Voilà quelques années maintenant que je travaille sur mes habitudes numériques. En effet, sans m’en rendre compte voilà presque dix ans que je suis sur Facebook, quasiment 9 ans sur Twitter. En remontant encore plus loin, je ne compte pas les années passées sur Internet dès l’adolescence et l’âge auquel j’ai eu un smartphone ou encore que je tiens ce blog ou les centaines de milliers d’e-mails échangés depuis que j’ai Internet. J’ajouterai aussi que certaines habitudes viennent s’installer très rapidement dans mes usages au quotidien, et voilà que Youtube devient ma télé plusieurs fois par jour, sans parler de Snapchat (que je n’utilise plus) qui devient l’outil où nos avatars numériques peuvent s’exprimer en ultra-présence sans parler d’Instagram, de Viber, de Google Hangout, de Facebook Messenger et j’en passe.
Tout cela n’est pas bien, ni mal, c’est comme ça et j’imagine que pour vous c’est pareil à différentes échelles, sur différents réseaux sociaux, outils numériques et avec différents usages (certains sont pendus à Dribbble ou Slack comme d’autres le sont à Tinder).
Facebook & Twitter, mes premiers messages 2007 et 2008
Pas très glorieux n’est-ce pas 😉
Le temps
Mais voilà, loin de moi l’idée de me dire que je perds du temps avec tout cela, non, j’aime croire que je distribue mon temps comme j’en ai envie, à qui j’en ai envie et si j’en ai envie. Naïf que je suis. En réalité, cette sensation me trouble car plus je prête attention à ce sujet, plus j’ai la conviction qu’on cherche à me voler mon temps – autrement dit – ma vie. En effet, sans y prêter attention, les rouages du neuro-marketing sont venus prendre possession de mes usages quotidiens, les services des entreprises cherchent évidemment à capter (capturer) mon attention, pour la retenir, pour me mettre dans une nasse tel un poisson avec mes congénères, pour m’afficher de la pub, pour me faire lire des choses qui vont dans mon sens, pour me manipuler aussi. Parfois. Et encore, je ne joue pas à Candy Crush (#troll volontaire. Coucou maman :p).
Pour en savoir un peu plus sur tous ces sujets, je vous invite à lire ces articles sur :
- comment l’employabilité tue le temps libre
- le design de nos vulnérabilités
- le persuasive design & les dark patterns
- tous les articles de Morozov
- la perversion économique du webdesign
- le privacy by design
- tous les écrits de Antonio Casili sur le Digital Labor
À côté de cela, je ne cherche pas à rentabiliser mon temps. Chaque seconde n’est pas une seconde qui doit « rapporter ». Parfois, on peut donner son temps, gracieusement, simplement, parfois, avoir du temps « vide » permet de gérer les problèmes, les urgences, parfois avoir du temps « vide » permet aussi d’aimer, d’improviser, de s’écouter aussi.
Des actions
Là où je voulais en arriver avec cet article, c’était la façon dont j’essaye de modifier mes usages, de détourner certaines de mes habitudes pour faire en sorte de me réapproprier certaines choses comme mon temps, ma pensée, ma liberté aussi, un peu. Je vais donc vous partager cette petite liste d’actions que j’ai mises en place depuis plusieurs années ou quelques mois pour certaines.
• Bloquer les publicités sur Internet (pas avec Adblock mais avec Ublock)
• Se désinscrire systématiquement des lettres d’informations (vous pouvez utiliser unroll.me pour cela). Sinon vous pouvez créer un filtre mail assez radical dont la condition serait la suivante : « Si le corps du mail contient « unsubscribe » « se désinscrire« , alors : mettre ce mail à la poubelle.
• Installer sur son navigateur le plugin Unseen, cela permet de retirer l’accusé de réception des messages Facebook. Cela permet de ne plus se sentir parfois « obligé » de répondre sous prétexte d’avoir lu le message de votre interlocuteur.
• Installer sur son navigateur le plugin BlockSite qui permet de bloquer des sites sur lesquels vous ne voulez plus aller par. Evidemment, si vous souhaitez réellement – très très fort – vous y rendre, vous pourrez toujours trouver une façon, mais l’effort pour contourner ce plugin ne vaut pas toujours le gain. Ces sites sont par exemple des blogs de haters, des comptes Twitter inutiles, des sites de lolcats, des sites de presse people, des sites qui pratiquent le clickbait, etc.
• À noter que BlockSite permet aussi de rediriger certains sites vers d’autres adresses. Alors, pour retrouver la sérendipité, la vraie, la belle, celle qui vous fait atterrir sur des contenus intéressants et inattendus, j’ai configuré BlockSite pour qu’il me redirige, à chaque fois qu’il détecte un site que je me suis « interdit », vers une page aléatoire de l’encyclopédie Wikipedia (via cette adresse : https://fr.wikipedia.org/wiki/Sp%C3%A9cial:Page_au_hasard ). J’ai donc de temps en temps de belles surprises et j’apprends de nouvelles choses.
• Sur mon smartphone, j’ai désinstallé toutes les applications dont je ne me sers pas « régulièrement ». En faisant cela, d’une part je fais de la place et d’autre part, j’évite le moment que l’on connait tous, pendant lequel on allume son téléphone, on swipe d’un écran d’icônes à un autre en ne cherchant rien… Un peu comme si on zappait à la télé sans but réel, par réflexe.
• Toujours sur mon smartphone, j’ai « caché » loin dans un dossier, les applications que je souhaite utiliser moins souvent (Facebook notamment). N’ayant pas l’icône constamment sous les yeux, cela me permet d’oublier de consulter telle ou telle application plusieurs fois par jour. À l’inverse, je mets en avant les applications que j’ai envie d’utiliser plus souvent (comme TinyCards par exemple).
• Sur mon navigateur, j’ai également installé l’extension Hide Twitter Guff qui masque les trending topics de Twitter, les suggestions de contacts et toutes les choses qui détournent mon attention.
• Dans la catégorie plugin, j’ai également installé Me Don’t Like Facebook, (uniquement sur Chrome me semble-t-il) qui masque tout simplement la fonction « Like » sur Facebook. En effet, j’ai constaté sur mon usage, que la rétention sur Facebook passait notamment par le Like à tout va. Bien-sûr, je « Like » encore un peu via mon mobile mais plus du tout sur mon navigateur. Vous avez également Neutralike for Facebook qui fait la même chose.
• Côté mails, j’ai également installé Pixel Block – qui permet de bloquer l’accusé de réception (qui est souvent un pixel blanc sur blanc caché dans le corps du mail et qui informe votre interlocuteur que, oui, vous avez bien ouvert son e-mail). Cela permet de ne plus forcément avoir la « pression » de quelqu’un qui sait que vous avez lu son mail et qui attend une réponse.
• J’ai aussi installé StayFocused qui me permet de limiter la consommation de certains sites dans le temps. Par exemple, j’ai limité mon usage de Facebook à 5 minutes par jour. Cela fonctionne… et c’est largement assez. Une fois sur mon mobile par contre, je n’ai pas ça, c’est donc open-bar et je n’ai pas encore trouvé de solution 😉
D’autres pistes
Je réfléchis et je cherche à expérimenter d’autres actions notamment sur le smartphone à la maison (installer une boîte à l’entrée dans laquelle le smartphone serait comme dans une cage de Faraday). Ou encore passer moins de temps sur Instagram à scroller et scroller ou moins de temps sur Youtube à regarder un peu de tout et parfois n’importe quoi. Toutes ces actions ne sont pas là pour « m’empêcher de » mais essayer de me « diriger vers« . Vers ce que je veux faire plus souvent (lire, faire du sport, continuer de découvrir le piano, dessiner, écrire à ma compagne, appeler ma famille régulièrement, faire de beaux projets de design social, etc.).
Bref, j’espère que toutes ces petites idées vous auront intéressé et surtout : n’hésitez pas à partager les vôtres. Comment faites-vous pour changer vos habitudes numériques ? Comment faites-vous pour prendre la décision de supprimer Facebook ou de ne consulter vos e-mails qu’une à deux fois par jour ? Comment faites-vous pour ne pas passer deux heures par jour sur Facebook ?
Parce que l’important à mes yeux, ça n’est pas de perdre son temps, c’est de le gâcher.
Article très intéressant ! Je suis quelques unes de vos méthodes, comme mettre facebook dans un dossier, utiliser unroll me … depuis hier et force est de constater que cela fonctionne !
Effectivement, il faut agir sur les « rituels » en essayant de les déplacer ou de les supprimer.
J’en profite pour vous remercier pour la qualité de vos articles.
Olivier
Ça nous est tous arrivé d’être scotché devant l’ordinateur jusqu’à minuit (à travailler, à traîner). Pour que mon ordinateur me rappelle d’aller me coucher, il m’invite à l’éteindre à partir de 21h. Si je suis sur PC, j’utilise l’application Iwannasleep ou sur Mac la fonctionnalité se trouve dans System Preferences > Energy Saver > Schedule …
Ça me permet de trouver doucement le sommeil (sans attendre d’être fatigué), j’a isans doute droit à quelques rêves supplémentaires, …
Étant plus radical j’ai supprimé mes comptez facebook, instagram, snapchat, whatsapp etc… D’un coup. Sans me retourner. Et je ne regrette pas.