Bonjour à toutes et à tous 🙂
Aujourd’hui, je voulais vous faire part d’une interrogation que j’ai en moi depuis quelques mois maintenant : Pourquoi les interfaces de nos outils numériques -et notamment mobiles- deviennent « ludiques« ? Ludique n’est peut-être pas le bon mot mais c’est la sensation que j’ai eu en découvrant l’application Inbox de Google dans laquelle se trouve beaucoup de couleurs, de photos, d’icônes, de possibilités d’interactions… J’utilise Gmail depuis très longtemps et la lecture d’une liste d’emails est pour moi une habitude.
Attention, je ne dis pas « j’aime Gmail, j’aime pas Inbox« , les deux sont intéressants mais dans mes usages, j’en utilise réellement un, et pas l’autre. Pourtant, j’ai essayé. Mais j’essaye de comprendre pourquoi Google a réalisé Inbox de cette façon, pourquoi Facebook a réalisé Facebook Paper, pourquoi Google Calendar est en train de changer (on va le voir plus bas), pourquoi Foursquare est passé à Swarm, etc.
Google Inbox (2014)
Gmail (2005)
Google Inbox
Google Calendar
Il en va de même pour la future version de Google Calendar qui intègre des fonds colorés, des illustrations et un système d’interactivité plus ludique, plus sophistiqué.
Facebook Paper (2014) & Facebook mobile (2008)
Les ingrédients
- Les ingrédients de ces nouvelles interfaces, de ces nouvelles applications seraient :
- Une place très forte de la photo
- Beaucoup d’illustrations
- Beaucoup de couleurs
- Des interfaces différentes (on oublie la notion de liste!)
- Des interactions gestuelles plus élaborées
Les raisons ?
Même si j’ai la terrible sensation que ces interfaces sont beaucoup moins efficaces (rapides) que les interfaces classiques (sous forme de liste par exemple), elles offrent une expérience utilisateur plus confortable, plus douce aussi parfois. Le Material Design n’y est pas pour rien non plus. En effet, le nouveau système de design de Google vise notamment à enrichir l’interaction de l’utilisateur par des animations, des déplacements, des effets afin de mieux lui faire comprendre ce qu’il réalise comme action.
Une autre raison est qu’aujourd’hui, la notion d’e-mail, de calendrier, etc. est bien comprise par les utilisateurs et qu’on peut peut-être enfin, changer la forme de tout cela, que le paradigme ne doit plus être une « boîte aux lettres » mais un flux de texte provenant d’un expéditeur, qu’un calendrier ne doit plus ressembler à un calendrier papier avec des cases mais que cela peut-être une timeline dans laquelle on navigue… allez savoir.
Et vous, vous en pensez-quoi ? Pensez-vous que ces nouvelles interfaces sacrifient un peu de leur efficacité pour gagner en expérience ? Tout le monde aime ces nouvelles interfaces ludiques mais pour quelle raison ? Car elles nous montrent notre propre contenu ?…
Ces nouvelles apps reflètent ce besoin de sortir des carcans imposés des outils et des app conçues pour desktop.
Je te rejoins sur la 2e raison: les métaphores commencent a s’estomper et la jeune generation d’utilisateurs n’a que faire des outils bureautiques sur mobile.
Hélas, tu as détecté la grande tendance du design d’interfaces depuis les 4 dernières années : se concentrer sur les UI faciles d’utilisation (un bouton sinon rien), jolies (des zolies zimages) et flat (simple on vous dit). L’objectif étant de remplacer la TV et sa télécommande par un Internet aux fonctionnalités quasi-similaires.
Le résultat est évidemment des logiciels de moins en moins personnalisables et efficaces, mais de plus en plus dirigistes.
Avant, l’utilisateur contrôlait ses logiciels. Il configurait son logiciel d’email pour qu’il colle à ses pratiques. Aujourd’hui c’est l’utilisateur qui se met à changer ses habitudes pour utiliser gmail.
La machine continue donc son grand travail de transformation de l’humanité. J’ai écris un truc là-dessus : http://www.influencia.net/larevue/contact/index.php?page=15
@Cyroul: passionnant, je file voir ça !
@gabriel: la jeune génération n’a que faire des outils bureautique tout court non ? 😉
Cyroul, je suis d’accord avec toi sur ce point « nous transformons nos habitudes » pour les grands comme Facebook, Gmail… Il n’y a qu’à voir la panique, la déception, enfin, toute cette flopée d’émotions quand Facebook change ne serait-ce qu’un poil de son interface. Mais au final, c’est eux qui « gagnent », nous on s’adapte.
Je file lire ton article !
Attention tout de même à ne pas créer de confusion car les comparaisons des anciennes et nouvelles versions ne sont pas les mêmes applications, donc pas forcément les même usages.
Gmail 2014 adopte le Material Design mais reste une boite email : http://i.imgur.com/Hz72ICz.png
Mais les observations restent vraies : moins d’austérité, plus de couleurs, plus d’images, plus facile à utiliser.
Mais est-ce un mal ? Le design n’a-t-il pas pour vocation d’être agréable et invisible à l’utilisation ? 🙂
Y’a pas à chercher trop loin je pense :
– Google et Facebook ont évolué de leur produit de base et sont maintenant concurrents directs. En conséquence les interfaces se brouillent forcément (regardez BFMtv et iTélé… bon d’accord j’abuse…).
– le « ludique » vient du fait que la boîte mail ne s’utilise plus comme avant. En plus de copier la boîte aux lettres classique (de impots.gouv à de la pub Leclerc), elle est l’annexe des sites web (pour des mails de confirmations, des billets de train…) sans être un site web. Donc elle casse le flux.
C’est un peu comme quand faut sortir sa carte bancaire pour payer sur le net, ça devient un passage obligé répétitif et forcément Paypal paraît la solution évidente.
– le côté coloré et simple est lié au contexte (i.e. petit écran du téléphone) et au fait qu’il est souhaitable d’uniformiser quel que soit l’écran.
Toutes ces nouvelles interfaces me font penser à la volonté d’Apple qui est de faire une interface simple d’utilisation, accessible à tous au détriment de la personnalisation de interface ou de l’app.
Le design est de plus en plus un « design pour les nuls ». J’ai peur que l’on arrive un jour à un point où il n’y ai qu’une parcourt utilisateur possible.
C’est un design qui conviens parfaitement aux « novices » du logiciel en question, mais qui limites les « experts » dans leur utilisation.
@Cyroul:
C’est marrant, on pourrait aussi constater cela dans le domaine du jeu vidéo: de plus en plus dirigiste, fade dans l’expérience et les possibilités, mais super colorés (graphismes époustouflant).
Par contre, de la même manière, on peut voir depuis quelques années déjà, une résistance se créer (viva El ‘Indie games’) grace à l’initiative de petits développeurs qui font de gros pied-de-nez aux méga-über-éditeurs avec leur jeux type sandbox où le joueur créé lui-même son expérience..