Ce matin, je découvre le Methaphone, cet objet qui est là pour interroger nos gestes automatiques face au numérique, celui qui tient dans notre poche. Cette plaque d’acrylique transparente imite la forme d’un smartphone… sans rien faire d’autre qu’exister.
L’idée part d’un constat simple : on sort son téléphone par réflexe, même quand on n’en a pas besoin. Ce geste est devenu mécanique, presque compulsif. Ce projet s’inspire de la méthadone pour les héroïnomanes et transpose cette logique de substitution au smartphone. On garde donc le geste mais on enlève la fonction et ses effets. En tant que designer, ça me questionne sur la responsabilité de nos créations : comment nos interfaces encouragent-elles ces comportements ?


Le Methaphone a été vu par 150 millions de personnes en quelques jours sur TikTok, assez ironique pour un objet censé nous détacher des réseaux sociaux. Mais c’est peut-être là tout son concept : utiliser la viralité pour critiquer la viralité. Cet objet transparent nous renvoie ainsi à nos propres transparences face aux écrans.


Je me souviens de mes premières expériences de coupure avec le smartphone que j’ai commencé il y a une quizaine d’année, cette sensation bizarre de la poche vide, de la vibration fictive, du réflexe de la man qui cherche l’objet connecté. Le Methaphone semble vouloir combler ce vide physique tout en créant un vide numérique. Il nous fait prendre conscience de nos automatismes sans nous culpabiliser.
Bref, l’idée de créer des objets qui nous visent à nous libérer me semble une voix ultra décalée dans le paysage du design numérique aujourd’hui.
Pour en savoir plus c’est sur le site du projet Methaphone.