Le design doit opérer une transformation radicale. C’est une conviction profonde que je défends pour quatre raisons principales :

1. Le monde est en pleine dérive — dérèglement climatique, pollution, économie de l’attention, crises politiques et sociales — et les designers portent une part de responsabilité dans cette situation.

2. Trop de gens, y compris un bon nombre de designers, ne saisissent pas véritablement ce qu’est le design.

3. Continuer à produire les mêmes choses ou à apporter des modifications superficielles ne résoudra rien.

4. La solution est claire (bien que difficile à mettre en œuvre), mais trop peu d’entre nous, moi y compris, sommes prêts à franchir le pas.

Je ne cherche pas à accuser qui que ce soit. Nous évoluons dans un système qui nous pousse dans cette direction, et même les alternatives proposées restent souvent ancrées dans les paradigmes actuels.

Le design doit se réinventer parce que le monde lui-même doit se réinventer. En tant que designers, nous façonnons ce monde à travers les objets que nous créons, les bâtiments que nous construisons, les services que nous imaginons, et les visuels que nous affichons. Nous devons donc être parmi les premiers à initier ce changement.

Comment procéder ? Voici quelques suggestions :

Prendre conscience du véritable rôle du design.
Le design ne consiste pas simplement à résoudre des problèmes ou à répondre à des besoins, c’est une discipline qui matérialise des idées et qui est fondamentalement politique. Chaque objet produit a le potentiel de transformer le monde.

Adopter une éthique du design fondée sur quatre principes :
Autonomiser les individus, sublimer le monde, intégrer le vivant, et explorer de nouvelles voies.

Abandonner l’approche centrée sur l’utilisateur.
La méthode du design centré sur l’utilisateur ou l’humain est intrinsèquement problématique, car elle est le produit d’une culture capitaliste et paternaliste. Cette approche limite l’autonomie des individus et uniformise le monde. Il est temps de changer notre cadre de pensée !

Je propose une alternative qui renverse les rapports de force : permettre aux designers de s’exprimer librement, individuellement ou en collectifs, et d’inventer une multitude d’alternatives. Ces créations pourraient alors être adoptées ou non par le public, selon leur pertinence.

Cela implique également de repenser nos institutions, par exemple en sortant du schéma classique client/commanditaire.

Encourager la diversité des profils de designers.
Le design moderne est largement occidental, souvent dominé par une perspective masculine, blanche, et colonialiste qui tend à uniformiser le monde. Nous avons besoin d’alternatives. Du design issu d’Afrique, d’Asie, des communautés indigènes, du design pensé pour les personnes aveugles, sourdes, ou porteuses de handicaps, pour les zones rurales, pour les banlieues… Et ceux qui sont les mieux placés pour créer ces designs sont ceux qui appartiennent à ces univers.

Être les acteurs de cette révolution.
En éduquant, en fixant nos propres limites, en créant, en nous regroupant… Bref, en prenant en main notre destinée, réinventons le design et faisons de ce monde une utopie.




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