Hello 🙂
Je fais suite à cet article d’Hubert Guillaud (que je salue au passage ;-) ) et à cette réflexion de Joe Wikert (directeur des conférences Tools of Change chez O’Reilly Media) au sujet de la lecture numérique de demain. En effet, les expériences de lecture numérique aujourd’hui sont extrêmement pauvres, qu’elles soient sur Kindle, site Internet, iPad, iPhone, tablettes, ces expériences sont limitées, imitent la lecture sur papier, la bibliothèque, la « pensée livre », etc. Nous en sommes encore aux balbutiements de toute cette lecture numérique.
Souvenez-vous, j’écrivais il y a quelques temps sur le sujet, en parlant justement de la mobilité qui permet à la lecture numérique de retrouver une part nouvelle de son expérience. En effet, comme le livre papier, les terminaux mobiles qu’ils soient smartphones (ordiphones), tablettes ou autres supports de lecture transportables, offrent une nouvelle dimension dans cette expérience. Intime, le livre numérique tient au creux de la main, on peut le toucher avec le doigt, il est possible de le secouer, de le géolocaliser, de changer son aspect, etc. Il devient alors un objet vivant à part entière. Tout comme avec Marinetti ou Mallarmé, la lecture sort des sentiers battus et se réapproprie son essence au travers du numérique. Elle redevient une expérience sensible et émotionnelle que chacun peut s’approprier au travers du texte, de sa mise en forme et de sa typographie mais aussi grâce à la façon dont on découvre le texte, le note, interagit avec celui-ci.
Enfin, piochant dans l’article d’Hubert Guillaud croisé avec celui Joe Wikert, je vous propose cette liste à compléter issus des deux articles de Hubert et de Joe.
Pour le livre numérique, je veux :
- Pouvoir donner aux livres, extraits et articles des priorités;
- Pouvoir mettre des tags sur les contenus;
- Avoir une interface qui vous rappelle les livres, extraits et articles que vous avez téléchargé sans les avoir ouvert depuis X semaines;
- Pouvoir s’abonner à des extraits de livres par thématiques pour les recevoir automatiquement;
- Pouvoir connecter son logiciel de lecture à Instantpaper ou Pocket ou Klip Me;
- Pouvoir connecter l’organisation de mes livres sous Calibre au logiciel de gestion de livres électronique de ma tablette ou de ma liseuse;
- Pouvoir avoir un peu d’intelligence et de recommandation automatiques;
- Je voudrais que mon logiciel de lecture de livre ressemble plus à Google Reader qu’a une étagère de bibliothèque;
- Qu’il me signale ce qu’il y a de nouveau, mes tendances de lecture;
- Qu’il me permette facilement quand j’envoie un contenu dans ce logiciel de lecture de lui donner une note, une date de péremption, de lui attribuer des étiquettes;
- Que certaines étiquettes puissent avoir des fonctionnalités;
- Pouvoir offrir un partage instantané sur une page, une citation, etc.
- Pouvoir écrire sur mon livre, corner une page
- Pouvoir prêter mon livre à quelqu’un
- Retrouver un réel confort de lecture, notamment avec la typographie
- etc.
Et si vous deviez, à votre tour, rêver l’expérience de la lecture numérique de demain… Comment serait-elle ?
Moi, parfois, je laisse tomber un livre pendant plusieurs jours, voire semaines. Et quand je le reprends, il m’arrive de ne plus bien me souvenir de ce qui c’était passé avant l’endroit où je m’étais arrêté. Je pense que le livre numérique pourrait proposer un résumé des événements jusqu’au point exact que j’avais atteint, sans spoiler la suite. Ca permettrait de se replonger avec plaisir dans l’oeuvre, sans avoir à faire de multiples retours en arrière…
En fait c’est assez insupportable de lire un roman, ou un essai simplement retranscrit sur un support numérique, alors qu’il a était écrit par quelqu’un qui la pensé sous la forme d’un livre…
C’est comme voir un film pensé en 2D, projeté en 3D. Ça n’apporte rien de plus…
Du coup ce que j’attends, c’est de voir des écrits conçut pour cette lecture numérique…
À chaque support sa pensée.
À mon avis, l’écriture pour le numérique n’est plus linéaire, elle est plutôt nébuleuse et permet un rapprochement avec la construction en rhizome de la véritable pensée humaine : fragment, tunnel, association d’idées étranges…
Imaginons que dans un paragraphe, une ligne de texte nous ouvre la voie vers un récit complémentaire, les notes de bas de page ne serait plus en bas de page, et on ne commencerait plus un livre (occidental) par la gauche à la page une, ni ne le finirait à la page 200… Peut-être que les écrivains les plus à même d’écrire pour ce support sont de la même veine que les oulipiens ?
Ça me fait penser à une série de roman meta-litterraire, très drôle (humour anglais), de Jasper Fforde où l’héroïne finie par évoluer dans le monde des livres et peu passer d’un livre à l’autre via les notes de bas de page…
Quelques pistes de réflexion sur une lecture mobile entre numérique (réalité augmentée) et papier dans notre projet de fin d’études de l’année dernière : http://www.behance.net/gallery/Overread/1882493
Sujet très intéressant, encore beaucoup de choses à faire en effet !
@Jérémy:
Tentative personnelle sur Wikipen : http://fr.wikipen.typhon.net/wiki/La_mal%C3%A9diction_universelle
Les liens en gras sont liés au récit, les autres sont plus dans l’esprit de Wikipen
« Pouvoir avoir un peu d’intelligence et de recommandation automatiques;
Qu’il me signale ce qu’il y a de nouveau, mes tendances de lecture; »
Oui de façon bien circonscrite, sans tomber dans le « sandboxing » à la Google Search qui, en fonction de nos goûts, nous renvoie des résulats conformes à notre « profil »…
on peut continuer cette liste longtemps, bcp de fonctionnalités m’intéressent mais ce qui m’intéresse davantage c’est l’ergonomie qui les permettra et qui me plaira. Ex : le glisser/déposer par écran tactile à Apple c’est génial. La même fonction avec des boutons, ça me gave.
Il faut voir si on préfère un livre numérique qu’on personnalisera plutôt qu’un livre papier ayant une âme, qui ne craint pas le soleil, qu’on peut prêter facilement (j’aime beaucoup prêter un livre qui m’a plus), et qui surtout n’a pas de batterie…
Autant dans le domaine éducatif je trouve que c’est un gain de place monstrueux (les jours où on avait cours de géo / math / français – soit les 3 plus gros bouquins au collège/lycée – on savait que le sac serait lourd) autant pour une lecture personnelle je trouve que l’édition peut apporter à l’histoire.
Vous me direz qu’on pourrait très bien avoir un travail graphique et de mis en page sur un livre numérique : vous aurez raison et même je dirai que je demande à voir, car à mon avis c’est là la clé du livre numérique. Certes il peut (et il est déjà) un support pour le texte (presque brut, on a supprimé l’affect du papier, la typo n’est pas la même, etc) mais surtout, il pourrait être une nouvelle expérience, un livre multimédia, ne serait-ce que par des musiques à certains passages, ou bien des variations de couleurs selon l’ambiance, il y a énormément à faire et cela serait très captivant…
Pour ma part je vois pas mal les choses comme Jeremy, un livre concu numérique. J’aimerais bien que le roman ne se passe pas toujours pareil (on le prete à un ami et on se rend compte qu’on a pas du tout lu le meme livre, je pense que ca en énerverait plus d’un mais je trouve ca tres amusant :D)
J’aimerais aussi une expérience totale multimédia, avec des eyes-tracker on pourrait savoir ou on en est et ajouter des sons qui vont avec la phrase lue. Meme chose avec quelques animations, ou bien simplement des couleurs d’ambiances pour ne pas trop détourner le regard du texte …
bref y’a des millions de choses à faire on vit une époque géniale \o/