Nous en avions entendu parler il y a quelques annĂ©es mais cette semaine, le Ministère de la Culture et le Ministère de l’Industrie ont annoncĂ© le lancement officiel du Conseil National du Design avec la nomination de sa prĂ©sidente la startupeuse Sandra Rey qui a crĂ©Ă© Glowee, une startup dont l’objet est de mettre la lumière dans la ville via la bioluminescence. Le Conseil National du Design est abrĂ©viĂ© « CNDes », peut-ĂŞtre pour se diffĂ©rencier du Centre National de la Danse, du Centre national de documentation, du Conseil National des dĂ©chets et bien d’autres acronymes dont la France a le secret ? En tous les cas, ce conseil semble attendu !
(source de l’image, ce rapport des assises du design de 2019)
Que va faire ce Conseil National du Design ?
Dans son communiquĂ© de presse (disponible ici), le Ministère de la Culture explique ce qu’est le CNDes. Il s’agit d’une instance de concertation qui a pour objectif de faire discuter les diffĂ©rentes personnes prĂ©sentes au CNDes. Les parties prenantes du CNDes auront elles mĂŞme pour objectif de « mutualiser leurs pratiques, de mettre en commun leurs rĂ©flexions sur les dimensions sociĂ©tales, environnementales et Ă©conomiques du design et sa contribution Ă la transformation de notre sociĂ©tĂ© et de nos modes de vie. »
De qui est constitué le CNDes ?
Le communiqué de presse nous précise que les entités qui pourront se concerter autour de la table sont :
- La MAIF (assurance)
- Technilum (agence de mobilier urbain)
- Saint-Gobain (entreprise de production et transformation de matériaux)
- Frog design (cabinet de conseil en design)
- DA-Designers Associés (agence de design industriel)
- L’entreprise Label Famille (agence de mobilier, objets, espace)
- L’Alliance France Design (syndicat)
- L’Association design conseil (association)
- L’association Designers interactifs (association)
- L’Agence pour la Promotion et la CrĂ©ation Industrielle (APCI, association)
- La Cité du design (établissement public de coopération culturelle)
- Le musée des arts décoratifs et du design de Bordeaux (musée)
- L’association Valorisation de l’Innovation dans l’Ameublement (VIA, association)
- L’École Nationale SupĂ©rieure de CrĂ©ation Industrielle (l’ENSCI-Les Ateliers, Ă©cole)
- L’institut supérieur des arts de Toulouse (école)
- L’université Paris Descartes (université)
Je dĂ©couvre par la mĂŞme occasion, quelques entreprises privĂ©es dont j’ignorais jusqu’alors l’existence.
Que va produire concrètement ce conseil ?
Pour l’instant, on ne connait pas les dĂ©tails, mais voici les grandes lignes :
- Observer et Ă©tudier le design
- Faire de la prospective et des propositions auprès de l’État pour mettre en place une stratĂ©gie et une politique nationale du design
- Remettre un rapport d’activitĂ© aux ministres concernĂ©s
J’ai hâte de connaĂ®tre ce rapport et de voir d’une part s’il sera pertinent sur la situation rĂ©elle du design et des designers en France (je croise les doigts pour qu’il ne traite pas uniquement de l’industrie, du luxe ou du design Ă la mode) et après, de voir si le gouvernement suivra quelques-unes des recommandations du CNDes. J’en parlerai ici sur mon blog si cela est intĂ©ressant 🙂
Et vous, que voudriez-vous pour le CNDes ?
J’ai Ă©voquĂ© rapidement le sujet sur Twitter et les rĂ©actions ne sont pas faites attendre. Certains proposent au CNDes de faire rĂ©guler les offres de stages qui cachent des emplois dĂ©guisĂ©s, d’autres de donner un rĂ©el statut aux designers avec la nĂ©cessitĂ© de certifier ses compĂ©tences.
Pour ma part, vu que tout ça est payĂ© avec nos impĂ´ts, je m’autorise Ă rĂŞver de beaucoup de choses. Mais commençons par le plus simple :
- voir être régulé les escroqueries défiscalisées sous couvert de Mécénat de Compétence (voir cet article qui en parle)
- mettre au clair les labels « fabriqué en France » créées par des entreprises qui fraudent le fisc (voir cet article)
- associer des designers freelance (Maison des Artistes, auto-entrepreneurs, en SASU, etc.) qui n’ont pas de notoriĂ©tĂ©, qui ne sont pas connus, aux concertations afin qu’ils puissent ĂŞtre reprĂ©sentĂ©s dans cette politique nationale du design.
- proposer de revoir la volontĂ© de l’Éducation Nationale qui tue l’enseignement du design de l’intĂ©rieur au profit des diplĂ´mes d’art plastique instruits dans les universitĂ©s. Exemple avec la suppression des heures de pratique dans les Ă©coles de design (voir cet article)
- instaurer une politique de justice environnementale et de justice sociale (c’est liĂ©) partout oĂą le design existe. En effet, pourquoi remettre des prix, des lĂ©gions d’honneur ou des bourses Ă des projets de design qui se pavanent dans le luxe et les inĂ©galitĂ©s sociales ou qui arborent fièrement l’utilisation abondante de ressources qui dĂ©truisent l’environnement, les espèces vivantes, les humains et la biodiversitĂ© dans son ensemble ?
Alors on rĂŞve
Il y a tant Ă dire et comme NoĂ«l approche, je fais ma liste moi aussi. Curieux de lire la vĂ´tre, en tant que citoyen, designer, Ă©tudiant en design… de quoi rĂŞvez-vous au sujet de cette mission du Conseil National du Design qui est, rappelons-le, de proposer une politique du design en France ?
(article illustrĂ© par des gravures de Gustave DorĂ©, graveur que j’apprĂ©cie Ă©normĂ©ment. MĂŞme si je prĂ©fère Albrecht DĂĽrer, je l’avoue)
Article pertinent, bien argumentĂ© ainsi qu’un excellent choix de gravures pour l’illustrer. Un grand merci pour le choix de vos articles.
Bon, le commentaire est assez nul….mais mon intĂ©rĂŞt et mon enthousiasme non feint; ni graphiste ni artiste juste une grande curiositĂ© de tout…voilĂ .