regard

Bonjour,

Aujourd’hui, je souhaite vous partager un texte de Vincent Perrottet, immense graphiste français, affichiste, membre de feu Grapus, enseignant et libre penseur du graphisme, notamment en France. Dans un récent texte publié sur Internet, Vincent Perrottet dresse le constat accablant de la commande publique. En effet, en matière de communication visuelle, la commande publique en France impose depuis plusieurs années des conditions qui rendent un travail graphique de qualité presque impossible. Je cite : « Grâce à une lecture corrompue des lois et des directives relatives aux marchés publics, les responsables de la communication visuelle des services publics mettent trop souvent en compétition designers graphiques, studios de créations. Ils établissent des consultations surréalistes où, en plus de lourds dossiers administratifs, il est demandé de soumettre des propositions écrites ou visuelles sans prévoir de rémunération correcte, ou bien souvent aucune. Cette pratique est scandaleuse déjà parce que les budgets alloués aux projets graphiques atteignent rarement le montant qui oblige à consulter plusieurs candidats (15000 euros) sur devis et dossier. »

 Bref, un texte qui n’est pas le premier que je lis sur le sujet, un constat amer et un marché difficile où les rouages de l’administration entrent en jeu. Je vous invite à lire ce texte en entier et pourquoi pas le soutenir 🙂

Introduction du texte

« Plus que jamais et de façon croissante, nous évoluons dans des sociétés qui façonnent nos consciences par les images. Chaque personne vivant dans l’espace urbain est confrontée quotidiennement à des centaines de messages visuels, informations commerciales ou de services publics qui communiquent sur leurs actes. Ces images graphiques imprimées ou projetées occupent les trottoirs des villes, les quais et les couloirs des transports collectifs, les emballages, les pages des journaux, des magazines et des sites web. Les vêtements et les bâtiments s’en couvrent ainsi que bon nombre de véhicules. L’espace public, et avec lui l’espace intime de chacun qui ne peut ignorer cette propagation, n’appartient plus à ceux et à celles qui l’habitent mais à ceux qui l’exploitent sans vergogne. Pire encore, le pouvoir sanctionne les détournements, graffitis, et autres formes inoffensives de résistance aux injonctions qui nous sont imposées par ceux qui se sont arrogé le droit de vendre l’espace commun. Il est stupéfiant que ces millions de messages visuels imposés à nos yeux et à notre intelligence ne suscitent aucun commentaire, aucune critique cultivée, comme s’ils n’existaient pas, comme si cela ne nous concernait en rien. Le regard que nous portons individuellement et collectivement sur cette production visuelle colossale n’intéresserait-il personne??

Pourtant les enjeux liés à la production de sens par l’image sont gigantesques et concernent le monde dans son ensemble. La représentation des personnes, des objets, des espaces et de la relation des uns entre les autres, l’expression des sentiments humains, du plaisir, de la souffrance et de l’indifférence, de l’organisation politique et économique des sociétés, donnent normalement à ceux qui en ont la charge, une responsabilité qui ne peut pas se situer hors des débats, ni fonctionner dans une opacité rendant possibles tous les abus. Dans un monde se donnant à comprendre en grande partie par l’exercice du regard, ceux qui décident des images prennent un pouvoir qui devient totalitaire s’il n’est pas questionné démocratiquement.

Mais comment cultiver le regard de façon à le rendre ouvert, critique et citoyen plutôt que soumis et condamné à ce flot incessant d’ordres, d’injonctions et de messages infantilisants destinés «?à faire rêver?» comme le vend le monde publicitaire, premier producteur d’images?? » […]

Le texte dans son intégralité

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Merci à Vincent Perrottet




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