Depuis quelques années je ressens cela et il fallait que je vous en parle ! Encore aujourd’hui, en scrollant sur les réseaux sociaux, j’ai eu cette sensation désormais familière qui me saisit devant chaque image : est-ce que cette photo est authentique ou générée par une IA ? Cette forme d’hésitation intellectuelle, ce doute qui s’immisce dans mon cerveau avant même la réflexion… j’ai pensé que cela méritait un nom, une manière d’en parler.

Paréïa
Après des recherches étymologiques, de la réflexion fort fort avec mon cerveau, je propose « Pareïa », un mot qui mélange le concept de paréidolie et l’intelligence artificielle, l’IA.
Pour vous expliquer cela, la paréidolie, c’est ce phénomène psychologique fascinant qui nous pousse à reconnaître des formes familières dans des stimuli ambigus. L’exemple le plus parlant ce sont ces visages que nous voyons dans les nuages ou encore ces silhouettes humaines dans les taches d’encre. Ou ma préférée : cette tendance irrésistible à anthropomorphiser les prises électriques. Notre cerveau, dans sa quête perpétuelle de sens, projette du familier sur l’inconnu. C’est un mécanisme de survie ancestral qui nous aide à identifier rapidement des dangers ou des opportunités dans notre environnement… même encore aujourd’hui à l’heure de l’IA.
Bref, en cherchant à vérifier de ma proposition du mot Paréïa, j’ai aussi découvert qu’il existe déjà dans la mythologie grecque une Pareia qui est la nymphe de Paros, concubine du roi Minos, dont le nom signifie « serpent brun-rougeâtre ». Elle donna naissance à quatre fils qui furent plus tard tués par Héraclès. Bref, mon cerveau y voit là quelque chose de prophétique dans cette résonance : une nymphe antique qui enfante des êtres voués à la destruction, quoi de mieux pour ce concept de Paréïa qui interroge notre rapport trouble à l’authenticité face à des outils (les IA), qui pour certains, semblent voués à notre destruction.

Bref, ce terme, je vous le propose puisque cette expérience révèle quelque chose de fondamental sur notre époque : nous développons une sorte de sixième sens techno-visuel, même si nos repères pour faire face à la réalité vacillent. Et en tant que designer, je constate combien cette incertitude redéfinit notre rapport à l’image et aux formes graphique en général.
Et vous, avez-vous déjà récemment fait l’expérience de la Pareïa ?