Hop 🙂

En direct d’un café à République, je ne vous oublie pas ! J’en profite alors pour vous écrire un petit article sur ce projet assez intriguant intitulé Touchy ! Cet « appareil photo humain » est un concept réalisé par le designer Eric Siu. L’idée est d’être aveuglé « constamment » par ce casque-appareil photo, jusqu’à ce que quelqu’un vous touche et déclenche ainsi l’ouverture des volets automatiques. Ensuite, si le contact physique est continu, l’appareil prend une photo toutes les 10 secondes. Pour un meilleur auto-portrait, Eric Siu recommande de présenter son visage debout face à l’appareil-homme et le regarder droit dans les yeux pendant 10 secondes afin d’obtenir le meilleur portrait possible.

Une façon détournée, avec pour prétexte, la photo, afin de re-créer du contact entre les gens et de pouvoir communiquer de nouveau les uns avec les autres, indépendamment de toute apparence physique.

La vidéo :

Le concept en images :

J’attire donc votre attention sur ce projet car il est en quelque sorte, une expérience d’interaction phénoménologique et sociale qui met vraiment l’accent sur la relation entre donner et recevoir. Le fait également de « transformer » un être humain en caméra est quelque chose qui ne manque pas d’humour, surtout dans la façon dont est traité le sujet. Une sorte de façon de guérir l’anxiété sociale par le design, en créant des interactions joyeuses 🙂

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5 commentaires

  1. Très intéressant :
    – Au Japon, toucher une personne n’est pas vraiment dans les normes. Dans les transports par exemple, pendant les rush-hours, on supporte le contact à l’autre en réduisant son espace personnel à son enveloppe corporelle. C’est parce qu’on n’a pas le choix que le contact à l’autre se fait et qu’il est alors accepté. On est même parfois malmené, poussé, bousculé, le contact volontaire est désigné comme un crime (les chikan ou satyres qui profitent de ces moments où l’on n’a pas sa liberté pour aller toucher les femmes). En dehors de ces temps particuliers, il est très simple de constater, que le contact marque une forme d’intimité entre deux personnes (souvent des couples), alors que même entre amis (à moins d’être ivre) on ne se touche quasiment pas pour ne pas dire pas du tout. On aimerait bien voir l’homme-caméra dans les transports bondés, les yeux grand ouverts, non ? Quoi que le contact n’est pas souvent celui direct de la peau, ce dernier étant plutôt stigmatisé.

    – Dans ce paragraphe, j’ai essayé de noter les différents lieux que l’on trouve dans la vidéo en expliquant rapidement l’image qu’ils traduisent. Le but : Et si nous imaginions le même projet à Paris, quels auraient été les lieux et activités représentés dans la vidéo ? Si certains veulent s’amuser à ce petit jeux, je suis pour !
    D’abord l’homme caméra est dans un parc, en relation avec la nature, tandis que la femme qui va être attirée par cet homme est en contact avec un livre (culture) et son téléphone (donc avec ses amis) dans un café, sur une terrasse (il y a très peu de terrasses de café à Tokyo, c’est probablement un coin étudiant autour de l’université de Tokyo puisque le projet est en partenariat avec cette université). Elle ne bouge pas, lui se déplace vers elle, de la nature du parc à la ville qui privilégie la vue au toucher (la musique nous empêche de saisir le paysage sonore très prégnant mais on comprend le changement d’ambiance). Il se retrouve confrontés aux affiches et aux stimulations visuelles qu’il ne peut pas saisir, un cycliste utilise sa sonnette pour lui indiquer sa présence, attention !). Lorsqu’elle le voit, elle est traversée par des images de dispositifs utilisés pour faciliter l’accessibilité aux personnes aveugles (les bandes jaunes qui servent de guide partout dans la ville japonaise). Puis, il touche les distributeurs automatiques de boissons, les distributeurs de jeux, les mangas emballés dans du cellophane alors qu’elle va toucher le chien Hachiko de la gare de Shibuya, qui représente la fidélité (elle a vu cet homme une fois, elle va essayer de le retrouver), pendant que lui est confronté à l’individualisme des activités de chacun dans les salles de jeu, dans les chaînes de restaurant (plus ou moins rapide) où chacun est dans son coin aligné sur un bout du bar, sur des escalator (où le sens de défilement de l’image perd son importance)… Il rencontre en premier une moitié de lui même (un appareil photo dans un grand magasin, dans un premier temps inaccessible, mais qui finalement ne lui apporte pas grand chose mis à part des regards en coin des personnes autour de lui). On lui donne un tract toujours sans contact (ce tract est la promesse d’un contact payant avec une hôtesse dans un bar, la scène prend probablement place à Akihabara, la ville électronique, comme toutes les scènes face aux machines) puis il rencontre l’autre moitié de lui-même (un autre humain) qui lui apporte la vue (entre deux mondes, sur un pont). Il s’amusent pendant une après midi à des jeux simples, ils se promènent dans les roji (petites ruelles où l’on trouve principalement des habitations de faible hauteur et des chats, images de la vie ordinaire), puis vont, je suppose, dans un eki-biru (ce sont ces grands centre commerciaux construit aux abords des gares dans lesquels on trouve tout, des vêtements à la nourriture), ils mangent ensemble dans un restaurant de Okonomiyaki (on fait soit même les okonomiyaki, du coup c’est une représentation du partage autour de la nourriture en contraste avec l’image précédente) … puis retour à la solitude, on retrouve le rappel des bandes jaunes destinées à l’accessibilité des aveugles, et il retourne à l’arbre, à la nature. C’est très romantique comme vision. La dernière image et celle de l’enfant qui joue et celle de l’espoir d’une évolution dans le sens d’un retour aux relations humaines simples, pour le coup, celle-là, on aura la même à Paris, non ?


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