Les offres de bureaux virtuels se multiplient, mais Jooce a une stratégie particulière. Il veut s’imposer là où les marchés du Net sont en train d’exploser, dans les cybercafés d’Inde et de Chine, notamment…
La notion de « bureau virtuel » ne date pas d’hier. Au début de la décennie, Desktop.com s’était déjà illustré en proposant un environnement de travail accessible via Internet Explorer. Le Web collaboratif remet la tendance au goût du jour. Mais la donne a changé. Ils sont aujourd’hui plus d’une quinzaine à proposer peu ou prou le même service. L’un d’entre eux, le français Jooce, s’est choisi un créneau bien particulier : la clientèle des cybercafés, de préférence installés dans les pays émergents.
Professionnels en déplacement, clientèles d’habitués, gamers et, d’une façon plus générale, tous ceux qui n’ont pas les moyens de d’avoir un ordinateur à la maison, c’est d’abord à ceux-là que Jooce s’intéresse. Contrairement à ses concurrents, l’équipe a voulu faire simple : « Nous présentons moins d’options que Google ou Netvibes. Notre philosophie ressemble un peu à celle d’Apple : proposer quelque chose d’accessible, dans un environnement agréable. En revanche, impossible de bricoler avec l’interface », explique Stefan Surzycki, PDG et l’un des trois fondateurs de Jooce.
Ce soin apporté au design apparaît dès la page d’accueil. Le site fait appel à la technologie Flash pour animer l’ensemble du bureau virtuel. L’espace privé, auquel vous seul avez accès, s’articule autour de quatre fonctionnalités : le partage de fichiers audios, photos et vidéos, un lecteur multimédia, la messagerie (Yahoo, ICQ, AIM, et Messenger), et le stockage en ligne sécurisé et pour l’instant illimité. Un clic permet de fait pivoter à l’écran le bureau d’un quart de tour, pour accéder à l’espace public baptisé Joocetop. A l’instar de ses équivalents dans Facebook ou MySpace, cette page web, accessible par tous les membres de Jooce, permet de vous “présenter au monde”.
Jooce revendique aujourd’hui 70.000 clients. Plus de la moitié d’entre eux ont été recueillis ces deux derniers mois grâce à un partenariat avec un réseau de cybercafés macédoniens. D’ici quelques semaines, un accord devrait être signé aux Philippines avec un réseau composés de 200 salles. L’entreprise a également engagé des démarches avec l’Inde. En Chine, où les contacts sont déjà pris, elle se verrait bien ajouter le logo de QQ, le MSN chinois, à la liste des messageries proposées. A la clé, un pactole estimé à plus de 160 millions d’utilisateurs à travers le monde ! Cette volonté de présenter d’entrée de jeu une carte de visite planétaire se retrouve dans les langues proposées sur la page d’accueil : 17 aujourd’hui, une trentaine d’ici à la fin de cette année. « Nous visons quelques millions de clients à cette échéance, mais si nous arrivons à 800.000, nous serons satisfaits », note Stefan Surzycki.
D’ici là, la jeune équipe, souhaite donner la possibilité aux développeurs tiers de concevoir de nouvelles applications (bureautique, IM, jeux vidéo…), ou de créer des « skins » originales, et payantes. Elle entend également proposer à ses utilisateurs les moyens de personnaliser leur interface (tendance Windows, Mac…). Quant à la publicité, elle fera son apparition, une fois le cap des 100.000 utilisateurs franchi, et sous forme d’avatars venant faire une apparition à l’écran. « Si cela ne marche pas, on essaiera de vendre des services premium : par exemple, de la bande passante plus large », ajoute Stefan Surzycki, un brin philosophe. Ce jeune PDG dit miser davantage sur la croissance de son parc d’utilisateurs que sur ses bénéfices pour valoriser l’entreprise. Et la revendre. D’ici cinq ans.