Vous l’avez peut-être vu passer, en janvier 2023 j’ai sorti le podcast Fronde(s) pour parler du design des outils des luttes contemporaines. J’ai récemment bouclé la première saison (20 épisodes) et j’en profite pour vous partager mon retour d’expérience.

Je me demande pourquoi faire ça

C’est la première question que je me pose quand je me lance dans un projet. Pourquoi faire ça ? En l’occurrence, pourquoi réaliser ce podcast sur le design ? La première réponse est simple et rapide : poursuivre le travail de mon livre Hacker Protester. Ce sujet du design des contestations, révolutions et manifestations contemporaines me passionne et une fois l’écriture de mon livre terminé, j’ai continué (et continue encore) de me documenter et de travailler sur ce sujet. La seconde réponse est que je n’avais jamais créé de podcast de A à Z et c’était le moment d’apprendre. Enfin, la troisième et dernière réponse c’est cette volonté de partage et d’ouverture sur le sujet du design pour le sortir de son carcan du luxe et de l’inutile. Mais j’y reviens juste après.

Je lie toujours le design avec autre chose

Le design est ma posture, mon approche qui me permet d’être au monde. Ça paraît conceptuel comme cela, mais autrement dit, quand je me documente sur la biologie, la géopolitique, mon potager, ma santé, le sport ou l’éducation, je regarde cela avec le prisme du design. De cette manière, je comprends et analyse les choses de façon active et non passive. Penser un podcast avec mon regard de designer m’a permis de découper cela en projet, d’anticiper, de préparer l’expérience auditive, l’identité, non pas visuelle, mais sonore, de créer l’identité graphique, quelle typographie, quelles couleurs, quels éléments sonores, quel format, etc. De même, aborder les outils de révolutions contemporaines sous le prisme du design c’est une manière de rendre concret, accessible, compréhensible ces techniques, tactiques de protestation, tout en les recontextualisant historiquement, politiquement et géographiquement. Cela me permet aussi d’ouvrir la question du design et lui donner du commun, de la citoyenneté, du poids politique, de la résonnance avec notre drôle de monde contemporain.

Le contenu avant la technique

Si je devais attendre d’un être un pro du podcast pour me lancer, je crois que je n’y serais jamais arrivé. En effet, côté technique, j’ai réuni un enregistreur (un micro Zoom), le logiciel Adobe Audition et un compte Ausha pour la diffusion sur les plateformes et c’était parti ! J’ai surtout pris du temps à lister mes sujets, rédiger un premier podcast sur papier, je vous avoue que j’y ai passé une journée à l’écrire, le lire à haute voix, le réécrire, demander conseil, etc. Bien évidemment, j’ai sourcé, documenté listé les références à apporter au podcast. Bref, c’est une règle d’or pour moi sur les exercices de répétition : le contenu, le fond… avant la forme, la technique. Et petit à petit la technique s’acquiert, se peaufine, s’ajuste et on devient meilleur. Au début le son de mon enregistrement n’était vraiment pas bon et j’essayais de rattraper tout ça via le logiciel… Mais évidemment ça ne fonctionne pas comme ça. En comparaison, une photo ratée demandera énormément de travail de retouche en post-production et ne sera toujours pas une bonne photo.

Se faire aider

Se faire aider, avoir des conseils de professionnels, c’est quelque chose sur lequel je travaille au quotidien pour mieux apprendre dans la vie. Plus jeune je me disais parfois que je n’avais pas besoin d’aide et que de toute façon, je n’avais aucun moyen pour financer cette aide. Avec l’expérience, j’ai compris que je ne cherchais pas de l’aide mais bien à acquérir des savoirs par l’intermédiaire de personnes expertes. Avec le podcast, j’ai par exemple demandé à un ingénieur du son de m’apporter ses conseils, son regard, de me donner aussi un fichier audio de « qualité » pour chercher à atteindre le même résultat. Bref, se faire conseiller, apprendre des autres, mon expérience du podcast m’aura aussi apporté cela.

Définir en amont mes sujets et faire un planning

Vous le savez peut-être si vous suivez mes publications et mon travail sur les z’Internets mais dans la vie je cherche à être libre. Pour cela, plus je suis organisé, plus je suis libre d’accueillir les imprévus, les bons comme les mauvais. Alors pour réaliser ce podcast diffusé toutes les semaines et ce, sur 6 mois, j’ai dû m’organiser :

  • lister une quarantaine de sujets à traiter
  • sourcer tous ces sujets avec 5 – 6 sources
  • choisir un angle pour chacun de ces sujets
  • choisir une date de publication hebdomadaire (pour moi c’était tous les mardis à 6h06)
  • et donc choisir une date d’écriture, une date d’enregistrement, une date de montage (pour moi c’était le jeudi pour l’écriture, le vendredi pour l’enregistrement et le lundi pour le montage)

Ce qui m’a demandé le plus de temps c’était d’aller chercher les extraits sonores de films, d’interviews, les musiques, les retoucher, les couper, les nettoyer, les monter. C’est un travail que j’aime énormément puisqu’il me permet de puiser dans mes références mais c’est aussi un travail ingrat puisqu’il est parfois très difficile de mettre la main (ou plutôt les oreilles), sur ce qu’on a exactement en tête.

Mettre mon cœur dans le factuel

Dans le design, pour faire un travail correct, je reste factuel. Pour mon livre par exemple j’ai travaillé sur des faits sourcés, des exemples concrets, des interviews précises et retranscrites mot pour mot. Pour ce podcast, j’ai exposé des dates, des lieux, des exemples citoyens, des valeurs politiques et ce, de façon factuelle. Mais évidemment cela ne suffit pas pour moi pour que je trouve que ce soit du bon travail. Alors j’y met mon cœur, mes pensées, mes idéaux, mes références, mon humour, mes folies et mon esprit. Cela permet d’avoir un projet professionnel, sérieux, concret mais unique. Pour le podcast, comme pour tous mes projets de design, je m’y suis pris de la même manière. Je préfère un projet qui me ressemble – et donc qui soit imparfait – plutôt qu’un projet parfait mais lisse et sans âme.

Ne pas avoir le nez sur les stats : savoir pourquoi on fait ça

Beaucoup de podcasters se lancent dans la création de podcast pour faire de l’argent ou avoir de la notoriété (et donc faire de l’argent 😉). Pour cela ils doivent avoir le nez sur le statistiques d’écoute, leur audience, savoir ce qui fait du clic et de l’intérêt de masse. J’ai vu que sur Ausha, il y a énormément de données précises, ciblées pour savoir qui écoute, sur quelle plateforme, etc. De mon côté, je me suis juste dit que mon podcast devait exister, qu’importe si il intéresse 10 personnes et leur permet d’apprendre de nouvelles choses ou si il intéresse 10 000 personnes pour les mêmes raisons. Cela changerait-il quelque chose si l’audience était très faible ou très élevée ? C’est une question que je me suis posée et comme la réponse était non, j’ai tout simplement ignoré ces statistiques pour juste créer, un point c’est tout.

S’arrêter au bon moment

Tenir un podcast c’est un peu comme tenir un blog : il faut savoir parfois s’arrêter pour ne pas en être dépendant. J’ai déjà réalisé des projets sur une année complète (comme mon travail d’une aquarelle par jour pendant 1 an) et la fin d’un projet est aussi importante que son continuum. J’ai donc clôturé mon podcast par un vingtième et dernier épisode et je verrai par la suite si je fais une saison 2.

Conclusion

Maintenant, je sais faire un podcast et je serais ravi de réitérer l’expérience. C’est très différent de parler à la radio (oui, il fut une époque où je chroniquais au sujet du design, chaque semaine sur Radio Nova) mais c’est tout aussi stimulant pour le cerveau et le jeu de rôle. Reste à savoir maintenant quelle prendra la forme de la saison 2 de Fronde(s). Mais pour cela, j’ai du temps 😉

Si vous voulez retrouver tous les épisodes de Frondes vous pouvez chercher « Frondes » sur Apple Podcast, Deezer, Spotify ou directement via ce lien → https://hckr.fr/frondes




1 commentaires

  1. Il est intéressant d’entendre comment vous associez le design à divers aspects de la vie, tels que la biologie, la géopolitique, la santé et le sport. Votre approche consistant à regarder les choses à travers le prisme du design vous permet de les comprendre et de les analyser activement.


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