Hello 🙂

Je me balladais sur Ecran.Fr ce matin et je suis tombé sur une interview passionnante de Franco Berardi, (enseignant en histoire de la communication aux Beaux-Arts de Milan). Il a écrit notemment un livre sur le phénomène des télés de rue Telestreet, réseau de télés pirates qui ont proliféré en Italie en réaction au monopole berlusconien de l’information.

Voici des extraits de l’interview, plus que passionante : 

“Lors d’une récente conférence à Beaubourg consacrée à l’activisme électronique, vous vous êtes inquiété des effets pathogènes de l’hypermédiatisation…

Je crois que la médiatisation a produit une maladie de l’immédiateté. L’accélération de l’infosphère a un effet pathogène sur l’émotion. Nous n’avons pas le temps d’élaborer émotionnellement la masse d’informations dont nous sommes récepteurs. Cette séparation de la communication et de la corporéité est un problème majeur de notre époque. La transformation technologique et économique du système de communication nous pose un problème d’ordre politique (l’influence des médias de masse sur l’opinion publique) mais elle nous pose surtout un problème d’ordre anthropologique, psychique, psychopathologique.”

“Selon vous, est-ce la première génération vidéoélectronique qui est la plus touchée ?

15 % des infotravailleurs (surtout parmi les femmes) souffrent d’un symptôme relativement nouveau pour les psychiatres : la panique. Qu’est-ce que la panique ? C’est la réaction d’un organisme en état de surcharge d’informations. Je crois que la panique est le signe fondamental de l’époque actuelle. Le cerveau politique de l’organisme social contemporain est en état de surcharge, de compétition anxiogène, et cela produit une paralysie de la capacité d’élaboration critique et rationnelle. Le fanatisme, la violence, l’explosion suicidaire, tout cela fait partie de cette dérive panique de l’organisme collectif.”

 

“Quel est le risque ?

La panique peut déboucher sur la désactivation de l’énergie libidinale, sur la déprime. La pandémie de déprime, évidente dans la vie quotidienne des Européens, nous autorise à parler de l’époque présente comme celle des Passions tristes. Mais l’autre débouché possible est la violence gratuite : Columbine est un paradigme inquiétant du comportement de la première génération vidéo-électronique.”

“Sont-ce les prémices d’une nouvelle forme de précarisation ?

Le capital n’achète plus votre vie. Vous êtes libre, au niveau juridique, vous êtes les entrepreneurs de vous-même. Mais vous êtes dépossédé de votre temps. Le temps mental de la collectivité n’appartient plus aux individus, il est transformé en une étendue infinie de temps sans vie, sans corporéité, sans individualité. « Je n’ai pas de temps » est la phrase qui caractérise le mieux la culture contemporaine. C’est une phrase monstrueuse, un absurde pataphysique, mais réelle, parce qu’elle exprime le sentiment d’être dépossédé de son temps.” 

 

“Comment s’en sortir ?

L’économie capitaliste veut imposer son modèle sémiotique et son rythme pulsionnel (la croissance, l’accumulation, l’entreprise, le risque, la compétitivité) sur un univers technique et sensible qui ne peut plus tenir ce rythme-là. Il ne s’agit pas de revenir à une ère prémédias. Ça n’aurait pas de sens. Guattari, lui, parlait d’une ère postmédias. Nous devrions être capables de briser la dépendance à l’économie capitaliste, et de libérer les puissances du savoir, de la limite du profit, de la rentabilité économique, de la propriété privée.”

Et vous, vous n’avez pas le temps vous non plus ? Vous êtes paniqués par la somme de choses qui se passent et arrivent chaque seconde ? Je ressens un certain stress vis-à-vis de ça mais j’essaye au maximum d’éviter les “je n’ai pas le temps” et de me ronger les sangs quand je suis sous le feu de centaines d’infos/jours. Faut respirer et planifier.




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