Ces derniers jours, j’ai fabriqué une presse à épreuves typographique. Voici mon premier tirage : encore imparfait, mais porteur d’intentions. C’est aussi pour moi le début d’une série d’affiches entièrement artisanales que j’ai envie de créer à la main, à l’encre et au bois. Mais comment j’en suis arrivé là ? Après avoir publié quelques photos, on me l’a beaucoup demandé alors je vous raconte ici comment tout a commencé, pas vraiment pour que vous fassiez pareil, mais pour partager la démarche… et si un jour cela vous inspire, tant mieux.

Une histoire commencée il y a vingt ans

Cela fait presque vingt ans que je garde précieusement des caractères typographiques en bois. Des dizaines et des dizaines de lettres, chiffres, symboles, achetées sur Internet un peu par hasard quand j’avais la vingtaine. Je m’en suis parfois servi pour des projets graphiques, mais sans vraie presse, ça restait un peu limité. Alors, vu que j’ai plein de temps dans ma vie, au début du mois de septembre, je me suis mis en tête de fabriquer ma propre presse à épreuve, avec ce que j’avais sous la main, sans rien acheter.

Étape 1 : la recherche et les croquis

Avant de sortir les outils, j’ai passé quelques jours à observer des modèles de presses artisanales sur Internet : de vieilles presses d’imprimeurs, des bricolages de graphistes, des systèmes ingénieux à rouleaux. Aussi, je suis allé au Musée des Arts et Métiers à Paris pour comprendre les proportions et les mécaniques des anciennes presses en tout genre, c’était impressionnant.

Bref, sur mon carnet, j’ai griffonné les premières idées : un plateau en bois, un rouleau guidé par des rails latéraux. C’est toujours là que naissent mes projets : sur le papier.

Étape 2 : fabriquer le socle

Je suis parti d’une planche de contreplaqué épaisse sur laquelle j’ai collé et vissé de vieux morceaux de parquet en chêne issus du parquet que j’ai posé chez moi il y a quelques années. Ce plateau est lourd et stable idéal pour supporter la pression du rouleau. J’ai ajouté deux rails en aluminium sur les côtés pour guider le rouleau de manière fluide. Ces rails sont de la récup’ là aussi lorsque j’ai fait le carrelage de ma salle de bain. Ci-dessous une photo de quand la colle sèche avec deux petits haltères de 10kg pour tenir l’ensemble.

Étape 3 : récupérer et préparer les rouleaux

J’ai démonté une ancienne duplicatrice à alcool pour en extraire deux rouleaux :

  • un rouleau en métal (le principal, celui qui imprime)
  • un rouleau en plastique, plus léger, qui sert de guide.

Pour renforcer la pression, j’ai coulé du béton à prise rapide à l’intérieur du rouleau en métal : de 2 kg, il est passé à 8 kg.

Étape 4 : construire les flasques latéraux

Pour tenir les rouleaux, j’ai fabriqué deux flasques latéraux PVC bleu, percés à la perceuse pour accueillir les axes. Les premières versions étaient en carton (histoire de tester les ajustements), avant de passer à des modèles solides et identiques.

Étape 5 : assembler la structure

J’ai ensuite relié les deux flasques à l’aide de tiges filetées traversantes, serrées par des écrous papillons. Ce montage permet d’ajuster la tension et d’assurer un bon parallélisme entre les rouleaux. Le tout est monté sur le plateau en bois, glissant sur les rails métalliques.

Étape 6 : premiers essais d’impression

Une fois tout en place, j’ai pu tester avec une simple lettre en bois et du papier épais. Le résultat est brut, imparfait, mais il a ce grain et cette matière qu’aucune impression numérique ne peut imiter. On sent la pression, la texture, l’empreinte du geste.

Matériel complet

  • contreplaqué
  • anciennes planches de parquet
  • tiges filetées + écrous et un peu de WD40
  • rails en aluminium
  • rouleaux (un métal, un plastique)
  • tasseaux de bois
  • des plaques de PVC rigides
  • béton prise rapide
  • perceuse, serre-joints, vis, colle à bois, colle forte
  • papier épais + encre pour gravure

Conclusion

Ma mission de fabriquer une presse typographique, c’était un mélange de récup’, d’ingéniosité et de patience : tout ce que j’aime ! Pour la fabrication, j’ai mis deux jours. Ce n’est pas une machine parfaite, mais une compagne d’atelier qui me sors aussi un peu la tête de l’écran. Depuis, j’ai commencé à faire des essais de composition, d’impression et je fais en sorte que chaque épreuve raconte quelque chose et de garder la joie simple d’imprimer de belles images à la main.

Prochaine étape : les premiers tirages seront dispo sur https://hckr.fr … J’y travaille déjà 🙂