ; les aider à nous rendre meilleurs. Si au lieu de cela on reste entre nous à se mesurer et à s’étriper comme des coqs, c’est dommage.
    AG

  33. Bonjour Anne.

    Pour moi, un jury n’est pas contestable, il est souverain.
    En revanche il se doit d’être tout aussi clair qu’impartial dans ces décisions, et là excusez moi, mais entre le cafouillage d’une non sélection finalement sélectionnée/primée, mais pas publiée, et des arguments assez contradictoires, voir erronés, sur certaines réalités de nos pratiques professionnelles quotidiennes, ne font rien pour dissiper le déjà très épais rideau de fumée (noire, blanche, ou à colorer selon l’humeur) qui entoure entre autre ce concours…

    Contradictoires, comme le fait que pour avoir peur de perdre un marché, faut-il d’abord l’avoir gagné, ou de parier sur d’improbables, voir néfastes, amours commanditaires-annonceurs / graphistes, connaissant les effets destructeurs de la passion amoureuse en général (dixit les Rita Mitsouko 🙂 ).
    Erronés, car en France, ou en tout cas en Province comme vous dites à la Capitale 🙂 depuis quelques années déjà, de nombreux studio de création graphique comme le nôtre, travaillent (en plein air 🙂 ) pour, et surtout avec, des entreprises privées..
    En revanche on peut constater parallèlement un appauvrissement flagrant de « l’imagerie culturelle et institutionnelle », au profit d’une communication graphique privée bien plus dynamique et expérimentale.
    A croire que ces privés (d’)aujourd’hui nous laissent beaucoup plus de libertés que ce vous ne le pensez.

    Uniformisation, auto-censure, contamination, tank, combat … Que de termes belliqueux contre la publicité, ou plutôt la réclame si j’ai bien compris ?
    N’est-ce pas pourtant elles qui nourrissent et portent le graphisme depuis fort longtemps, et encore aujourd’hui ?

    Le reste de vos propos, dignes de ceux sur le bonheur d’Alain, me laisse tout aussi songeur que la charrue et ses boeufs à l’heure des nanotechnologies…
    Mais je comprend maintenant il est vrai un peu mieux ces choix visuels…
    Merci.

    Ceci dit, vos impressions sur ma vision des affiches lauréates sont inexactes.
    Bien au contraire, pour moi, et fort heureusement beaucoup d’autres, un visuel se doit d’interroger, ou pas.
    Mais l’hégémonie subjective d’une certaine forme de graphisme ne doit pas non plus être l’unique façon de questionner, ou de répondre…

    Enfin, désolé d’avoir effectivement du éviter l’énorme crise de foie visuelle que vous nous offriez par cette décision, mais je ne penses pas que le gavage soit la meilleure des solutions pour élever des Oies…
    Bien que cela aurait put également faire une belle affiche :mrgreen:

    Je dirais pour conclure que vôtre choix n’est je trouve peut-être pas celui de réponses à la question : « Le Graphisme qu’est-ce que c’est ? », mais plutôt à : « Le Graphisme c’est qui? »..

    Confraternellement
    Eric BEDIEZ
    Graphiste Bio™

    PS/ j’attendais également au moins un petit mot sur l’utilisation de photos à priori sans l’accord de leurs auteurs dans 2 de ces affiches , mais ceci à l’air d’être tellement anecdotique que, contrairement au tank, cela me fait peur………

  34. Bediez,
    Moi aussi, je travaille pour le privé ; mais pas vraiment dans la publicité, c’est vrai. Je n’ai rien contre le privé, ni même contre la publicité, mais dès qu’une entreprise prend un peu d’envergure, elle confie sa « communication » à des grosses agences qui, en matière de création graphique, font rarement dans la dentelle. Cela dit, c’est également vrai pour l’institutionnel : ces agences draguent aussi les ministères, les municipalités, les associations caritatives, les partis politiques… Et le système des appels d’offre lancés à tous bouts de champ pour 3 balles de budget n’arrange rien à l’affaire. L’appauvrissement de l’imagerie dont vous parlez tient beaucoup à cela, je crois.
    Concernant le rideau de fumée autour du concours, je ne suis pas au courant. Mais la communication, c’est vrai, a été assez malheureuse – ce qui est un comble dans ce milieu de communicants, mais passons ! Le tout a été aggravé par la façon dont certains se sont emparés de cette affaire, le Snap CGT par exemple. Toutes les informations reçues de part et d’autre ont fini par faire une grosse bouillie indistincte dans les esprits. À Chaumont, j’ai remarqué que plus personne ne savait vraiment qui avait dit quoi. C’est un peu le problème quand on se met en colère, la vue et le discernement se brouillent, et tout ce qui peut confirmer ou alimenter notre opinion est bon à prendre ; tant pis pour la réalité des faits.
    Enfin, à propos des photos et des droits, j’avoue que nous n’avons pas réfléchi à cette question en primant les affiches. Avec ce thème de concours, il y a eu beaucoup de réponses citant des marques, des passages de livres, des affiches d’autres graphistes… Tant qu’on est étudiant, on se soucie peu de ces questions de droit puisque l’image sort rarement des murs de l’école ; puisqu’on ne travaille pas en vraie grandeur, on fait feu de tout bois sans crainte de se brûler les doigts. J’espère que les photographes ou ayants droit seront tolérants à l’égard des étudiants et du festival.
    AG

    P.-S. Malgré l’ironie que je devine dans votre référence à Alain, je prends la chose pour un compliment. Merci.

  35. Mais à quoi bon continuer ce concours étudiant au juste ? À la rigueur, vous pourriez demander aux étudiants de travailler sur une thématique imposée, avec la seule possible récompense d’être exposés, dans le cadre d’une sélection sans numérus closus (entre 0 et n affiches exposées à chaque festival, selon la qualité estimée du cru annuel) mais à quoi bon s’entêter à choisir absolument 60 affiches et un heureux élu pour lui décerner la médaille en chocolat d’un jury aux choix de toute façon subjectifs et discutables ? S’il n’y a que 15 affiches qui semblent pertinentes au jury, exposez seulement celles-ci, sans choisir de lauréat, et basta ! D’ailleurs, à mon époque, je n’avais trouvé la volonté de ne participer qu’une seule fois à cette loterie en 5 ans d’études (thème : l’amour fou… au moins, c’était amusant).

    Même chose pour le concours des pros, d’ailleurs.
    En fait, je n’ai jamais vraiment compris ce côté compète au festival de Chaumont si ce n’est pour attirer les médias spécialisés vers la bande de copains qui se relaient à tour de rôle depuis des années entre membres du jury, sélectionnés et lauréats — et qui, en plus d’être très bons, ont surtout la chance d’entretenir savamment un réseau d’amis commanditaires qui leur permettent d’imprimer leurs affiches en sérigraphie sur papier bouffant pour la promotion de pièces de théâtre subventionnées (oui, je grossis le trait ; et oui, je suis jaloux ;-). Les autres, menacés de tonte en public pour avoir collaboré avec l’ennemi de la com’ en ces temps de guerre, étant tous justes bons pour venir à Chaumont pour faire tourner les restos à Kebab locaux et applaudir à la remise des prix. Si le festival de l’affiche était vraiment le festival de toutes les affiches, il y aurait sans doute d’avantage matière à débat entre les divers secteurs de la profession. Imaginez un peu des gens de Publicis invités à exposer et à débattre sur le métier aux côtés d’un simili Grappus ! Il me semble que cela contribuerait d’avantage à créer ponts entre « graphisme d’auteur » et « graphisme de com ».

  36. @ Anne
    Vous pouvez prendre effectivement l’allusion à Alain pour un compliment car c’était le cas.. 💡 🙂

    En ce qui concerne « certains se sont emparés de cette affaire », c’est bien pour cela que l’AFD a bien pris le temps de la reflexion, et les avis des principaux intéressés (dont vous d’ailleurs je crois 🙂 ) avant de faire un billet sur son site internet…

    Pour les droits, je ne suis pas tout à fait d’accord, car je penses que c’est justement « à la base » que l’on doit aborder et sensibiliser à ce genres de choses…
    Il est, je trouve, dommage qu’un jury, pourtant professionnel, ne se soit pas poser la question avant selection et attribution de prix… Sachant en plus que ces affiches seraient potentiellement éditées…
    Ni voyez là aucune kabbale, juste une réalité dont personne n’a l’air de se soucier outre mesure.. Et ceci me navre 😥 .

    @ Christophe D.
    Remarques « de terrain » très pertinentes, et je suis plutôt d’accord avec toi..

  37. À Christophe
    Bon, il faut que je précise que si j’étais, cette année, membre du jury, je ne fais ni n’ai jamais fait partie de l’organisation du festival. Mais ce débat est intéressant, et même si vous n’êtes ni le premier ni le dernier à faire ce genre de réserves, vous devriez peut-être prendre un peu de temps pour transmettre vos remarques et poser vos questions aux principaux intéressés (sur le site du festival par exemple). Etienne Hervy vient de prendre ses fonctions, il aura peut-être une toute autre approche que ces prédécesseurs. C’est le moment de faire des suggestions (et pas seulement de grogner ;-).
    Mais si le débat est intéressant, il n’en est pas moins difficile de lui trouver une issue. En général, dans les grandes messes culturelles, ce sont les artistes underground qui se plaignent de ne pas être présents ou représentés. Là, c’est drôle, c’est le contraire. Faut-il vraiment se plaindre qu’il y ait (enfin) un lieu pour l’affiche d’auteur ? Quand je dis « d’auteur », j’entends qu’il n’y a pas eu, entre lui et le commanditaire toute la ribambelle de rédacteurs, D.A senior, D.A junior, stagiaires, commerciaux, sondeurs, consultants, fabricants… qui dictent les règles du « bon » goût et de l’efficacité au graphiste qui exécutera le projet.
    Si Chaumont semble laisser un peu de côté les « petits » graphistes, je trouve que ces expositions sont quand même stimulantes pour eux. Elles rendent un peu jaloux mais nous tirent vers le haut plutôt que vers le bas. Et puis, des grandes messes de la publicité, il y en a ailleurs, me semble-t-il.
    À Bediez
    N’étant pas organisateur du concours d’affiche, je ne sais pas si la question des droits de citation ou d’auteur est prise en considération dans le règlement. Je sais que les questions de droits ont été l’objet de vives controverses les années précédentes puisque certains (Snap toujours) réclamaient le versement des droits pour les parutions dans les catalogues ou autres matériels vendus. Parlez-en avec Etienne, la question vaut d’être posée, ne serait-ce que par précaution, puisqu’un de ces jours, un photographe risque de réclamer son dû.
    AG

  38. @ Anne.
    Juste pour info.
    La réponse de François Caspar sur le FaceBook de l’AFD.

    « OUI.
    Le collage, le photomontage constitue une œuvre dérivée des œuvres originelles.
    Le graphiste doit respecter les droits des auteurs premiers et par conséquent ne reproduire leurs œuvres qu’avec leur autorisation, sous peine d’une action en contrefaçon. Le graphiste prend des risques s’il diffuse, notamment sur internet ou dans un magazine, ses photomontages.
    Il est de la responsabilité des écoles d’en informer les étudiants. »

    Donc au organisateurs et au jury professionnel qui plus est il me semble, mais bon…
    B#.

  39. Anne, nous sommes d’accord : les agences de communication n’ont pas besoin de Chaumont pour se faire de l’argent et le monde de Chaumont n’a pas besoin de la com’ pour se faire mousser. Je pensais à profiter du festival pour créer des ponts (rapprochements & confrontations) entre les deux parties dans l’intérêt des étudiants qui, pour 90 % d’entre eux, travailleront pour ces agences de communication (mais chut, il ne faut pas leur dire !). Ces mêmes étudiants qui, pour la plupart, ne reviendront plus à Chaumont une fois passés chez ceux qu’on leur a si souvent présentés comme des ennemis. Sentiment de malaise sans doute. Impression de ne plus retrouver leurs réalités professionnelles, voire de ne même plus se sentir concernés, je ne sais pas, en fait.

    Peut-être faudrait-il catégoriser la sélection professionnelle en deux parties : les affiches conçues pour institutions et produits culturels ; et les affiches conçues pour entreprises et produits commerciaux (sans pour autant sélectionner la première bouse venue — pardonnez-moi l’expression — ou d’imposer au jury un nombre égal d’exposés des deux côtés). Cette dernière catégorie étant infiniment plus complexe à gérer en terme de création puisqu’il s’agit souvent de faire avec une batterie de décideurs de tous poils, chargés de mesurer le retour sur investissement de la campagne de communication et d’assurer la cohérence entre les valeurs d’une marque et la manière de communiquer. Pardon pour ces gros mots mais dans ce contexte bien connu de beaucoup d’entre nous, le graphiste n’est alors qu’un auteur subordonné qui doit faire de son mieux pour défendre ses idéaux (je ne parle même pas des questions de process, de brief, de la hiérarchie que vous avez précédemment décrite, ou encore des délais et autres aspects financiers concernant la fabrication). Pour avoir travaillé pour le culturel et pour le commercial, je peux assurer que c’est un travail autrement plus compliqué, en termes « artistiques », que d’avoir à faire une affiche pour une troupe de théâtre ou pour une cause humanitaire. Peut-être qu’une telle démarche, « une main tendue » vers le monde de la com’ allais-je écrire, réconcilierait avec Chaumont un grand nombre de professionnels passés de l’autre côté. Peut-être aussi que les étudiants pourraient observer des contraintes qu’ils auront d’avantage le loisir de rencontrer durant leur carrière future. Peut-être enfin que cela sensibiliserait d’avantage les agences de communication au graphisme en valorisant le fait qu’il est possible de faire une publicité de haute qualité graphique pour vendre une marque automobile ou une boisson (Savignac, si tu nous lis…).

    Des pèlerinages à Chaumont, j’en ai fait cinq jusqu’à 2000 (j’avais même fait un stage aux Silos) et je regrette aujourd’hui de ne plus avoir envie de m’y déplacer, malgré tout le bien que vous en dites et que je ressentais également à l’époque, avec beaucoup de grands souvenirs. Et malgré un immense respect pour le travail des graphistes qui y sont exposés ainsi que pour ceux qui ont su relancer le festival lorsqu’il était en danger.
    Oui, je sais, vous ne faites pas partie de l’organisation mais mon message est aussi une manière (possible) d’expliquer pourquoi une scission continue de se créer entre membres d’une même famille professionnelle. Ce billet et les commentaires qui s’en sont suivi en sont d’ailleurs très représentatifs.

  40. Christophe,
    À Chaumont cette année, il n’y a pas tout à fait que du graphisme à visée culturelle. J’ai en tête des affiches de Stefan Sagmeister pour Levi’s, une affiche primée des Graphiquants pour Métrobus, et un système d’identité visuelle, d’Alexis Rom Estudio, pour un coiffeur… C’est peu mais cela signifie qu’il y a de la place, à Chaumont, pour autre chose que des affiches de théâtre ou de musée ; à condition, toutefois, qu’il y ait une certaine forme de beauté dûe à l’inventivité et à l’intelligence.
    Or, pour les raisons dites plus haut, c’est assez rare dans la publicité commerciale puisqu’une des règles implicites de la publicité, c’est la récupération de ce qui existe déjà comme valeur sûre. Il faut que le consommateur « se » reconnaisse, donc connaisse déjà les signes qui lui sont donnés. On ne peut pas prendre le risque de le troubler, de l’égarer, donc… de le perdre. De fait, quand la publicité fait dans l’audace, c’est toujours une pseudo audace. Un peu comme des parents jouant avec leur petit enfant : ils font semblant de chercher l’enfant caché, semblant d’être surpris, semblant de ne pas connaître la réponse, semblant d’être un ogre, etc. C’est en cela que la publicité est souvent bêtifiante : elle s’adresse à nous comme à des enfants, voire des débiles.
    En revenant de Chaumont, je me demandais pourquoi il n’est possible de faire un travail réellement inventif que pour des théâtres ou des musées (en gros). J’en suis venue à la conclusion qu’en fait, ces lieux-là ont un public déjà largement acquis à leur cause, un public initié, plutôt cultivé, qui a l’habitude d’être surpris et l’accepte (relativement), et qui –lui aussi– sera flatté, mais parce qu’on sollicite son « intelligence », sa capacité à s’interroger, sa bonne connaissance des signes de la modernité. Le matériel publicitaire d’un théâtre ne s’adresse donc pas à tout le monde. Ce constat est un peu triste, mais je crois qu’il est juste.
    La scission dont vous parlez, à Chaumont, se situe peut-être là, au niveau du public visé. Cela dit, rien n’empêche les graphiste travaillant par exemple pour l’industrie, d’envoyer leurs réalisations à Chaumont. Et je trouverais intéressant que les industriels soient conviés, à faire partie des jury, à participer aux débats, à visiter les expositions et à donner leur avis.
    Vous faites référence à Savignac (on pourrait citer tous les affichistes de la « grande » époque, Dubout, Cassandre…), mais on a changé d’époque. Avant 1960, les industriels ne connaissaient ni le spot télévisé ou ciné, ni internet, les bannières, les mailing, les études de marché… Un affiche servait à tout : encart dans le journal, hommes sandwich, carte postale. Les industriels d’aujourd’hui veulent être visibles de Tokyo à Manhattan en passant par New Dehli, ils investissent des sommes dingues dans leur communication, et il leur faut des garanties à hauteur de ces millions ; c’est ce que savent leur donner les grosses agences qui leur promettent la lune et jurent qu’il n’y aura ni vagues, ni brouillard, ni tempête.
    Alors voilà, je ne sais pas s’il y a une réconciliation possible entre le graphisme commercial et le graphisme culturel. Cela impliquerait qu’il n’y ait pas de clivage entre la finance et la culture, alors que ces dernières années ce clivage s’est considérablement durci, me semble-t-il. Mais ça n’est peut-être pas une fatalité. La gigantesque crise économique fait réfléchir, je crois. Ne serait-ce que parce qu’elle appauvrit. L’ingénuité et la pauvreté vont bien ensemble.
    AG

  41. Anne, difficile d’affirmer que le graphisme commercial est mauvais alors que le graphisme culturel est bon (vous ne l’avez pas écrit mais vous avez l’air de le penser très fort 😉 ). Il y a du bon et du moins bon des deux côtés. Et question affiches, il y a souvent volonté publicitaire des deux côtés également, même si la diffusion et les enjeux sont peut-être différents. Au final, nous avons toujours des graphistes qui sont payés pour communiquer par l’image pour le compte d’un commanditaire, avec plus ou moins de réussite et avec plus ou moins de décideurs et d’éléments parasites entre leurs idées et le résultat imprimé.
    La seule chose qui me parait évidente dans tout cela, d’après mon expérience en tout cas, c’est qu’il est beaucoup plus difficile pour un graphiste ayant un minimum de convictions d’évoluer dans une agence « industrielle » sur des thématiques commerciales que dans un contexte artisanal (dans le bon sens du terme), sur des thématiques culturelles. Les professionnels qu’on voit régulièrement exposés à Chaumont sont très bons, c’est indéniable, mais ils ont aussi beaucoup de chance de pouvoir travailler pour de tels commanditaires, sachant qu’ils ne courent pas les rues.

    (Je précise, pour finir, que j’ai toujours travaillé à mon compte et que j’ai malheureusement très peu eu l’occasion de plancher sur des affiches — je ne prêche donc pas spécialement pour ma paroisse dans cette intéressante discussion.)

  42. C’est passionnant cette histoire et vos post aussi 🙂

    Un congrès de Copenhague qui refuse de décider… Une équipe de France qui refuse de jouer… un jury qui refuse de nommer un lauréat… On vit une époque formidable 🙂

    Selon moi le graphisme c’est avant tout la commande ! Est-elle bien gérée ?, le relationnel est-il bon ?, les questions sont elles toutes posées etc…
    Du coup à question idiote : réponse idiote.
    Pas étonnant qu’un jury composé de «gens du métier» ne trouve pas leurs réponses (issues d’années d’expérience etc.) dans celles proposées par des étudiants qui justement n’en n’ont pas encore fait leur métier.
    Avant de connaitre quelle est la réponse il faut savoir a qui on la pose et comment on la pose ! Je rejoins la vraie et unique question à se poser (par Bediez) : Le Graphisme c’est qui ?

    Pour ma part, j’ai eu l’occasion (au côté de Christophe) de participer au concours étudiant de Chaumont (en 1999 il me semble) sur le thème de «L’Amour fou». Haa j’en garde un très bon souvenir : Chaumont, le printemps, les Miss… Alors étudiants en quête de réponse à « Le graphisme, qu’est ce que c’est ? » ça nous a avait permis de s’aérer l’esprit etc… Je pense que le sujet d’un concours ne doit pas être une intérro. écrite ! Chaumont n’est pas une annexe des écoles d’art :))

    Ça fait des années que le graphisme en france est en psychanalyse ! Je comprends ces questions redondantes et nécessaires sur le métier etc… Je sais (comme dans toute confrérie), un graphiste qui rencontre un autre graphiste se racontent des histoires de graphistes. C’est normal et naturel… mais par pitié !!! ça fait 15 ans que ma famille me demande « Le graphisme, qu’est ce que c’est ? ». Même ma grand mère sais maintenant ce que je fais ! :)) Alors essayons entre confrères de se poser d’autres questions !

    Nous sommes des Cyrano… c’est tout! 🙂


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