Pierre Guillon, Directeur scientifique du département des Sciences et Technologies de l’information et de l’ingénierie au CNRS nous fait aujourd’hui un petit édito sur les Stic, ou la revanche de l’immatériel sur le matériel. Je vous laisse découvrir ses mots qui résument parfaitement la situation actuelle :

Les sciences et technologies de l’information et de la communication (Stic) sont au centre d’évolutions mondiales majeures en termes de production de connaissances nouvelles, de développement économique et de mutations humaines et sociales.
Les Stic amplifient les flux d’information, améliorent leur accessibilité, leur disponibilité, leur fiabilité, vérifient leur intégrité, adaptent leur forme. Elles modifient ainsi la production et l’échange de contenus – éléments moteurs du développement économique –, tout en remettant l’homme au centre du processus de décision et de production. Elles ont également un impact sur l’homme, en l’assistant dans sa vie quotidienne, en transformant ses modes d’acquisition des connaissances, en palliant ses déficiences, en organisant ses loisirs.”

Cette revanche de l’immatériel sur le matériel est symbolisée par les espoirs et les craintes suscités lors de l’apparition de la notion d’intelligence artificielle dans les années 1960 et de l’explosion de l’internet dans les années 1990. Elle tend à faire oublier que ces avancées n’ont pu se concrétiser que grâce à des progrès scientifiques et technologiques considérables concomitants en électronique, optoélectronique, photonique, électronique de spin… Ceux-ci ont en effet conduit à des innovations dans les domaines de la gravure, des couches minces, des fibres, des batteries… qui ont à leur tour permis d’augmenter les fréquences d’horloge des microprocesseurs et la compacité des mémoires, de diminuer la consommation énergétique des matériels, de les miniaturiser, d’augmenter les débits des réseaux, leur fiabilité…

Cette conjonction de l’immatériel et du matériel, du software et du hardware, fait des Stic un domaine pluridisciplinaire par excellence, qui s’appuie sur des compétences allant de la thermodynamique aux sciences cognitives. C’est dire si nul autre mieux que le CNRS n’est en mesure de développer ce domaine scientifique, en mobilisant une capacité de recherche dynamique qui permet d’intégrer l’électronique, les micro-nanotechnologies, le traitement de l’information, les usages… grâce à des approches pluridisciplinaires. Notre organisme porte ces recherches au meilleur niveau international, comme l’ont très justement confirmé le prix Nobel d’Albert Fert sur la magnétorésistance géante et le prix Turing de Joseph Sifakis sur l’algorithmique de la vérification des systèmes temps réel.

La réalité virtuelle est emblématique de cette symbiose entre le matériel et le logiciel. Elle propose des environnements immersifs et interactifs qui permettent aux hommes de s’entraîner, de se former, de faire des expériences sensorielles et motrices et de communiquer entre eux à distance. Toutes ces applications nécessitent des dispositifs mêlant synthèse d’images stéréoscopiques, spatialisation du son et gestion du toucher, le tout intégré dans des architectures matérielles distribuées, c’est-à-dire des machines réparties en réseau. Il s’agit aussi d’imaginer de nouveaux systèmes de navigation et d’interaction fusionnés, multimodaux, dynamiques et adaptés aux utilisateurs et au contexte. Ils doivent également être validés par des expérimentations psychophysiques appropriées.”

via le CNRS 




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