Bonjour 🙂

Chose promise, chose due, je vous raconte aujourd’hui les récents échanges autour de la question du crowdsourcing créatif et de l’émoi que cela provoque ces derniers temps. Si vous me suivez sur Twitter, Facebook ou dans la vie quotidienne (c’est pas mal aussi) vous savez sûrement que j’ai rencontré hier, (le 21/07/2014) Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du Numérique accompagnée de Denis Tersen, Emmanuelle Ledoux, Emile Josselin et Nicolas Le Roux. Vous savez également que j’ai rencontré l’entreprise Creads représentée par Julien Oheix, Directeur Conseil et Alexandra Marmoux mercredi dernier (le 16/07/2014).

Et j’ai beaucoup appris.

Qui suis-je pour vous parler de tout ça ?

Tout d’abord, je ne suis personne. Je vous écris en tant que « moi ». Je ne vous écris pas en tant que…

  • représentant des graphistes en France (que je ne suis pas);
  • personne engagée en politique (que je ne suis pas);
  • qu’expert sur les questions législatives du travail dissimulé gratuit, etc. (que je ne suis pas);
  • membre d’un syndicat ou d’une association (que je ne suis pas)

Juste en tant que moi.

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Moi qui suis designer, qui ai été chercheur en design à l’EnsadLab, qui ai étudié dans une école Nationale Supérieure de design (l’Ensad), qui enseigne le design, qui dirige la pédagogie du design dans une école, qui écrit sur le design, qui pense, parle, et partage le design au quotidien…

J’aime le design, non pas seulement pour sa forme, sa beauté ou son intelligence (parfois) mais pour son objet : l’immatériel. Je suis designer depuis bientôt 10 ans, j’ai toujours été à la Maison des Artistes (la MDA) que j’ai quitté il y a plus de deux ans maintenant pour créer une entreprise, une SAS, afin d’embaucher, de développer mon activité autrement et de créer différemment dans ce pays que j’aime profondément. C’est beaucoup plus difficile qu’à l’époque de la MDA, mais j’aime la difficulté, je ne m’en cache pas.

C’est quoi le problème ?

Le point de départ de la question de fond du « perverted crowdsourcing » est partagé entre les rouages du capitalisme, l’intelligence du numérique et la mutation plus ou moins radicale de bon nombre de professions. Bon nombre de professions créatives et notamment le métier de graphiste ont un investissement financier à faible coût. En terme de matériel, un ordinateur avec Internet suffisent pour créer et couvrir la chaîne de création / production / diffusion. Je précise « pour créer », pas pour être graphiste ou designer.Evidemment, nous pouvons ajouter à cela des choses bien plus importantes comme avoir un cerveau, une culture créative, une éducation, du matériel professionnel, un réseau, etc.

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Les entreprises qui proposent de mettre en compétition des centaines de graphistes pour n’en payer qu’un seul, l’ont bien compris. Cela existe depuis longtemps, vous en connaissez sûrement de nom : Wilogo, Creads, Graphiste.com, Eyeka, etc. Evidemment, elles ne rémunèrent aucun créatif (qu’ils soient professionnels, amateurs, non déclarés, mineurs, etc.)… sauf celui qui aura eu sa création « élue » par le client, avec un abattement financier réalisé par la plateforme (taux qui peut aller jusqu’à 50% du montant global).

Bref, c’est de l’arnaque, chacun essaye de lutter contre à sa façon. Le mouvement #TravailGratuit est ainsi apparu lorsque Axelle Lemaire a rencontré très rapidement Creads lors de visites d’entreprises. Ses propos ont été mis en exergue et ont ainsi fait surgir une vague de protestation numérique. Vague qui a donné lieu à  des choses bien plus tangibles par la suite.

Qu’ai-je appris en rencontrant Creads ?

Comme je vous le disais, j’ai rencontré Creads pour les écouter. Oui, je trouve intelligent de rencontrer les gens avec qui l’on n’ est pas toujours d’accord. Là j’ai rencontré une entreprise qui a créé cette plateforme et j’ai tenté de les comprendre, de comprendre leurs motivations, leurs perspectives aussi. Je suis souvent pour écouter ce que chacun a à dire pour les comprendre et agir en conséquence.

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Pour rappel, j’ai bel et bien signé la pétition TravailGratuit, je n’ai jamais travaillé avec Creads, je suis fondamentalement contre la mécanique du crowdsourcing perverti, des prix pratiqués, des marges pratiquées, et j’ai eu l’occasion de m’exprimer plusieurs fois à ce propos. Mais voilà ce que j’ai appris :

  • J’ai découvert leur « charte » lors d’une rencontre avec eux dans un café le mardi 15 juillet. Ils m’avait fixé un rendez-vous il y a plus d’un mois.
  • Le terme de « graphiste qui a gagné » est revenu souvent dans leur présentation
  • Le but de Creads c’est aussi de – je cite – « révéler » les talents des graphistes
  • Ils se présentent comme une « agence participative » (je serais curieux de savoir jusqu’où elle l’est)
  • De grosses boîtes font appel à eux (maisons éditions, la Poste, etc.)
  • Sur le projet de la maison d’édition Dunod par exemple (pour la création d’une couverture de livre), ils ont reçu 80 propositions de couvertures (pas forcément 80 graphistes, mais 80 propositions)
  • J’ai eu la sensation qu’il y a une disparition du mot de « graphiste » pour le mot de « créatif », pour quelle raison, je ne sais pas
  • Exemple de leur fonctionnement : sur 100 « créatifs », le client en retient 5, et seul le « vainqueur » pourra éventuellement dialoguer avec le client
  • Ils ont prévu d’automatiser la cession de droit pour tous les « vainqueurs »
  • À la rentrée ils vont proposer l’option « Portfolio », un peu comme Behance
  • À la rentrée, ils vont faire des événements et en fin d’année aussi. Ce sera à Paris
  • Ils font en moyenne 50% de marge sur tous les prix
  • Les prix sont « fixes » (logo, affiche, couverture de livre, etc.)
  • Ils s’orientent vers « des appels à la création » aussi appelés « projets concepts » où les « créatifs » proposent leurs idées et non leurs images
  • Ils ont un « talent manager » qui vérifie la qualité des projets finalistes et 3 graphistes en interne (qui corrigent les fichiers illustrators mal conçus, qui finalisent le travail, qui font les déclinaisons, etc.)

J’ai surtout pris des notes, j’ai posé des questions sur les choses que je ne comprenais pas.

Qu’ai-je appris en rencontrant Axelle Lemaire ?

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Comme je vous le disais il y a quelques temps, j’ai été invité par Bercy pour participer à une rencontre afin d’échanger sur la question. Hier, elle a eu lieu avec Axelle Lemaire, Secrétaire d’État chargée du Numérique accompagnée de Denis Tersen, Emmanuelle Ledoux, Emile Josselin et Nicolas Le Roux. Et différents acteurs du graphisme et du design :

  • Marie-Noëlle Bayard et Arnault Garcia de l’AFD
  • Sébastien Drouin de Aether Concept (je vous invite à lire son article)
  • Sébastien Verdevoye de SV-Design
  • Julien Clément de Kobone
  • Baptiste Fluzin
  • Julien Moya
  • Julien Dudebout
  • Guillaume Belin de Chantemele de Belin Creation
  • Jean-Louis Fréchin de Nodesign
  • Ruedi Baur pour Mission Design
  • et moi-même

Les graphistes Julien Moya, Julien Dudebout, Guillaume Belin de Chantemele, Philippe Gelas, Julien Clément, Baptiste Fluzin et Sébastien Verdevoye ont présenté leur rapport sur le travail gratuit et leur lettre ouverte. Sébastien Drouin a présenté un rapport de l’association qu’il est en train de créer et Jean-Louis Fréchin, Ruedi Baur et moi-même étions là pour écouter et participer. Pour ma part, j’ai surtout écouté, le temps de parole étant très limité et les discussions parfois animées.

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Axelle Lemaire avait bien préparé le dossier et s’était renseignée sur les différentes questions et nous a consacré son temps, ses conseils et sa vision internationale du design (vision internationale que je partage). Voici quelques notes que j’ai eu le temps de prendre :

  • Axelle Lemaire s’est sentie malmenée par certaines réactions virulentes publiées sur Twitter et les blogs de certains graphistes, elle l’a rappelé. Elle a bien fait.
  • Elle a noté qu’il n’y avait pas de forte représentativité du métier du design en France
  • Cela a été difficile de regrouper les graphistes. Quelles sont les institutions et les personnes référentes ?
  • Elle avait demandé en amont et nous a présenté un « avis juridique » sur la question du perverted crowdsourcing, avis qu’elle nous a exposé.
  • Difficile de déclarer certains sites comme illégaux, il n’y a pas de jurisprudence
  • Il faut penser « international » et non franco-français
  • Pourquoi les graphistes n’adhèrent pas forcément à l’AFD ? (Alliance Française des Designers)
  • L’AFD s’est d’ailleurs retrouvé confrontée à certains graphistes sur le sujet
  • Il faut arriver à « disséminer les bonnes pratiques » du design, mais comment ?
  • Cela se passe par les forums, les blogs, les livres, les sites… mais ça semble ne pas être suffisant
  • L’approche légale a été souvent rappelée par certains graphistes autour de la table
  • Le problème du perverted crowdsourcing n’est pas comme celui de Airbnb ou de Booking ou de Uber
  • Les graphistes veulent faire appliquer la loi du travail et dénoncer le non respect de celle-ci par certaines entreprises
  • bien plus de détails sont précisés chez Sébastien et sur le forum Kob-One

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Quelles suites sur cette rencontre ?

Comme l’a proposé Émile Josselin, conseiller d’Axelle Lemaire, la prochaine étape va être d’organiser une réunion avec la Direction des affaires juridiques de Bercy, pour approfondir les points de droit relatifs au débat pour la mi-septembre. Ensuite, sachant que la commande publique doit montrer l’exemple, le ministère de la Culture travaille en ce sens. Un compte rendu des échanges qui ont eu lieu à Bercy va lui être transmis dans la perspective à la fois de la constitution de son guide pédagogique et de sa charte des bonnes pratiques, tous deux en cours de constitution. Ensuite, au travers de la FEVAD et d’Ubifrance, le Ministère va travailler à la création de sites et d’outils qui doivent être immédiatement internationaux afin de favoriser la mise en relation PME/designers graphiques.

Concernant les suites de la part des graphistes de #TravailGratuit, je ne les connais pas encore.

Quel est mon ressenti ?

Je suis partagé.

Tout d’abord, je suis ravi que la République tende l’oreille à cette profession. Le dialogue, c’est terriblement important. Prendre le temps d’expliquer de comprendre, de trouver un terrain d’entente, d’échanger. Je pars souvent du postulat que si quelqu’un a du temps pour se plaindre alors cette personne peut prendre ce même temps pour agir. Et c’est ce qu’il s’est passé. Je suis content de voir certains se mettre à rassembler leur courage, s’associer, travailler ensemble pour agir, créer un rapport, un dossier, une lettre ouverte, un site, une association, que sais-je encore. Merci à eux.

D’un autre côté, je pense que le graphisme d’il y a 10 ans, c’est terminé et qu’il faut sans cesse évoluer.  Les plateformes de perverted crowdsourcing sont inévitables et quand bien même il faut leur faire respecter les lois du pays dans lesquelles elles piochent leurs « créatifs » gratuits, le milieu du design et du graphisme ne s’en sortira que par le haut et en étant bien meilleur que ces plateformes.

Par ailleurs, si vous décortiquez le processus même de ces plateformes, vous comprendrez que rien de qualitatif ne peut en sortir. Rien que le fait de ne pas rencontrer la personne pour qui l’on crée, rien que le fait de prioriser la quantité, rien que le fait d’être sous-payé…

Si vous saviez comme j’aurais aimé avoir autour de la table d’autres personnes d’expérience comme Véronique Marrier (du CNAP), Dominique Sciamma (Strate), Peter Gabor, Dirk Behage, ou encore quelqu’un que j’admire avec passion : Pierre Bernard (ACG). Rudi Baur et Jean-Louis Fréchin étaient cependant présents tous les deux et leur vision globale et qualitative m’aura fait beaucoup de bien. Merci à eux.

De même, même si je me prends parfois des piques, des insultes ou des critiques déplacées de certains graphistes, cela me touche mais ne m’atteint pas car le design est profondément un métier d’intelligence, de progrès et qui adresse notamment la question de l’immatériel. Il faut avancer, laisser le graphisme de labeur et innover dans un monde résolument contemporain, international et concurrentiel. On ne peut plus faire du design de l’inutile aujourd’hui. Oui c’est dur, on fait surtout ce que l’on peut mais personne n’a dit que ce serait facile. Rien ne sert de perdre du temps avec toutes ces idioties.

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Enfin, plus que de la pédagogie, il faut militer pour la création de qualité. Qu’elle soit enseignée dans des écoles de qualité avec des enseignants de qualité (comme c’est déjà le cas dans certaines écoles). Que la commande publique montre la voie également, mais pas seulement.

Chacun fera aussi comme il peut avec sa propre créativité. C’est aussi ce qui est beau dans nos métiers, il n’y pas pas « une » solution ni « une » réponse, il y en a plusieurs et il faut choisir. Certains créeront un syndicat, d’autres une association, d’autres un concurrent de Creads, d’autres encore enseigneront le design de leur mieux, d’autres attendront que cela se tasse, d’autres encore essayeront de porter le sujet devant la justice, d’autres encore… je vous laisse imaginer toutes les solutions possibles.

Enfin, pour ma part, je continuerai d’écouter, de réfléchir et d’avancer en continuant ce que j’ai toujours fait : du design.

À suivre, certainement.




37 commentaires

  1. Très bon résumé, très instructif et j’ai hâte d’en savoir plus sur la suite des évènement, juste deux ou trois questions, est-ce que suite à cette réunion vous avez réfléchis à créer une « plateforme », asso,… dans le genre de l’AFD pour regrouper les métiers de la création, comme Mme Lemaire l’a fait remarqué ?
    Autre point, nous sommes tous dans les métiers de la création, évoluer, s’adapter, je pense que nous savons faire, le problème je pense ce trouve dans les lois qui n’évoluent pas assez vite par rapport à ces entreprises qui jouent sur les mots pour ne pas être sanctionnée.

    En tout cas, c’est un bon début et merci de votre investissement personnel sur ce sujet délicat.

    Rémi

  2. Bravo pour cet article que j’ai lu comme mes romans préférés. J’admire se que vous avez fais pour la profession. C’était indispensable. J’espère que cela fera évoluer les choses.
    Pour ma part, je suis dans le sud de la France (près d’Avignon), et c’est extrêmement décourageant le nombre de demande de travail gratuit que je reçois. Elles sont même plus nombreuses que les demandes sérieuses. Je croise les doigts pour qu’il y ai un changement radical de mentalité.

  3. Je suis partagé sur cet avis même si je comprends parfaitement le malaise
    Quand on passe nous aussi des heures à répondre à un appel d’offres on n’est pas payé. On se défonce pour faire la différence et parfois pour rien… Y’a aussi le soucis que des entreprises ont déjà choisi avec qui bosser mais la loi veut qu’un appel d’offre soit émis
    Bref, du coup c’est un peu pareil là. Seul le meilleur est pris …
    Je sais pas comment peut on changer ça à moins de réduire le nombre de graphistes participants mais du coup les clients auront moins de choix
    Dure question en effet

  4. Bonjour Geoffrey,

    Merci pour ce résumé. Effectivement beaucoup de questions sont encore à soulever quant à l’évolution du graphisme en France et ailleurs. Comme tu le précises si bien, l’écoute et le dialogue sont toujours constructifs.
    Nous voulions juste préciser que nous évitons de parler de « graphiste gagnant » car la création n’est pas une loterie; mais de « créatif qui cède ses droits » car sa création est choisie par le client.
    Et si nous parlons de créatifs et non de graphistes, c’est parce que nous travaillons aussi avec des concepteurs-rédacteurs, des illustrateurs, des motion designers, des communicants… en fonction des projets !
    C’est peut être plus clair maintenant ?
    A bientôt !

  5. Merci pour ce retour complet !

    Je soulèverai un point qui me semble important : pourquoi les graphistes sont-ils aussi susceptibles ou catégoriques face au changement ?
    Je suppose que c’est leur sensibilité ainsi que leur caractère qui veut ça. Peut-être un peu leur égo et le besoin de reconnaissance. Dans tous les cas c’est impressionnant de voir avec quelle détermination ils défendent leurs idées.
    Et c’est fou de voir que le gouvernement s’attarde sur cette profession, cette fameuse « reconnaissance » est peut-être proche 🙂

    (je dis « ils » mais je suis dedans aussi)

  6. Ce qui fait le succès d’un graphiste, c’est qu’on ne trouve pas ailleurs ce qu’il propose! Et comme dit Etienne Mineur, faut être très bon! Là, Il a vraiment raison!
    Soo long!!

  7. C’est pour ce genre d’articles que je te suis, merci pour le compte rendu!

    Je pense que le problème vient du fait que les clients confondent le métier de graphiste (ou des autres créatifs): ils pensent que c’est une simple vente de produit immatériel au lieu d’un service. C’est vrai, pourquoi payer quelques centaines d’euros pour une petite image à mettre en en-tête? Lorsqu’on recoupe cette pensée avec le coût matériel (comme tu l’as dit, un PC et une connexion internet pour résumer) je peux comprendre pourquoi ils s’orientent de plus en plus vers ce genre de sociétés.
    C’est comme une entreprise qui va acheter une photo à 2€ sur le net au lieu d’engager un photographe. En temps de « crise » la communication est le premier secteur à être court-circuité, même si paradoxalement les entreprises qui se développent le plus sont celles qui se basent sur la communication. Et dans la communication on limite les coûts sur les créatifs.

    Je ne suis encore qu’étudiant mais je pense qu’avec un bon démarchage et une explication claire des rôles des graphistes, le futur n’est pas si noir. Je suis peut être un peu naïf.

  8. Les graphistes ne sont-ils pas membres de La MdA (Maison des Artistes ou Agessa) ?
    Ne connaissent-ils pas un syndicat comme SMdA-Cfdt (Solidarité Maison des Artistes) qui est un syndicat assez discret mais plutôt opérant à la différence de bien des braillards qui ne gesticulent que pour ramener des cotisations ?

  9. Ce qui est vraiment décourageant c’est l’idée/l’image du graphisme en France. Je suis française, mais j’ai étudié en Suisse et ai ensuite trouvé un job dans un studio à Londres. Et je ne me vois absolument pas revenir en France. En tout cas pour le moment.
    En Suisse il y a une vraie culture du graphisme, et des idées intelligentes pour les jeunes créatifs (je pense par exemple à Briques Creatives http://www.briquescreatives.ch), tout comme à Londres! La différence principale est que je pense que dans ces pays les clients/administrations/etc. ont compris la différence entre advertising et graphisme et l’importance de notre travail.
    Je suis vraiment optimiste de voir que le monde des graphistes français se bouge et essaye d’exister! Il reste plus qu’à éduquer les clients, j’imagine 🙂

  10. @Roland:
    Bonjour.
    Comme le Snap-Cgt et (très peu) d’autres, ces syndicats (effectivement discrets) ne gesticulent pas pour grand chose…
    Où étaient-ils d’ailleurs ce jour là ?
    Ce sont de surcroît des syndicats politiques / politisés, et du même « bords » il me semble.
    Le seul professionnel et a-politique est l’AFD, même si il y a à redire on ne peut pas le lui enlever !

  11. Le Terme DESIGN me gêne , je l’aime pas !
    C’est un anglicisme de la famille des faux amis : la plupart des gens (francophones) le comprennent dans son sens phonétique et donc la plupart des Designers sont des graphistes et ne sont là que pour (essayer de) faire du Joli .
    La traduction littérale est CONCEPTEUR, donc dans le monde informatique , cela devrait être d’abord un programmeur , un analyste avec une approche globale des solutions à apporter.
    Plus globalement un designer est un ingénieur généraliste..
    Mais comme d’habitude en France on galvaude tout, les ingénieurs français sont des glandeurs chefs de techniciens et aptes seulement à les engueuler ( quoi? je caricature ? même pas!)

  12. Mouais, intéressant mais il serait bon de proposer des solutions, par exemple éduquer les gens, ne serait-ce qu’en expliquant la définition du mot design (dessein) ? Je ne vois malheureusement pas trop comment dans une économie en crise changer les mentalités ? Tout les jours je me bats contre mes collègues développeurs et chef de projet pour faire valoir mes droits et c’est bien dommage, que nos métiers soient parfois trop mal considérés (comme accessoire à la réalisation d’un projet…). Même au sein de ma propre équipe de travail que j’ai constitué moi même pour faire face à ce problème, je me retrouve à me battre pour encore une fois faire reconnaitre mon savoir faire… Alors que pourtant, je me demande comment est ce que l’on peu arriver à faire des choses, sans les bases d’un bon design ? Qu’adviendra t’il des intégrateurs, le jour où les outils auront simplifié le travail comme ce fut le cas pour le graphisme ? Pour ma part je pense que la solution serait peut-être avant toute chose d’éduquer correctement les gens qui se prétendent graphiste, designer, créatifs… leur donner les bonnes bases pour se comporter en professionnels et fuir par exemple les sociétés de crowdsourcing. Il y a trop d’amateurs qui font vraiment du tort à la profession… Je pense qu’il faudrait vraiment valoriser le métier de designer, faire valoir et définir très clairement ses atouts… Pourquoi ne pas faire un site où l’on pourrait présenter des travaux avec et sans designer par exemple ? Reprendre des projets ratés et faire valoir notre savoir faire en montrant ce que cela aurait pu être autrement avec un traitement en amont, à la base, à la racine, en posant les bonnes questions (par exemple : les objectifs d’un site web). Trop de fois, je participe à des projets où tout est déjà tranché d’avance comment faire correctement mon métier dans ses conditions ? Merde la France.

  13. Hello,

    Merci pour cet excellent résumé.
    Voilà je travaille comme DA freelance depuis près de 15 ans et malgré que j’ai écrit l’année dernière un billet contre le crowdsourcing (ou plus exactement contre le free pitching) j’ai légèrement évolué de position ce qui fait de moi sans doute le seul designer en France à trouver que ce n’est pas si grave au fond.

    D’abord, ce n’est pas un secret de dire que les clients n’ont pas attendu Creads pour avoir une image désastreuse du design. C’est un problème de fond. Aussi quand j’entend ces commentaires qui accusent ces plateformes de tirer le niveau vers le bas, je ne suis pas d’accord.
    Le design n’est pas respecté mais le crowdsourcing n’y est pour rien là dedans.

    Ensuite, je tiens aussi à rappeler que ces plateformes n’ont aucun monopole d’aucune sorte, à la différence du free pitching qui s’est largement répandu et qui de fait est beaucoup plus dangereux pour la profession. Donc, sans monopole et comme l’auteur l’a souligné on est libre de choisir de participer ou non à ces plateformes.
    Pour ma part je n’y suis jamais allé, ça ne me correspond pas. Et je ne me sens pas plus attaqué ou en danger parce que certains sont prêts à travailler gratuitement. En fait c’est tout le contraire.

    S’il y a bien une chose que j’ai apprise en 15 ans de freelance, c’est que ce qui est gratuit n’a pas de valeur. Mes clients ne m’estiment pas parce que j’accepte de travailler gratuitement pour leur compétition mais au contraire parce que je suis très cher. Et les gens qui acceptent de travailler gratuitement ne se rendent pas service mais c’est leur problème. Quand à l’idée que cela pourrait m’obliger à tirer mes prix vers le bas, c’est tout simplement ridicule. Le monde de la gastronomie en est l’illustration parfaite. Que je sache les fast-food n’ont pas tirés vers le bas les tarifs des restaurants grastronomiques. Dis comme ça, ça parait complètement idiot. C’est pourtant l’argument avancé par certains.

    Une chose sur laquelle nous sommes tous d’accord c’est que se retrouve sur ces sites des freelances débutants ou bien expérimentés mais s’investissant au minimum dans leurs « créations ». En somme le niveau n’est pas très haut. Mais est-ce un mal en soit ?
    Si certains clients sont demandeurs de ce genre de prestation, pourquoi les blâmer ? Il y a un marché du low-coast comme il y a un marché de la bûche glacée à 10€.

    Quand au fait de travailler gratuitement, pour moi c’est une façon comme une autre de prospecter. Certains re-design des sites internets et applications mobiles gratuitement et les postent sur les réseaux sociaux pour se faire remarquer. D’autres passent des heures à nourrir des blogs dans l’espoir d’attirer des lecteurs qui pourraient se transformer en clients. D’autres encore passent des jours à taper aux portes, envoyer des portfolios, répondre aux annonces… Pour les utilisateurs de Creads c’est un moyen comme un autre de trouver de nouveaux clients. Et puis on est en France, les gens sont (encore) responsables de leurs actes. Que je sache Creads ne trompe personne, ni les freelances, ni les clients.

    Quand à cette idée que cela pourrait avoir un effet contagieux, je ne pense pas. Ou du moins, cela aura un effet certes mais limité.
    Le low-coast n’a pas encore tué le marché du luxe et n’est pas prêt de le faire. J’ai même le sentiment que le luxe se porte beaucoup mieux depuis que le low-coast existe car il a un effet repoussoir sur une bonne partie des gens.

    Toute la question est de savoir si le client type de Creads serait passé par de vrais designers si le site n’avait pas existé. Honnêtement, je ne pense pas.

    Finalement, le low-coast est peut être l’occasion pour nous designers de justement acquérir une VRAIE reconnaissance et de faire reconnaitre la qualité de notre travail.
    Exactement de la même façon que l’on reconnait plus facilement le talent de ces restaurateurs où TOUT est fait maison parce que justement la junkfood existe.

  14. Sans vouloir être crispant, et ne connaissant pas la situation française (je suis belge), nous sommes un peu responsable de la situation. Il n’y a pas plus individualiste qu’un graphiste. Pas de fédération, pas d’organisation professionnelle pas de promotion de la profession… Et j’en passe. Qui serait prët a cotiser annuellement une ne fut-ce que 50€-100€ pour entretenir une association professionnelle ? Pour avoir testé l’idée autour de moi : personne. Personne n’y croit et tout le monde ne se preoccuppe que de son petit job. Cet individualisme dévalorise notre profession depuis tres longtemps. Unir ses forces fait tellement dépassé… Je rappelle qu’aux etats-unis, terre de libéralisme, les scénaristes de hollywood ce sont constitués en guilde pour défendre leurs intérêts, et ont même retardé le tournage de certains films. Plutôt que pleurnicher, défendons la création, et fixons un cadre fiscal aux crowdsourceurs. L’obligation d’avoir un registrement comme travailleur indépendant ad minima pour les participants par exemple… Ca calmera le jeu. 50% de com + les contraintes fiscales ne motivera plus personne. Et rendre les crowdsourceurs responsable de leurs travailleurs, comme n’importe quel patron doit prouver la légalité de chacun de ses travailleurs.

  15. @GeekLette:
    « Seul le meilleur est pris  » non ce n’est pas du tout ca il s’agit davantage de « j’aime/j’aime pas ».
    La grande majorité des clients sur Creads ne sont pas du tout au fait de la com et donc de leur com. Il n’y a pas d’échange entre eux et les graphistes au préalable. Creads dit faire du conseil mais c’est loin d’être le cas sinon il y aurait des briefs bien plus précis et donc des choix finaux bien plus appropriés. On voit par ailleurs Creads suggérer fortement aux graphistes de réaliser plusieurs propositions notamment concernant les logos qui n’ont rien à voir entres elles tellement le client ne sait pas ce qu’il souhaite.

    Aussi, il y a des différences majeures entre un appel d’offre ou concours et le crowdsourcing. D’une part lors d’appel d’offre le nombre de participant est moindre et ils tendent aujourd’hui à rémunérer et n’est souvent que le premise d’un travail bien plus conséquent.
    D’autre part le client découvre toutes les creations une fois l’appel d’offre terminé or chez creads le client voit au fur et à mesure les propositions créatives et il est tres fréquent qu’il ajuste son brief voire le modifie complétement.

    Ensuite il y a d’autres problemes : droits d’auteur – plagiat – exploitation meme si personne n’est obligé d’y participer) car ce genre de site fait tout pour faire copain copain et entretenir une pseudo communauté. (Interview, le tutoiement, apero, petit concours « rigolo », photos et également ce systeme de « like », de classement entre graphistes qui apporte de l’addiction. Systeme qui à déjà fait ses preuves d’en d’autres domaines) – la dévalorisation du métier du fait que les clients choisissent une com inappropriée et s’en satisfassent et tout ca pour une somme dérisoire.

  16. Peux-tu préciser pourquoi Creads n’est pas similaire à un Airbnb ou un Uber ?

    Pour ma part, en tant que designer travaillant en startup, je peux voir qu’aucune boite dans notre entourage n’est prete à dépenser de l’argent pour un graphisme quelqu’il soit.

    Ma pratique de designer me force à me demander ce que veulent les gens : manifestement, ils en ont rien à faire d’avoir un logo (ou autre) très réfléchi et poussé, ils ne souhaitent qu’une image permettant d’avoir un semblant de branding, parce que ce qui est important c’est avant tout le produit, l’experience utilisateur, la qualité de service rendu. Et c’est vrai ! (je parle pour les jeunes et moyennes entreprises)

    Je suis de l’avis de Geoffrey, de même que les taxis, peut être que les graphistes doivent se bouger et faire evoluer leur métier ?

  17. @Adry:
    Oui et c’est plutôt simple la différence est que le client qui s’adresse à Airbnb ou Uber ne reçoit qu’une seule prestation et donc personne ne travaille gratuitement.
    Pour ce qui est de ton analyse sur ce qu’attendent les clients je ne suis pas tout à fait d’accord. Et tous ceux qui ont bâclés leur com devront la revoir tôt ou tard. La communication est tout autant primordiale que l’offre.

  18. @whoswho
    En effet. Ceci dit je voyais plus la similitude dans le fait que, comme Uber et Airbnb, le « monopole » pré-installé (ici, les graphistes) se retrouve confronté à une armada de personnes non qualifiées prête à travailler pour peu cher.

    Oui ceux qui ont baclé leur com’ devront la revoir, mais la com’ dans les startup n’a rien à voir avec celle plus « classique ». Elles favorisent le contact direct, et ne mette pas en avant leur image de marque. Elle est juste là par principe, mais n’a que peut d’intéret quand l’entreprise comptabilise que 5 personnes.


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