A l’heure du tout-numérique, étrangement, le sténopé retrouve une nouvelle vie. L’appareil photographique à sténopé se présente sous la forme d’une boîte quelconque dont l’une des faces est percée d’un tout petit trou (en anglais, pinhole : trou d’épingle) pour laisser passer la lumière, ce qui permet de capter l’image sur un support photosensible (film ou papier). Pour prendre une photo, il suffit d’enlever le cache qui ferme le petit trou, de calculer le temps de pose, puis de refermer l’ouverture. Le sténopé est donc la forme primitive de l’appareil photographique.

Le hasard fait partie du jeu. Pendant une prise de vue, des personnages peuvent passer devant l’appareil pour devenir ensuite fantômes sur la photo. Comme le dit si bien le photographe allemand Gregor Cardué, “le sténopé m’a donné les outils pour révéler le monde derrière une réalité”. Une réalité souvent très poétique, car l’image est aléatoire. “La démarche a l’avantage de ne pas être agressive. Le photographe se trouve derrière sa boîte, à compter les minutes, et peut très facilement discuter avec des passants souvent intrigués”, ajoute Marie-Noëlle Leroy.

Tous revendiquent la pratique du sténopé comme une discipline artistique, et la plupart sont des amoureux de l’argentique. Ils n’hésitent pas à avoir recours à des techniques d’impression anciennes comme la gomme bichromatée. Toutes les expérimentations participent au plaisir de ces “bidouilleurs” d’images. “Plus on découvre les infinies possibilités de cette étrange boîte, plus la pratique peut devenir complexe”, ajoute Patrick Lallemand, photographe récemment converti au sténopé.

La communauté des sténopistes s’agrandit chaque année grâce à Internet. Les adeptes créent des sites et certains organisent des chaînes : chaque membre envoie l’une de ses boîtes magiques, celui qui la reçoit fait une photo, la met sur le site, envoie l’appareil à un autre membre… et ainsi de suite. C’est ainsi que l’un des appareils de Mme Leroy a fait le tour du monde.

Depuis 2001 a lieu chaque dernier dimanche d’avril, partout dans le monde, la journée mondiale de la photographie au sténopé. Certains participants peuvent se donner rendez-vous pendant que d’autres travailleront en solitaires, mais tous, à la fin de la journée, inscriront leur photo sélectionnée sur le site. L’hyper-modernité au service d’un art ancestral.

via LeMonde 

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