Aujourd’hui, je voulais vous parler d’un sujet qui me tient à cœur et qui n’a de cesse de se développer dans l’évolution de ma vie : la diversité du métier. Quand j’ai commencé à travailler, (certains d’entre-vous qui suivent le blog depuis longtemps s’en souviennent peut-être) j’étais encore étudiant aux Arts Déco de Paris. Dès le début, on a cherché à me spécialiser : « soit tu es dans le print, soit tu es dans le web », « soit tu dessines des caractères typographiques, soit tu apprends à coder » – je vous passe les autres exemples. J’étais alors graphiste et très vite, en tant qu’indépendant, j’ai compris qu’il ne fallait pas que je me spécialise, qu’il ne fallait pas faire qu’un seul et unique métier.

Les raisons sont devenues rapidement évidentes :

1. Ça n’est pas rentable

La précarité du statut d’indépendant est une réalité, il m’était alors difficile à l’époque de me revendiquer designer de logos, ou designer d’affiches ou designer de livres puisque je n’aurais eu que 3 ou 4 projets par an. > Avoir plusieurs métiers c’est s’assurer une relative diversité financière.

2. La demande évolue rapidement

Je n’ai jamais cru pouvoir anticiper la demande dans le design dans les 5 à 10 ans à venir. À une époque on parlait de Flash, puis de réalité augmentée, puis aujourd’hui on parle de réalité virtuelle… De quoi parlera-t-on demain ? Toutes ces tendances me sont souvent étrangères puisqu’elles ne s’inscrivent pas sur la durée et semblent alors pour moi antinomiques avec la vision que je me fais du design : quelque chose de durable. > Avoir plusieurs métiers, c’est s’assurer de ne pas couler quand une technologie ou une tendance disparaît.

3. Un métier unique ne me permet pas de m’épanouir à long terme

Là, c’est un peu plus personnel puisque je suis toujours à la recherche de plaisir dans mon activité et dans ce que je crée. Quand je travaille sur un projet que j’aime, pour des gens que j’aime, je travaille vraiment mieux et j’ai donc du plaisir. Il faut aussi savoir que, même si j’ai des tendances parfois perfectionnistes, je ne cherche pas non plus à être le meilleur. Ça n’a aucun intérêt pour moi d’être le meilleur en typo, en graphisme, en code, etc. Ce que j’aime c’est découvrir pour créer et créer pour découvrir. > Avoir plusieurs métiers, c’est avant tout une façon de se mettre parfois en difficulté et d’apprendre vite et bien pour le long terme.

Une évolution…

Alors voilà, de graphiste traditionnel (affiche, logotypes, plaquettes, livres, brochures…), j’ai très vite évolué vers le métier de graphiste diversifié à faire du code, du HTML CSS, (mais aussi du Flash à l’époque), de la 3D, du design sonore et toute la partie numérique du design. Plus tard j’ai appris à enseigner. C’était pour moi une autre façon de pratiquer le design. Puis à former d’autres designers, directeurs artistiques, graphistes, etc. lors de formations que j’animais sur quelques jours. Transmettre m’a toujours intéressé même si je pense que pour bien transmettre un savoir, il faut toujours le faire autrement que par un « cours ». Il faut pratiquer, c’est pour cela que je préfère nettement les formats « workshop » avec les étudiants.

Ces dernières années ont été pour moi l’occasion de continuer tous les précédents métiers que je vous ai listé ci-dessous mais elles ont été aussi l’occasion pour moi d’expérimenter d’autres métiers comme responsable pédagogique, animateur d’ateliers de design, illustrateur, j’ai même fait l’expérience de publier un livre.

…pour plus d’indépendance

Bref, aujourd’hui je cherche encore à explorer de nouvelles pistes et en quelque sorte de nouveaux métiers qui seront peut-être être assez loin du design. Autant préparer la suite dès aujourd’hui 🙂 L’intérêt de tout cela est aussi une façon de gagner en indépendance, en créativité mais aussi en résilience. J’ai foi en la diversité car elle offre le choix elle permet de croiser les idées et les savoir-faire et surtout, elle permet de tracer son propre chemin, aussi singulier soit-il.

Quel sera votre prochain métier ?




13 commentaires

  1. Après graphiste en imprimerie, designer de support pédagogique (simplification de contenu), designer de présentation (réunion powerpoint), concepteur rédacteur (web et journalisme), consultant en communication, formateur pour salariés et pour étudiants (conception de parcours, pédagogie, animation…), j’ai le nez dans le « content marketing ».

    Prochaine évolution (comme les pokémons), l’insertion sociale et l’école d’une seconde chance (orienté : usage du numérique, rédaction et pao – hors code, que j’ai abandonné).
    Puis quand le moment viendra, un idée de table d’hôte 😉

    Et si les finances ne suivent pas, je replongerai dans le salariat quelques temps.

  2. Merci pour ce partage, Geoffrey.

    Je suis du même avis que toi, il faut se diversifier et ne pas s’enfermer dans une seule spécialité.

    Mes clients apprécient de n’avoir qu’un seul interlocuteur à qui s’adresser plutôt que de devoir faire « plusieurs chapelles ». Quitte quelque fois à faire appel à des partenaires qui partagent la même philosophie et qualité de travail que moi pour des missions très spécifiques.

    À mes yeux, une bonne communication n’est cohérente que lorsque l’ensemble des supports sont réfléchis de manière globale.

    À bientôt,
    Michel

      1. Merci, c’est exactement ce que je défends également depuis plusieurs années maintenant, idem pour l’interlocuteur unique face au client et il suffit de bien s’entourer pour combler ses lacunes et assurer un niveau d’expertise constant dans chaque domaine.
        Et enfin, oui la diversité c’est s’adapter et ne jamais s’ennuyer.

  3. Je me souviens de mes profs de créa qui soutenaient que l’on devait se spécialiser dans un seul domaine pour être plus performant (surtout dans le multimédia car c’est une filière qui est en constante évolution). J’ai toujours préféré la polyvalence plutôt que de m’enfermer dans une case, pour la diversité et une remise en question.
    Tu restes une source d’inspiration pour moi, et je prends beaucoup de plaisir à lire les articles de ton blog, à me questionner sur l’évolution que pourrait avoir le design de différentes manières.
    Bonne continuation en tout cas !

    1. Merci beaucoup pour ton message touchant 🙂 Pour les profs, j’ai eu la même expérience. Aujourd’hui, puisque j’enseigne, je dis à mes étudiants, que malgré ce qu’en dise l’école, il ne faut pas qu’ils se spécialisent et s’enferment…

  4. Très bon article !
    J’ai commencé à coder en html et css puis j’ai appris quelques base pour pouvoir faire des flyers des catalogue et des pubs en tout genre.
    Malgré tout et malgré l’omniprésence du numérique, il faut reconnaitre que notre métier s’est particulièrement Uberisé : aujourd’hui un type qui est à Madagascar ou en Afrique du Nord peut vous monter un site pour 200 € et vous pondre un logo pour 50 €.
    Avant il y avait Wilogo maintenant il y Kang alors je ne vois pas comment cela va pouvoir s’arranger pour nous à moins de faire de « l’abatage » avec des prix au ras des pâquerettes.
    Nous avons un métier génial et qui permet une belle souplesse d’emploi du temps, profitons-en.
    Pour ma part je vais attaquer une nouvelle activité qui n’a absolument rien à voir et entrer dans le monde des slasheurs se sera ma façon à moi de me diversifier…

    1. merci pour ton message, ce témoignage m’intéresse d’autant plus que tu souhaites démarrer une « nouvelle activité », peux-tu nous en dire plus ? Car se diversifier quand on est designer n’est pas forcément chose facile… 🙂

      1. Bah oui je vais me diversifier dans qq-chose qui n’a absolument rien à voir, : le jardinage…
        C’est une passion et ça me permet de trouver d’autres influences, et aussi d’autres clients.
        En France on n’aime pas trop les slasheurs mais pour moi c’est une façon comme une autre de ne pas être enfermé dans un corpus.
        A bientôt


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