Faire de la politique et faire de la com’, très souvent c’est pareil. Un discours répété en boucle pour bien matraquer les esprits et « faire passer le message avec les bons éléments de langage ». Heureusement, même si je ne crois absolument pas en la chose politique, j’ai encore un peu foi dans la communication culturelle ou parfois institutionnelle…

L’Élysée et le design

En 2010, l’Élysée se vantait de son nouveau site Internet, pâle copie à l’identique du site Internet de la Maison Blanche.

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En 2010 également, une commande était passée pour faire redessiner le logo de l’Élysée mais par une agence anglaise…  (oui, en France, tous nos designers sont mauvais ;-))

Et ce nouveau logo alors ?

Bref, hier, j’ai eu une petite partie de ma timeline Twitter qui m’a mentionné pour me demander de jeter un oeil à ce logo de l’Élysée. Bon, c’est le logo de la « Communication de l’Élysée », ça n’est pas pareil.

Il s’agit juste d’un compte Twitter : https://twitter.com/Elysee_Com (oui, on est en 2015, dépêchez-vous, tout le monde est sur Snapchat ou Périscope) dont la mission va être de détendre un peu l’atmosphère et de rapprocher ce « palais » qu’est l’Élysée des citoyens – qui sont sur Twitter. Et pour ça, il fallait… un logo ;-)

Le logo de la communication de l’Élysée

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Ce symbole évoque beaucoup de choses et pourtant son origine graphique est le faisceau de licteur, vous allez voir, ce symbole est plein d’ironie ;-)

Un licteur portant son faisceau

licteur

Des verges pour punir et fouetter

Dans la Rome Antique, les licteurs constituent l’escorte des magistrats qui possèdent l’imperium, c’est-à-dire le pouvoir de contraindre et de punir. Boum. Le faisceau du licteur était ainsi constitué d’un ensemble de verges (d’orme ou de bouleau) (oui, oui…) liées en cylindre autour du manche d’une hache par des lanières de cuir croisées.

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Cet emblème de l’autorité des magistrats de la République romaine était donc porté par le licteur, sur son épaule… gauche. La hache représentait le pouvoir du consul de condamner à mort par décapitation et les verges représentaient le pouvoir de punir, de fouetter.

À la chute de la Monarchie, le faisceau de licteur devient un des symboles de la République française. Il est repris sur le sceau de la Ière République puis sur celui de la IIe République, toujours en usage aujourd’hui.

On est passé de ça à ça :

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Et les réactions des Twittos ?

Évidemment, qui dit nouveau logo, dit parodie, c’est devenu un grand classique, mais cela est très intéressant je trouve, pour comprendre quel imaginaire les gens projettent sur ce logo.

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Qu’en penser ?

Le logo est mignon, très abstrait pour un œil non averti, avec un historique terriblement belliqueux, ou encore les « ondes du wifi » sont ringardes en 2015 mais bon… Que dire de plus si ce n’est que c’est encore un logo qui est là pour soutenir un plan de com’ sur la com’. Car oui, l’Élysée fait de la com’ et l’affiche clairement. On dirait presque que la com’ et la politique sont une même chose… non ?

Et pourtant.

Et pourtant, j’aimerais tellement qu’un projet humain, citoyen et respectueux sorte des cerveaux de l’Élysée. Qu’une initiative tellement vivante, riche et intéressante puisse me faire oublier le style d’écriture des 140 caractères de @Elysee_Com ou la qualité d’un logo en forme de hache.

Au final, ça n’est pas une question esthétique, ni même une question de qualité de cet énième plan de com’ de l’Élysée mais c’est, à mes yeux, une question citoyenne, une question d’utilité et une question d’éthique… une question de design donc.




12 commentaires

  1. « […] faire redessiner le logo de l’Élysée mais par une agence anglaise… »
    Ou comment se tirer une balle dans le pied d’entrée de jeu.

    Après tant au niveau esthétique que symbolique… bah bof quoi.

  2. Mouai, pas assez parlant pour moi.
    Ça me fait plutôt penser à des armoireries où il y a une accumulation de signes qui ne parviennent pas à vivre ensemble…

  3. Aïe aïe… Et au delà du logo, utiliser Twitter en 2015 pour faire du Macha Béranger avec un CM-qui-fait-des-smileys pendant que Le Foll termine son buffet saucisson-pinard avec les journalistes des conférences de presse, c’est dur. Quitte à créer un énième support politique « pour être plus proche des gens », il aurait été intéressant, à mon avis, de s’en servir pour montrer ou raconter les coulisses, la partie humaine. Pas pour faire semblant de discuter ou de faire jeune.

  4. « Au final, ça n’est pas une question esthétique, ni même une question de qualité de cet énième plan de com’ de l’Élysée mais c’est, à mes yeux, une question citoyenne, une question d’utilité et une question d’éthique. »

    Une question de design, de dessein, donc 🙂

  5. @Olivier:

    ah parce qu’en plus, ils ont payé une agence, qui plus est anglaise, pour ça?
    J’aurais fait ça gratuitement, ou alors je me serais fait payer pour quelque chose de mieux.
    Ah, République, que d’argent gaspillé en ton nom, dont tes valeurs ne profitent même pas!

  6. Bonjour,
    je vois (verticalement), spontanément et avant de vous lire :
    – une boucle d’oreille + une bâtonnet de Magnum + un point
    – une brochette + une faucille + un point
    – un oiseau + un totem + un point.
    Globalement, c’est bien complexe.
    Bien à vous.

  7. Je crois que ton article résume la pensée générale !!! En ce qui concerne l’Agence c’est L’agence Fred & Farid. Ma source est Marielle Marenati dans le groupe FaceBook « Graphiste et freelance, créations & discussions » voici son post « L’agence Fred & Farid est fondée en novembre 2006 avec le soutien financier de Vincent Bolloré (qui soutien le PS) par Frédéric Raillard, Farid Mokart et Christophe Lambert (ce dernier quitte la société deux ans plus tard). Voilà tout est dit !

  8. Pour moi qui n’ai pas votre compétence graphique, le problème majeur de ce logo est qu’il a pu passer toutes les étapes de validation (et il y en a sûrement eu un paquet) sans que personne n’ait réalisé que le rappel du drapeau sous la forme d’ondes WiFi a été réalisé à l’envers.
    Or, le drapeau français n’a pas seulement trois couleurs, il a un ordre : bleu-blanc-rouge. Ce n’est pas un détail, d’abord – à plat – parce qu’il s’agit de ne pas le confondre avec le drapeau néerlandais, ensuite parce que la France n’a pas le monopole du drapeau rond (la cocarde). Or, si on représente nos couleurs cocardées en mettant le rouge à l’extérieur, on ne symbolise plus la France, mais la Grande-Bretagne ou les États-Unis. Rien que ça.
    Sur un logo officiel de l’Elysée, c’est un comble.

    Non seulement ce logo est passé crème en un lieu où ces points auraient dû être connus plus qu’en tout autre, mais une fois rendu public et que des commentaires très rapides ont mis en évidence cette faute, personne n’a jugé bon au Palais de remettre les couleurs françaises dans le bon ordre, ce qui montre un degré d’inculture, d’ignorance et de mépris tout à fait remarquable.


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