Loïc Sécheresse est un dessinateur hors-pair, drôle, engagé, talentueux, aux mille projets. Je l’ai découvert il y a des années avec son travail en 2014 sur Love & kick boxing, puis avec Ys et je l’ai enfin rencontré il y a quelques semaines lors d’une dédicace de La Guerre (qui est hyper prenant aussi!), une BD qu’il a créée avec Thomas Cadène.
Et finalement, en 2018 je diffusais des extraits de sa nouvelle BD sur satan et l’écologie… Un vaste sujet ! Et c’est pourquoi, aujourd’hui pour soutenir sa campagne de crowdfunding, j’ai interviewé Loïc afin que vous le découvriez, en texte et en images. Pour vous, Loïc s’est prêté au jeu des photos et des réponses personnelles et pour ça, je l’en remercie sincèrement !
Loïc Sécheresse, l’interview!
Geoffrey → Salut Loïc ! Comment vas-tu ? Cette interview s’inscrit dans le contexte de la future publication de ta bd « Satanisme et Éco-Responsabilité ». Alors, allons droit au but, ta campagne de crowdfunding, à l’heure qu’il est, elle en est où ? Ça avance bien ?
Loïc → Hello Geoffrey ! Cette campagne démarre bien, je crois ! Nous sommes à 60%, je dis nous car cette campagne est menée par la plateforme Webtoon Factory, qui m’a commandé Satanisme et Éco-Responsabilité et l’a diffusé sur écran. Je suis ravi que WF ait décidé de compiler toute cette saga en un livre !
Geoffrey → Peux-tu nous raconter comment est née l’idée de faire débarquer Satan, Belzébuth et leur univers parmi ces questions résolument contemporaines sur l’écologie ?
Loïc → J’ai longtemps été enfant de chœur quand j’étais môme, Satan est un vieux compagnon ! Enfant, j’étais terrifié par l’idée même du diable, tout ce que l’on raconte sur les enfers. Avec le recul, je pense même que ça a été ma première très forte expérience d’immersion… dans une fiction. Plus tard, aux Beaux-Arts, en quatrième année, j’ai beaucoup travaillé sur la représentation du diable et sur des récits en images mettant en scène des démons dans des courses-poursuites absurdes. Je confrontais ces dessins de démons à des images photographiques de viande ou de légumes issus de dépliants publicitaires de supermarchés (oui, j’essayais des trucs !). Tout ça est bien loin, mais Satan est un compagnon de récit qui sommeille depuis bien longtemps mais jamais bien loin.
L’idée de la série m’est venue en constatant lors d’un séjour à Paris, il y a trois ans, comment les trottinettes électriques avaient très soudainement envahi l’espace public et qu’on les présentait comme un moyen de transport écologique, alors que leur production, leur développement, leur usage et leur recyclage posaient clairement plus de problèmes écologiques qu’ils n’en résolvaient. Ça a très sincèrement produit un effet goutte d’eau qui a fait déborder le vase, cela m’a mis en colère, en désespoir. Satan a dû se réveiller à ce moment-là en me disant : « Hey, mais la colère, le désespoir, c’est tout moi, ça ! », et j’ai dû lui répondre : « Ok, mais toi qui crois être le Mal, regarde comment tu es en train de te faire doubler par des trottinettes électriques, mec ! »
Je fictionne un peu, hein. Mais justement, produire de la fiction m’a paru le meilleur moyen d’être pertinent. Je ne suis pas un scientifique, je ne suis pas un spécialiste des problèmes environnementaux, j’y suis juste modestement sensibilisé. Si j’ai fait intervenir Satan, c’est d’une part pour me distancier de ma propre colère face aux problèmes et leurs enjeux, et surtout, éviter de me poser moi comme étant celui qui a tout pigé et fait la morale aux autres. Alors que Satan, lui, même si c’est vraiment de la blague qu’il le fasse, peut se permettre de nous faire la morale ! Mais, hum, voyons tout de même ce qu’il a à dire…
Geoffrey → Dans les différents épisodes de Satanisme et Éco-Responsabilité, tu abordes avec beaucoup d’humour, de très nombreux sujets comme les trottinettes électriques, les luttes sociales (Gilets Jaunes…), les luttes radicales (Black blocs…), les préjugés sur la consommation, sur la politique, sur la chasse, tu parles aussi des Z.A.D., etc. Est-ce que tu étais déjà familier et documenté sur tous ces sujets ou est-ce que tu as dû visionner des dizaines d’heures de vidéos de penseurs comme Jancovici, Mignerot, Latouche ou encore Bihouix ? Qu’as-tu appris pendant l’écriture et la réalisation de cette bd ? Personnellement, as-tu changé certaines choses ?
Loïc → La rencontre avec ces différents thèmes s’est faite par plusieurs biais. Comme beaucoup, je pense que ma sensibilisation aux questions socio-climatiques s’est forgée avec la découverte des travaux de Raphaël Stevens et Pablo Servigne, de ceux de Dennis et Donella Meadows, ou encore des propos d’Éric Sadin ou du pragmatisme lucide de Philippe Bihouix. Ainsi le fait que ce dernier déclare qu’un véritable véhicule vert, ce n’est pas un véhicule électrique de deux tonnes bardé d’électronique mais plutôt une 2CV à pot catalytique, a été un exemple très éclairant des paradoxes avec lesquels nous abordons collectivement le sort de la planète et du vivant.
La dimension exponentielle et en grande partie irrémédiable de la catastrophe climatique m’a laissé perplexe : à l’heure où il faudrait ralentir, peser une multitude de facteurs relatifs au progrès, ses bienfaits et ses conséquences, les choix à l’échelle collective et globale sont d’accélérer encore et encore. L’élection présidentielle française de 2017 a vu l’emporter un candidat qui disait qu’avoir lu le premier paragraphe du programme des écolos lui avait suffi. S’ajoute à cela l’ubérisation galopante, de tout, tout le temps, son lot de destruction du social et du vivant : nous y voilà, la première chose contre laquelle se dresse Satan c’est les trottinettes électriques ! Avant de comprendre, au contact de discours sur la transition écologique ou de propos d’écologistes radicaux, que les trottinettes électriques ne sont que la surface du problème.
Le fait d’avoir pas mal observé les luttes sociales à Nantes, les manifs des « Gilets jaunes », les actions de défense de la Zad, ou encore les manifs contre la réforme des retraites, m’a aussi amené à mieux comprendre certains mouvements plus radicaux. Je trouve simplement fatiguant de voir à quel point des vitrines de banque cassées peuvent faire parler des journalistes ou des politiques pendant des heures, alors que la violence infligée par le libéralisme est bien pire. Pour peu que l’on se penche sur n’importe quel objet industriel chez soi, vêtement, appareil électroménager ou informatique, meuble, et que l’on se demande, de l’extraction de ses matières premières jusqu’à sa commercialisation, de quel lot de violences sociales et environnementales il a pu être témoin, c’est totalement vertigineux. Et c’est bien sûr le cas des objets vendus comme étant « zéro carbone » ou « bon pour la planète ».
Bon, je ne t’apprends rien, hein ! Ces trois ou quatre dernières années, j’ai été amené à travailler sur trois projets très différents : S&É, les Carnets de manifs avec Cyril Pedrosa, et la BD de fiction La Guerre avec Thomas Cadène. Tous ces livres parlent, sous divers angles, des rapports de domination dans nos sociétés et des destructions qu’ils engendrent, de la guerre menée contre le vivant. Donc oui, me documenter sur tous ces sujets, y penser, écrire ou dessiner sur eux me façonne, ça me fait changer, ça contribue à me faire prendre des microdécisions à ma toute petite échelle ou à celle de mes proches. Et autant avec La Guerre, on n’est pas dans le marrant, on est dans la mise à nu très crue de toute cette violence sociale si largement acceptée qu’on ne la voit plus au quotidien, autant avec S&É, on est dans la déconne.
Je me suis évertué à mettre en lumière l’absurdité de ce qui nous a conduits là où nous sommes. C’est tellement absurde que Satan se trouve dépassé par sa propre création, le capitalisme, et sa croisade écologique prend une tournure bien plus radicale qu’il ne l’avait imaginé ! L’absurde permet de rire mais ne dispense pas de réfléchir.
Geoffrey → L’écologie étant la science qui étudie les interactions des êtres vivants avec leur milieu : en tant qu’être vivant, quel est ton meilleur environnement pour travailler sur un tel projet ?
Loïc → Lorsque je dessinais S&É, je n’habitais pas à l’endroit où j’habite actuellement. Mais il y a un point commun : tout près de Nantes, et tout près de la Loire ! J’aime savoir ce beau fleuve pas loin de chez moi. J’aime le regarder, et ici à Nantes, il subit la marée, ce qui le fait donc couler dans les deux sens, avec tout un jeu de flux et reflux. Une alchimie de constance et de changement permanent.
Les personnages animaliers de S&É viennent de vraies « rencontres » avec ces animaux ! La présence des goélands est due à une scène que j’ai vue dans un parc de Brest, où deux goélands travaillaient de concert à piquer le sac de chips d’un jeune couple d’amoureux qui se bécotaient tendrement. Le premier récit avec les goélands dans le livre développe un dialogue entre eux deux après qu’ils ont volé ce paquet de chips. Le héron est celui que je prenais le temps d’observer chaque matin sur les berges de la Loire en allant à vélo à mon atelier. Enfin, l’arrivée de Faisan dans le récit, c’est suite à la rencontre d’un faisan en pleine campagne, comme pris dans les phares d’une voiture mais en plein jour. Probablement un animal d’élevage destiné à être chassé… Dans S&É, je mets en scène sa lente compréhension de sa destinée, son émancipation, et son entrée dans une lutte pour le moins très radicale !
Depuis S&É, j’ai déménagé dans un lieu avec un jardin. Je fais plus attention à m’entourer de plantes, à l’intérieur et à l’extérieur. Je jardine aussi, enfin plutôt, je regarde ce qui se passe, j’essaie d’appliquer des trucs basiques de permaculture. Je ne sais pas vraiment reconnaître les oiseaux, mais je m’applique à observer leur vie, leur rythme.
Geoffrey → D’ailleurs, dans les photos que tu as prises pour mon blog (et je te remercie !), on voit sur ton bureau tes 10 carnets remplis d’histoires, tes crayons, tes stylos… Pour faire plaisir à ton personnage principal qu’est Satan, je me dois de te demander : est-ce que ce sont des encres vertes, des crayons en bois de forêts durables et des carnets en papier recyclé ? 😉 Oh, et selon toi, quel est l’outil le plus écoresponsable que tu possèdes et pour lequel Satan serait fier de toi ?
Loïc → L’outil principal, c’est un stylo fin, un G-Tec C4. Bête style en plastique et métal, mais qui a une grande vertu : il est à cartouches renouvelables ! Bon, chacune de ces cartouches est vendue dans un étui en plastique, mais au moins, on ne renouvelle que le container d’encre, pas le stylo. Les crayons de couleur sont un outil que je n’utilisais pas ou peu auparavant. Ma chérie m’en a offert un très beau coffret. Ces crayons sont gras, leurs couleurs lumineuses, denses ! J’y fais donc très attention, et je fais attention à ne pas les égarer. Mes carnets, eux, sont de marque anglaise, mais je ne sais plus s’ils sont en papier recyclé ou non.
Geoffrey → En parlant un peu de technique justement, quels sont tes outils de prédilection (je sais que tu travailles fabuleusement au pinceau), tes carnets préférés, tes crayons qui font des couleurs incroyables ? As-tu besoin d’avoir ton téléphone ou un ordinateur jamais bien loin quand tu travailles ? (pour retrouver une référence visuelle ou une statistique par exemple…)
Loïc → Je dessine autant sur ordi que sur papier, mais de plus en plus je privilégie le papier. Je crois que lorsque je dessine sur ordi, je fais beaucoup d’errements avec mon trait (je pense que c’est quelque chose que tout le monde comprend et connaît, errer sur son ordi, zoner sur Internet). Je ressens aussi cette envie et ce besoin d’un rapport tactile aux matériaux, de concret face au dématérialisé. J’essaie ainsi d’avoir des outils de dessin durables. Des pinceaux de bonne qualité, qui garantissent d’être satisfaisants suffisamment longtemps, mais aussi des stylos que l’on peut recharger. J’ai plusieurs feutres-pinceaux ou stylo-plumes que je recharge avec de l’encre à la seringue, je me refuse à les faire venir du Japon ou des États-Unis dans des boîtes en carton qui sourient. Cependant j’ai bien sûr besoin d’un ordi. J’écris ou transpose souvent mes dialogues sur ordi. J’en ai besoin pour des références visuelles. Je travaille souvent les couleurs de mes planches de BD ou illustrations pour la presse en numérique, sur Photoshop.
Geoffrey → Pour le lecteur que je suis, le choix de l’humour m’a semblé une évidence pour cette bd. As-tu trouvé tout de suite le ton que tu allais employer pendant tous les épisodes ? Et avais-tu déjà en tête la plupart des nombreux personnages qui interviennent au fil des pages ? Quelles ont été les difficultés sur ce projet ?
Loïc → S&É, c’est une écriture très immédiate, et au long cours. L’écriture en feuilleton m’a permis d’enrichir l’univers, que ce soit en thématiques abordées ou en personnages permettant de les développer. Contrairement à la BD La Guerre, impliquant de lourdes recherches, croquis préparatoires, etc., S&É est un projet « cavalerie légère », écrit beaucoup en impro, dessiné sans crayonné ni croquis préalable. La tonalité vient de cette souplesse de fabrication. C’est très aisé de reprendre un dialogue, d’ajouter une case, de tricoter le rythme de la narration.
Un de mes passages préférés est celui où un jeune amateur de black metal, adepte du message écologique de Satan mais par pure et simple adulation de Satan lui-même, effectue son SNE (Service national écologique, vous ne connaissez pas encore ? Je parie que ça existera dans cinq ans) au sein d’une agence de pub où le grand enjeu créatif du moment est de promouvoir une marque de jet-skis éco-responsables à moteur électrique. Faire rencontrer des gens qui ne sont pas censés se parler habituellement, et leur dire : « Alors, qu’est-ce que vous avez à dire ensemble sur l’écologie ?» Développer ce récit m’a permis de faire se croiser une trentaine de personnages récurrents. Par moments il m’était difficile de m’y retrouver dans les différents arcs narratifs, il fallait veiller à ce que chacun trouve sa voie dans ce récit choral.
Cette galerie de personnages compose tout un écosystème. C’est un peu mon assemblée citoyenne sur le climat à moi, mais contrairement à notre président avec la sienne, moi je suis tout à son écoute ! J’appuyais certains éléments du récit sur l’actualité, mais veillais à ce que le récit ne dépende pas d’une actualité de surface, et résonne avec une actualité profonde, à des enjeux qui se posent dans le temps long. Néanmoins, quand j’ai dessiné les premières cases, je ne pensais pas à un projet au long cours ! Une première histoire en a engendré une deuxième, puis une troisième, et ainsi de suite. Puis le « Gloire à Chaton ! » est apparu. Ce slogan est une déformation de « Gloire à Satan ! », mais comme Satan est tout de même un peu has-been, il en est encore aux pactes en parchemin tu vois, la révolution Gutenberg il n’a même pas eu le temps de l’intégrer que bim ! Internet est arrivé. Alors les gens comprennent mal son nom. Satan devient « Santon », « Chaton », jusqu’à ce qu’un mouvement radical « Révolution écologique maintenant » s’approprie le cri de ralliement « Gloire à Chaton ! ».
Tout ça je crois que je n’aurais jamais pu le pré-écrire, et que ce télescopage de situations est très largement dû à l’écriture et à la diffusion sur écran en feuilleton webtoon.
Geoffrey → Et entre nous, quel est le personnage dans lequel tu te projettes le plus ? Plutôt Satan ? Un Black Bloc ? Un goëland ?
Loïc → Quasiment tous ! Pour écrire, il m’arrive souvent d’enregistrer des dialogues sur le dictaphone de mon téléphone, si je n’ai pas d’ordi sous la main. Donc forcément, je fais un peu les voix, les tonalités, je pouffe de mes propres blagues ou plutôt, je pouffe de la façon dont Satan ou Belzébuth pourraient parler. Ces enregistrements restent secrets, évidemment !
Belzébuth, c’est celui que j’imite le plus. Faisan aussi, quand il cherche les copains. Ce sont des personnages empreints chacun à sa manière de beaucoup de naïveté. J’aimerais parfois être naïf ainsi, qu’on parle toutes et tous avec des voix naïves, un peu stupides mais rigolotes, et que tout se règle parce qu’au fond on est tous pleins de bonne volonté.
Mes préférés sont peut-être les deux goélands : ils ont à la fois intégré le no future, et la débrouille pour soi et les autres. Je les admire et les envie presque. Néanmoins, je dois t’avouer me projeter que bien peu dans le ministre de l’écologie.
Geoffrey → Concernant la campagne de crowdfunding, il y a de nombreuses contreparties pour obtenir la bd Satanisme et Éco-Responsabilité, des dédicaces et même des originaux ! Peux-tu nous dire un petit mot
pour celles et ceux qui hésitent encore ?
Loïc → Le livre S&É, c’est un récit à lire et à offrir où vous verrez :
– Satan abandonner les déplacements par téléportation qui émettent trop de soufre, et se prendre d’une furieuse passion pour les déplacements en vélo (et développer la haine des SUV qui va avec) ;
– Les origines du capitalisme ;
– Un groupe de black metal disruptif ;
– Des trottinettes électriques sauver des militant.e.s pour la planète ;
– Christian Coiffeur, éditorialiste de chaîne d’info continue ;
– Plein de trucs et astuces de goélands pour choper des chips et bousiller des drones de surveillance ;
– Un fameux restaurant des Champs-Élysées se faire incendier par un Faisan Bloc ;
– Ce même Faisan Bloc vouloir mettre fin à tous les murs qui empêchent quiconque de traverser les mers ;
– Une vieille dame à chats créer une Église chatonique;
– Un grand ancien et son secrétaire Crevette sortir des océans pour régler à leur sauce la transition écologique et la montée des océans ;
– Une assemblée de démons entonner des chants anticapitalistes ;
– Des jet-skis dernière génération permettant de combiner virilisme et défense de l’environnement ;
– Une Zone à Damné.e.s qui tourne en autogestion.
C’est aussi un livre qui vous donnera envie de dire vous aussi, j’espère : « GLOIRE À CHATON ! »
Geoffrey → Merci Loïc pour nous avoir dévoilé quelque peu les coulisses de ce très beau projet et … gloire à Chaton ! 😉
→ Participez à la campagne Satanisme et Éco-Responsabilité !
En bonus : quelques planches :
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