Hello 🙂

Une fois n’est pas coutume, j’accueille un invité sur Graphism.fr ! Il s’agit de Sébastien Drouin, un ami consultant en communication visuelle de Saint-Brieuc. Il est aussi formateur, graphiste, métalleux et rôliste, un drôle de bonhomme quoi ;-) Sébastien aime écrire et souhaite nous partager la question suivante et y répondre par la même occasion :

Et si les designers graphiques sauvaient 200 000 arbres grâce à la typographie ?

« La typographie n’est pas quelque chose d’immuable, n’en déplaise à certains. Elle est vivante ! Et comme toute chose vivante, elle évolue et se diversifie. Et dans toute sa diversité, en voici une qui pourrait bien changer notre façon de lire un livre tout en préservant l’environnement.

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L’initiative nous vient du studio suédois de design graphique Bedow, qui a estimé qu’il était grand temps de réécrire le livre au sujet de l’espace vierge. Mais avant d’aller plus loin, un peu de culture.

À la fin des années 40, un typographe allemand, Jan Tschichold, conçu un ensemble de règles typographiques pour Penguin Books, un éditeur britannique. Ces règles de composition étaient une tentative de normaliser le langage visuel employé par le catalogue de l’éditeur. Il se voulait à la fois esthétique et fonctionnel.

Les règles de composition de Penguin étaient une tentative de normaliser le langage visuel du catalogue de l’éditeur, à la fois fonctionnel et esthétique. 60 ans plus tard, ces règles sont toujours là. Utilisées par de nombreux graphistes, délaissées par d’autres, elles n’en demeurent pas moins connues à travers le monde entier. Mais ces règles souffrent d’un problème bien particulier. Jan Tschichold a créé celles-ci à une époque ou la composition manuelle et l’usage de la typographie étaient universelles. Et Tschichold était loin d’anticiper la crise environnementale qui allait venir ensuite… Pour reprendre les chiffres de Bedow, Penguin Books imprime de 600 millions de livre chaque année, soit 1,5 millions d’arbres. Rien que ça.

En revenant sur plusieurs espaces qu’ils estimaient superflus sur le catalogue de Penguin, Bedow a été alors en mesure de proposer un nombre assez important d’améliorations aux règles de composition typographiques. En effet, ça nous fait revoir un peu nos « canons » mais je trouve ça extrêmement bien pensé, dans la mesure où ça pourrait bien permettre à la terre d’économiser plusieurs milliers d’arbres chaque année.

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Tout d’abord, la page du demi-titre. Le rôle de cette page était avant tout lié aux techniques d’autrefois afin d’empêcher le volume d’être sali avant que la couverture du livre ne soit fixé. Les techniques modernes rendent cette habitude inutile. On sauve ainsi deux pages par livre. De même, commencer un chapitre sur une nouvelle page est esthétiquement plus agréable et donne au lecteur comme une petite récompense après avoir terminé un chapitre. Toutefois, si nous renonçons à cette récompense, une espace vide peut être éliminée et des pages supplémentaires peuvent êtres évitées. L’utilisation d’une espace est une indication claire pour un nouveau paragraphe, mais il laisse aussi une ligne inachevée. Bedow propose l’usage d’un carré noir en lieu et place pour indiquer le début d’un paragraphe. Bon, là je suis un peu moins fan de l’idée, le rôle du paragraphe étant quand même de faciliter la lecture.

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Autre proposition : si un signe de ponctuation en suit une autre, ils pourraient alors être réunis en un seul et même glyphe, ou ligature. Les dessinateurs de caractères pourraient alors proposer de nouvelles ligatures, afin d’économiser de l’espace dans les polices d’écritures futures.

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Enfin, si un seul grand éditeur changeait ses habitudes de composition, ça pourrait se traduire par le sauvetage d’environ 202 500 arbres par an. Et, si d’autres entreprises emboîtaient le pas, ce sont des forêts entières que nous préserverions. [ source ] »

Merci Sébastien, c’est un beau questionnement soulevé sur l’écologie et l’impact du design sur la question de la nature. Je sais qu’il y a beaucoup d’idées qui vont en ce sens, je reste à l’écoute dans les commentaires de cet article pour avoir vos idées, vos trouvailles en matière d’écologie et de design 🙂




10 commentaires

  1. Je trouve l’idée très bonne surtout pour la page de demi-titre et les début de chapitres. Je reste cependant dubitative pour les carrés noirs de fin de paragraphe. Quid de l’ergonomie de lecture ? De la fatigue visuelle ?
    Enfin, pour les ligatures de ponctuation, je trouve ça intéressant. À voir, comment introduire ces nouveaux caractères pour le grand public.
    Je vais suivre cette initiative, que je ne connaissais pas, avec grand intérêt.
    Merci pour la découverte 🙂

  2. Il me semblait que les papetiers utilisés désormais des forêts « plantée par l’homme ». C’est à dire qu’ils ne font pas disparaître les arbres, mais les régénèrent…en tout cas au niveau européen.

    Le principe de chapitre intégré à la suite, il me semble l’avoir déjà vu dans les bibles de poches.

    Le reste est intéressant mais le confort de lecture en prend un coup.
    Le côté écono-écologique n’est pas négligeable mais il y a, à mon avis, d’autres secteurs plus pertinents.

  3. Comme dit plus haut, ça diminue pas mal le confort de lecture.
    Et juste après la lecture de l’article, plus bas dans la page je tombe sur cette illustration : https://graphism.fr/wp-content/uploads/2015/09/23.jpg
    …donc si on veut pas que les livres ne deviennent qu’un lointain souvenir, soignons les mises en pages, une tablette ou autre sera toujours plus néfaste pour l’environnement qu’un bouquin, même publié en 1 million d’exemplaires.

    Et tant qu’on parle d’économies, Geoffrey, pourquoi publier l’intégralité de chaque article sur la page d’accueil au lieu d’une intro ? Cela permettrait :
    – de limiter les ressources serveur
    – de ne pas avoir à scroller pendant 2mn pour atteindre l’article suivant
    – d’améliorer nettement l’ergonomie du site (sur mobile c’est la cata ! il faut scroooooooooooller longtemps)
    – d’éviter de devoir parcourir 3 pages pour trouver un article d’il y a une semaine
    – de faire plaisir à (au moins) un fidèle lecteur 😛

  4. N’y a-t-il pas une phrase à double vers 4e-5e paragraphe? « Ces règles de composition étaient une tentative de normaliser le langage visuel employé par le catalogue de l’éditeur. Il se voulait à la fois esthétique et fonctionnel. »

  5. @BigG: Hello MisterGoof 🙂

    +1 pour le fait de soigner les interfaces de lectures, qu’elles soient papier ou numérique
    +1 en effet historiquement je publie l’intégralité de mes article sur la HP, mais il se peut que ça change
    +1 pr te faire plaisir alors 😉

    G.

  6. Malheureusement, les arbres sont utilisées comme matière première pour bon nombre de nos produits de consommation et pas que pour des livres… Cependant, toute idée est bonne à prendre, à méditer et à mettre en oeuvre quand il s’agit de sauver des arbres, et de respecter la Nature.

    Aussi, pourquoi garder l’arbre comme matière première de nos pâtes à papier ? Il existe différents types de papiers comme le Papier de Chine fabriqué à partir de fibres de bambou, le Papier du Japon fabriqué à partir de fibres de mûrier très connu pour sa légèreté, sa flexibilité et sa solidité, et le Papier d’Inde, qui est similaire au Papier de Chine mais en plus grossier… L’art du papier oriental est bien antérieur à nos premiers essais de fabrication de papier (époque médiévale je crois).

    Pourquoi n’avons nous pas encore essayé de remplacer la pâte à papier par une autre matière première non-polluante ?

    Ci dessous un lien vers un extrait d’une revue de botanique appliquée et d’agriculture coloniale datant de 1925 et qui traite de la pâte à papier fabriquée en Indochine à partir de graminées.. Intéressant non ?
    http://goo.gl/PsGyYx

    Merci pour ce joli post.

  7. Pour résumer, les deux idées principales sont : d’une part d’économiser du papier en adoptant des nouvelles règles typographiques et d’autre part de sauver des arbres en économisant du papier.

    Je trouve ces deux idées assez étranges. L’économie de papier ainsi faite est au mieux marginale et au prix non négligeable du confort de lecture. Il y a probablement des économies bien plus importantes à faire et sans impact pour les lecteurs. Par exemple en optimisant les circuits de distribution. Il y a 100 millions d’invendus en France chaque année, dont la plupart finissent au pilon… C’est un cinquième de la production !

    http://www.lexpress.fr/culture/livre/voyage-au-bout-du-pilon_820222.html

    Je trouve l’autre idée, de « sauver des arbres », très simpliste. La production de papier est faite à partir de plantations destinées à cette utilisation. « Sauver des arbres » en réduisant sa consommation de papier c’est un peu comme « sauver du blé » en réduisant sa consommation de pain. L’industrie papetière n’est pas neutre écologiquement mais réduire ça à un nombre d’arbres…

    https://fr.wikipedia.org/wiki/P%C3%A2te_%C3%A0_papier#Impact_environnemental

    Je trouve intéressant de prendre du recul par rapport à des règles établies dont on peut avoir perdu de vue l’origine, mais l’argument écologique me paraît bien tiré par les cheveux !

  8. @Sheldo: Je pense que c’est la somme de petites choses qui peut permettre d’arriver à un résultat concret. Je pense aussi qu’il est plus facile de mettre en place plein de petites mesures que de chercher à voir uniquement en grand, et que les unes n’empêche pas les autres 🙂

  9. @Coquet: Je ne suis pas experte en matière de réglementations mais je sais qu’il existe quelques labels/logo notamment français qui permettent d’en savoir un peu plus sur le papier ou les produits qui dépendent de cette production. En France les deux plus courants sont PEFC et FSC pour une gestion durable des forêts.
    http://www.pefc-france.org/articles/demarche-de-certification-pefc
    https://fr.fsc.org/certification.183.htm
    Il y a également le label allemand Der Blue Angel et APUR mais évidements il y a beaucoup d’éco-labels, ils n’ont pas tous les mêmes exigences et ne sont pas tous officiels, pas toujours évident de s’y retrouver donc.
    https://www.blauer-engel.de/en
    http://www.vedura.fr/guide/ecolabel/bois-papeterie

    Il y a aussi les papiers recyclés:
    « l’anneau de Moebius: ce n’est pas un label, mais une auto déclaration. Seul, ce symbole vous indique que le produit ou l’emballage est recyclé. Agrémenté d’un chiffre, il indique le pourcentage des matières recyclées que le produit contient.

    Le point vert: il vous signale que le fabricant a payé une contribution au recyclage des emballages. Il ne signifie en aucun cas que l’emballage ou le produit lui-même est recyclable. »
    (OUSSET Emmanuelle, Toutes les clefs pour être écolo au bureau, Italie, ed. esf éditeur, coll. Management les guides, 2012)


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