Il y a quelques jours j’ai rencontré Daniela, une passionnante designer avec qui j’échangeais sur la fascination des expériences de design. Parce que oui, certaines pages web nous hypnotisent, certaines vitrines nous donnent des frissons, d’autres objets nous donnent encore irrésistiblement envie de jouer avec. Dans notre vie, on se retrouve parfois dans une expérience qui n’est plus pratique, technique ou intellectuelle mais dans une expérience qui fait directement appel à nos émotions, nos sens.

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Évidemment, ça me fait un peu rêver de pouvoir créer des projets dans lesquels les émotions, les sensations, jouent le rôle d’interaction ou de la compréhension utilisateur. Avec Daniela, j’ai essayé alors de lister les expériences agréables, magiques, parfois ludiques qui font appel à notre imaginaire comme par exemple :

  • écouter l’intérieur d’un coquillage
  • jouer à chaud / froid pour trouver quelque chose dans une maison
  • tourner l’essoreuse à salade le plus vite possible et l’ouvrir
  • activer le piston pour filtrer le café
  • passer son doigt rapidement au dessus de la flamme d’une bougie
  • mettre son doigt dans la cire de la dite bougie
  • plonger sa main dans un sac de riz
  • mettre une lampe de poche derrière sa peau pour voir ses vaisseaux sanguins
  • modeler la mie du pain avant de la manger
  • regarder un kaléidoscope
  • laisser son doigt traîner sur une série de barreaux dans la rue
  • écouter un cœur battre
  • faire tomber de l’encre dans l’eau
  • sentir l’odeur les effaceurs, marqueurs, et autres blanc correcteurs
  • jouer avec des aimants
  • en regardant à la fenêtre en voiture, imaginer un personnage qui s’agrippe et qui court dans le paysage
  • jouer avec ses doigts et de la colle
  • jouer avec les ombres

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Autant de choses que l’on faisait enfant (et encore aujourd’hui !) et qui sont tantôt dans l’exploration du geste, des phénomènes physiques, du corps, du monde, de la pensée, etc. et qui, selon moi, structurent en nous un imaginaire très fort. Ainsi réemployé autrement, dans un objet, une interface, une expérience interactive, etc. ces expériences devenues sensibles nous font nous sentir émerveillé, surpris ou dans un confort passé, déjà ressenti. C’est cela qui me fascine : comment attribuer aux projets de design que l’on conçoit, des sentiments passés et autres expériences émotionnelles douces ?

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Lorsque je travaille, j’essaye alors de me rappeler de ces choses là afin de voir si, par hasard ou (en travaillant beaucoup sur l’expérience à construire), s’il est possible de mélanger harmonieusement un projet concret et un expérience sensible comme décrite ci-dessus. Pour conclure cet article, il y a une idée que j’ai entendu dans la bouche d’une psychanalyste et qui m’a beaucoup interpellé. Elle expliquait que la plupart des gens ont, durant l’enfance, quelque chose, un moment, un lieu, une expérience dans lequel ils se sentaient vraiment bien lorsqu’ils étaient petits. Adulte, on par alors à la recherche inconsciemment (ou consciemment pour certains) afin de recréer cet espace de bien être au travers de ses choix professionnels, sentimentaux, et ses choix de vie plus généralement.

Bref, je finirai sur une question : « Et vous, enfant, c’était quoi la situation dans laquelle vous vous disiez que là, vraiment, vous étiez bien, heureux, serein ? »




10 commentaires

  1. Pour rejoindre un des points cités (encre/eau), une chose aussi fascinante que banale est à mes yeux une merveille : plonger le lait dans l’eau.

      1. Je n’irai pas jusque là mais c’est bien la seule étape qui a de l’intérêt dans la recette de cette purée industrielle 🙂

  2. Écrire sur un miroir plein de buée
    Enlever les pétales d’une marguerite « un peu… Beaucoup… Passionnément… A la folie… Pas du tout »
    Marcher dans l’herbe / le sable pied nus
    Regarder un sablier qui se vide
    Faire des bulles de savon
    Exploser les petites bulles d’air du papier bulle protecteur

  3. • Parcourir plusieurs km à vélo dans les forêts (picardes)… et s’arrêter pour regarder les paysages !
    • L’imagination qu’on pouvait créer juste en regardant un arbre, nuage…

  4. Regarder les éclairs une nuit d’orage et compter les secondes entre l’éclair et le tonnerre
    Souffler sur un pissenlit pour faire s’envoler les petites soies blanches
    Contempler les étoiles (surtout les nuits d’étoiles filantes)
    Sentir l’odeur de l’herbe coupée ou l’odeur de la pluie
    Prendre une coccinelle sur ses doigts puis la laisser s’envoler
    Regarder la terre vue du ciel par le hublot d’un avion (ou d’une montgolfière)
    Voir des poissons multicolores en faisant du snorkeling
    La sensation d’être en apesanteur
    Faire de la balançoire à toute vitesse en penchant la tête en arrière
    Dire la même chose que quelqu’un en même temps que lui/elle et rire d’avoir pensé exactement à la même chose
    Comprendre ce que pense quelqu’un d’un seul regard
    Faire une bataille de boules de neige
    Souffler les bougies (magiques) sur un gâteau (et finir par les éteindre avec ses doigts parce que c’est énervant)
    Ouvrir une bouteille de champagne
    Regarder de la pâte à gâteau lever dans le four


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