Dans notre quotidien, nous sommes confrontés à des dizaines d’interfaces. Celles dans lesquelles il faut s’inscrire (là par exemple, je vous écris depuis un café wifi, j’ai dû remplir des données – fausses – et cocher des petites cases… Ou plus souvent décocher), celles dans lesquelles il faut comprendre pour agir (je suis récemment allé chez l’ophtalmo [tout va bien] et les instruments de mesure sont numériques, parfois complexes, les décisions se font à l’aide de boutons, d’écrans…) ou encore les interfaces d’achat (cela m’est récemment arrivé de payer avec mon smartphone et simplement mon empreinte digitale, ça fait une drôle de sensation à laquelle on s’habitue très vite). Mais il y en a beaucoup d’autres.

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(Ci-dessus, une interface tangible, design d’information et design qui tente d’être persuasif)

Dans toutes ces interfaces, on retrouve « des patterns », comprenez des motifs numériques qui uniformisent et rationalisent notre façon d’interagir. C’est bien évidemment pratique mais cela nous habitue aussi à la paresse intellectuelle voire l’irrationalité face à nos actions numériques. Et c’est justement sur ce point que une récente chronique de Xavier de La Porte s’organise, non sans humour mais avec un regard vraiment intéressant.

Xavier résume ainsi le début de sa chronique : « je me suis demandé s’il y avait dans notre vie numérique une sorte de main invisible qui nous amenait à prendre des décisions irrationnelles. » Cette main invisible dont il parle, je m’en sens en quelque sorte responsable. Enfin, pas moi directement mais au travers de mon métier, de ma pratique de designer d’interface qui conçoit des choses pour que ce soit plus simple mais aussi plus clair, parfois plus facile (quoique la difficulté est un élément important à intégrer auprès de ses utilisateurs). Responsable mais pas acteur puisque je refuse systématiquement de mettre mon travail au service de la bourse, au service de la destruction, de l’addiction ou encore du mal-être. Je tache, j’essaye, parfois lutte, afin de mettre mon travail au service de l’humain, du plaisir de celui-ci, du mieux vivre – ensemble – aussi parfois. Il y a mille façons de le faire.

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(Ci-dessus, une belle illustration de Kevin Cornell)

À Xavier d’enchérir sur le « couple infernal, » qu’il présente comme « d’un côté le persuasive design (ou design persuasif) qui consiste à créer des interfaces qui guident la décision, et de l’autre les dark patterns (qu’on pourrait traduire par les outils de l’ombre) qui cherchent à nous tromper. La ligne de partage entre les deux n’est pas toujours très claire. »

Persuasive design VS Dark patterns

(Merci Xavier de La Porte pour cette belle chronique)

Parce que oui, forcer son utilisateur à faire des choses qu’il ne veut pas, le mettre sur un tapis roulant numérique, on est d’accord que ça n’est pas normal, pas éthique, pas responsable. Il faudrait être fou pour pousser les autres à faire ce que l’on ne ferait pas soi-même. Et pourtant, cela existe au quotidien et je vous invite vraiment à faire attention au pourquoi des interfaces, pas uniquement au pourquoi de leur esthétique mais aussi au pourquoi de leurs fonctions, des actions qu’elles nous mènent à faire. Pourquoi je like ? Pourquoi je retweet ? Pourquoi je bookmark ? Pourquoi une telle générosité à me suggérer sans cesse toujours plus de contenu ? Les réponses ne sont uniques, il y en a beaucoup et elles sont à découvrir.




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