Après vous avoir parlé des interfaces proprioceptives basés sur vos muscles, des interfaces de cartographie pour les personnes aveugles ou encore des interfaces sans contact pour les smartphones, aujourd’hui je souhaite aborder la question des interfaces rétroactives, celles qui nous donnent à vivre une sensation physique à partir d’un signal numérique. Je me souviens, lorsque j’étais adolescent et que je jouais à Goldeneye sur console Nintendo 64 avec la manette munie du kit vibreur, j’avais cette sensation d’immersion lorsque je me faisais, virtuellement, tirer dessus !
La publicité japonaise pour le Vibration Pack de Nintendo
Aujourd’hui, on a fait énormément de progrès, des chercheurs travaillent notamment sur des interfaces tactiles (métal notamment), qui, une fois alimentées avec un certain type de courant électrique, font ressentir à l’utilisateur, des textures comme du bois, des textures lisses, du papier, de la rugosité, etc. C’est fou, mais à l’Université du Sussex, en Angleterre, on progresse aussi en ce sens et des chercheurs ont mis au point un système appelé SkinHaptics et qui transmet des ultrasons directement à travers votre corps pour générer un retour haptique focalisé sur la surface de votre peau. Ainsi, les ultrasons, lorsqu’ils sont focalisés sur une zone du corps (notamment les mains), permettent de recréer des sensations tactiles en imitant le toucher réel. À elle seule, chaque impulsion n’est pas assez puissante pour faire ressentir quoique ce soit mais lorsqu’il y en a plusieurs et qu’elles sont émises à intervalles régulières il y a une sorte d’interférence physique qui se produit et vous ressentez les choses au bout de vos doigts.
Le fonctionnement de SkinHaptics
SkinHaptics fonctionne donc sur ce principe et même si pour l’instant les émetteurs à ultrasons sont encore un peu trop grands pour être incorporés dans des gants ou des claviers, on pourrait croire que ça n’est plus qu’une question de moyens et d’industrie. Nous nous dirigeons petit à petit vers une technologie qui n’existe pas sans notre corps, un peu comme si notre corps était tantôt le moteur pour fournir l’énergie, tantôt le réceptacle des ondes pour créer une sensation ou tantôt une pièce de ce grand puzzle qu’est la technologie.
SkinHaptics en demo
Les questions qui apparaissent alors naturellement sont celles de l’expérience utilisateur et des interfaces qui seront produites pour ce genre de dispositif. J’ai mille et unes idées à ce sujet, que ce soit pour le jeu, pour les bornes tactiles mais aussi pour nos claviers d’ordinateurs, nos souris, nos gants ou encore d’autres objets du quotidien qui pourraient changer de texture en fonction de leur utilisateur. Il faut savoir aussi que la texture d’une surface est source d’informations sur comment on peut attraper et tenir quelque chose (les textures qui glissent, d’autres qui accrochent, d’autres encore qui nous rappellent la fragilité…) et l’on pourrait alors élargir ce spectre d’informations pour créer de nouvelles informations (un objet doux, un objet qui bat comme un cœur, un objet qui alterne sa texture…). Bref, je vous laisse imaginer toutes les possibilités à votre tour 😉