[L’épisode 1 de « Dans le carnet de… » est le premier article d’une série qui vise à explorer les carnets de créatifs, d’artistes, de designers, de bricoleurs, etc. Cette série est une façon de remonter le fil d’une pensée singulière, d’avoir un aperçu vraiment personnel d’une activité créative mais aussi de revenir aux sources de très beaux projets]

Dans le carnet de Julie Stephen Chheng !

Julie Stephen Chheng est une designer graphique & numérique de talent. Je vous ai déjà parlé de son travail sur mon blog et de nombreux articles relatent ses projets et ses créations. Cependant, pour mon premier article qui se focalise sur les carnets de créateurs, Julie a accepté de dévoiler quelques pages qui nous donnent un aperçu des origines de ses travaux.

Hello Julie !

Merci pour ce très bel aperçu de ton univers graphique au travers de ces quelques pages issues de ton carnet du moment ! On le sait tous, un carnet c’est précieux, c’est irremplaçable, c’est aussi un dialogue avec soi-même et c’est justement cela que j’aimerais aborder avec toi aujourd’hui sur Graphism.fr. Puisque tu sembles dessiner aussi bien en 3D, en 2D, sur des motifs parfois abstraits ou encore des schémas très concrets, considères-tu ton carnet comme ton allier indispensable sans lequel tu ne pourrais créer ? Est-ce juste un outil comme un autre ? Est-ce une machine à penser ?

« Oui, c’est un outil indispensable. Il permet de concrétiser des idées qui passent dans la tête. Certaines idées mises sur papier ne fonctionnent pas du tout. C’est l’étape avant le prototype qui déjà valide certaines choses. Une idée qui ne se confronte pas au réel avec une prise de note dans un carnet, ça peut être très frustrant car on a l’impression qu’elle ne cherche qu’à s’échapper. »

Si l’on observe bien tes pages, on y retrouve des dessins, des pliages ou encore des interfaces numériques. Mets-tu à plat tout ce que tu as dans la tête ou est-ce que ton carnet est une façon de trouver de nouvelles idées ?

« Je mets à plat tout ce qui me passe dans la tête, ça peut être des idées d’histoires, des systèmes de livres, des listes, des rapports textes-images, un principe de jeu vidéo. En fait, j’arrive dans le carnet quand j’ai quelque chose à penser et à travailler. Je n’y vais pas par hasard. Bizarrement, c’est rare pour moi que d’autres idées viennent en notant des choses dans mon carnet, c’est plus en prototypant que d’autres idées arrivent. »

Quand tu dois choisir un nouveau carnet, es-tu plutôt lignes, cadrillage, feuilles vierges, grille de points ? Quels sont les critères pour le choix de tes carnets ? 

« Faut que ça tienne dans mon sac. Idéalement feuilles vierges. De mon côté, mes carnets ne sont pas de grande qualité. J’ai des amis qui achètent des carnets assez coûteux car ce sont des dessinateurs, mais moi finalement comme c’est plus des croquis, je n’ai pas besoin d’un papier précieux. »

Parfois, on voit que tu passes tes recherches en couleur… pour quelle raison ?

« C’est quand je cherche des formes en feutre pour mes illustrations. Ou parfois, c’est quand j’ai besoin de texture dans le dessin pour voir si ça peut rajouter quelque chose au graphisme. »

Tu fais aussi des listes en papier alors qu’il existe beaucoup d’outils numériques. Une raison à cela ? Peut-être fais-tu les deux ?

« Je fais aussi des listes sur mon bloc notes d’ordi. Mais le geste de barrer un mot est beaucoup plus réjouissant que de tapoter une touche « effacer » sur son clavier! Ce geste correspond à l’idée: C’est fini! »

Tu dessines souvent des personnages et des motifs, d’où te vient cette inspiration ? Est-ce que tu scannes tout cela par la suite où est-ce que tu redessines tout sur ordinateur ?

« C’est là que j’envie fortement certains illustrateurs. J’ai essayé de faire des illustrations en vrai sur une belle feuille blanche, mais je n’y arrive pas du tout. Quand j’étais étudiante, je faisais beaucoup de sérigraphie du coup j’avais pour habitude de séparer toutes les formes pour faire mes typons. J’ai gardé cette façon de travailler, je croque l’illustration en tout petit dans un carnet (car les proportions sont plus justes), je dessine chaque forme au feutre puis je scanne, et enfin je recompose l’illustration sur photoshop en faisant plein de variations de couleurs. Du coup, mes carnets sont remplis de formes abstraites. »

Dans tes carnets sont nés des projets qui existent réellement aujourd’hui, des livres, des personnages, des applications numériques… Est-ce qu’il t’arrive parfois d’y penser lorsque tu réouvres un ancien carnet ? Qu’est-ce que cela crée comme sentiment ?

« Tu te rends compte que c’est très différent. Souvent ce que le projet est devenu est très loin des premiers croquis. Pour ma part, j’ai un sentiment de bienveillance avec mon ancien moi quand je feuillette mes anciens carnets en me disant: « Oh, t’y crois ma petite, tu vas vraiment dans tous les sens! » Car dans mes carnets, je travaille sur 10% des idées, car il y en a beaucoup trop d’irréalisables! Beaucoup de notes sont des sortes de choses poétiques et sensibles qui te touche à une époque mais qui te laisse de marbre 1 an après. » Mais tous les 6 mois environ, je regarde les carnets de la période pour re-noter les idées intéressantes dans un nouveau carnet! Peut être pour garder l’espoir de les faire un jour. »

Merci Julie pour t’être prêtée à ce tout premier et encore maladroit épisode de « Dans le carnet de… », aurais-tu un petit mot de la fin pour toutes celles & ceux qui dessinent, écrivent, gribouillent et créent dans leur carnet ? 

« C’est un peu comme Dumbledore quand il dépose ses idées dans la jarre à idées. Une fois inscrit dans le carnet, on peut aussi les oublier. C’est un chouette moment car ça vide la tête tout en gardant une trace. Sinon, je dirais aussi qu’avant de travailler avec quelqu’un ou de tomber amoureux, c’est intéressant de jeter un œil sur les carnets de la personne, ça en dit long sur sa personnalité! »

Le premier épisode de « Dans le carnet de… » est terminé, je remercie énormément Julie et je vous invite à aller voir son Tumblr, sa boutique et son Vimeo et j’en profite aussi pour vous inviter à me faire vos retours sur ce format texte / images. Est-ce trop long ? Pas assez ? Faudrait-il de la vidéo ? Ou juste une interview sonore ? Ou alors une vidéo du carnet ? Je vous avoue que j’ai fait au plus simple pour cette première !




4 commentaires

  1. Bonjour, Merci pour cette article. En tant que dessinateur, j’avoue ne pas assez utiliser les carnets de croquis, j’ai plutôt tendance à prendre la première feuille à porté de main. Un carnet pour garder une trace de nos idées pour y revenir par la suite, c’est plus qu’utile ! Je vais de suivre ce conseil même si les mauvaises habitudes ont la vie dure ! 😉

  2. J’adore l’idée de cette série, c’est vraiment passionnant de voir les premières ébauches d’idées, bonnes ou non, réalisables ou non. ça ouvre vraiment un potentiel des possibilités !
    Pour le format, je le trouve bien comme cela, l’article est long certes, mais ce sont surtout des images à regarder. Le mode interview est intéressant, et que ce soit des photos permet de regarder en détail, de prendre le temps. Un vidéo ne le permettrait pas.
    Voilà pour mon avis,
    Merci.

  3. Excellente idée.
    Le carnet de croquis a toujours été un espace sacré pour moi.
    Ca remonte à mes années de formation en arts appliqués où on nous demandait de remplir quelques double pages toutes les semaines, sur un thème/une technique donnée.
    Ca ne m’a jamais vraiment quitté. Et je suis on ne peut plus d’accord avec les derniers mots de l’article. Il n’a rien de mieux qu’un (carnet de croquis) pour réellement découvrir et comprendre une personne.

    Très bon format d’article, pourvu que ça continue!
    Des vidéos pourquoi pas, mais il faut que ça reste court, avec les memes questions pour tous, histoire de garder un fil conducteur, de comparer les pratiques d’un designer à un autre…
    Et pourquoi pas meme un template d’article/vidéo que chacun pourrait remplir et raconter sa manière de penser/créer… 🙂


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