Vous l’avez peut-être vu passer dans l’actualité, ce logo mis en ligne par l’État Major Français (présenté sur twitter) vient présenter et marquer visuellement l’opération Résilience.
L’opération Résilience est une opération militaire menée par l’Armée française sur son territoire national à partir du 25 mars 2020, dans le contexte de la pandémie de Covid-19 en France. Dans ce contexte, les Forces armées sont mises à contribution, notamment avec l’élément militaire de réanimation (EMR) installé à Mulhouse, mais également avec le dispositif d’évacuation médicale aéroportée « Morphée » ou encore le porte-hélicoptères amphibie Tonnerre qui évacue les malades de la Corse vers Marseille.
Bref, lors de cette présentation le président de la République, Emmanuel Macron a annoncé 25 mars la création de l’opération Résilience. Un mot fort qui aborde la question du rétablissement après un choc (physique, émotionnel, psychologique, etc.). S’en est suivi de la présentation de ce logo (qui n’en est pas réellement un, mais on le verra plus bas)
Structure du visuel
Comme l’opération Résilience dépend du Service de santé des armées, de l’Armée de terre, de l’Armée de l’air, de la Marine nationale et de la Gendarmerie nationale, on retrouve la symbolique graphique de la terre, de la mer et de l’air (avec les lignes qui remontent), puis des couleurs du drapeau tricolore : bleu, blanc rouge.
On peut aussi imaginer que ces lignes représentent la stabilité, la secousse, et l’envol… Qu’en pensez-vous ?
Ensuite vient s’ajouter la symbolique de l’hexagone français (au cas où nous aurions eu un doute) et deux lignes rondes, courbes, comme deux mains qui viennent protéger, englober cette sphère.
Une forme assez commune pour montrer la protection, comme en témoigne ces logos et visuels (trouvés en ligne) présentés ci-dessous.
Le visuel au final, une fois accompagné de sa typo, de ses couleurs, de sa forme circulaire, devient assez fort, autonome aussi, comme un autocollant ou un patch pourrait l’être : multi-supports.
Quelques réactions
Comme souvent en matière de logo, les commentaires sur les réseaux sociaux ne se sont pas fait attendre sur ce visuel :
- « Pas très accessible en terme de couleur »
- « Seuil de lisibilité j’écrirai ton nom en petites lettres ! »
- « Quelle horreur. »
- « “Résilience” de quoi ?? Et ils en ont même fait un logo… Le petit génie du marketing ne pourrait pas aller cueillir des fraises, plutôt ? Je n’en peux plus…»
- « Nous sommes sauvés ! L’opération Résilience a un logo ! Bon, sinon, on n’a pas de masques, pas de combinaisons, pas de tests, pas de chloroquine, pas de respirateurs.. »
- « Qui a validé ce logo ? #OperationResilience #resilience #photoshoppourlesnuls »
- « Petites questions: combien a coûté la création de ce joli logo? Cet argent n’aurait-il pas été mieux employé à acheter des masques pour les soignants? #Macron #resilience »
Moi-même je me questionnais sur la raison d’un tel logo en temps de crise…
Ce logo n’est pas un logo
Et là où est la maladresse c’est qu’en réalité, il ne s’agit pas d’un logo, il s’agit… d’un écusson de l’armée. En effet, l’armée, pour ses différentes missions réalise depuis plusieurs années des écussons qui viennent rassembler, identifier et créer de la cohésion avec les soldats et leur mission. Voici ci-dessous quelques écussons issus des opérations Chammal, Barkhane, Serval, etc.
Ces écussons ne sont donc pas des logos destinés à être placardés sur des affiches, des t-shirts, des sites Internet et à être réemployés par d’autres structures. Ces écussons sont des visuels liés à une missions et ne servent pas à convaincre le grand public d’un quelconque intérêt.
Un logo en temps de crise ?
Un regard sur le visuel de l’Opération Résilience est donc à avoir avec beaucoup de recul, cependant, la question que je me pose et que je souhaite vous poser, en dehors de cet écusson, est la suivante : à quoi cela servirait de faire un logo en temps de catastrophe ? Le gouvernement, pour faire passer des projets politiques utilise souvent le marketing (avec beaucoup « d’éléments de langage » comme ils disent) comme par exemple :
- la loi Hadopi qui avait un logo et une charte graphique (souvenez-vous),
- le projet « Emplois d’Avenir » sous Hollande avait lui aussi un logo (et quel logo…)
- et bien d’autres logos ne sont pas là pour soutenir des lois ou des projets mais sont plutôt des logos d’institutions (voir cet article à ce sujet)
- Enfin, il y a la « marque d’état » à savoir, la charte graphique du gouvernement qui a été mise en ligne il y a peu de temps.
Bref, quel serait l’intérêt d’un logo en temps de crise ? Pour rassembler la nation ? Les citoyens ? Pourquoi pas plutôt une affiche ? Une illustration ? Une chanson ? Une photo ? Un geste symbolique (applaudir à sa fenêtre à 20h) ? Un logo est là pour porter le message d’une entité, la faire voyager, marquer la présence de cette entité, rappeler qu’elle existe et faire comprendre son identité.
Cela semblerait donc totalement hors-sujet que l’état propose un logo de crise pour la sur-signifier dire que la crise est bel et bien là, qu’il faut s’en rappeler. Ou alors, serait-ce encore du marketing pour nous faire faire d’autres choses ? Aura-t-on droit à un logo pour les mesures d’austérité qui débarquent ?
Gardons l’œil ouvert. Les deux même.
Bonjour Geoffrey,
Il faut savoir que l’armée a un département communication basé à Paris 14e si ma mémoire est bonne, dans lequel sont produits logos, badges, etc
J’imagine qu’en terme de coût, cela est plutôt transparent. En terme de d’habileté graphique… c’est autre chose !
Merci Stéphanie pour ce retour, oui je pense que les coûts d’un écusson sont tout à fait inclus dans la missions des personnes travaillant là-bas 🙂 Et pour l’habileté graphique, il y a tant à faire, mais dans l’urgence j’imagine que ça n’est pas toujours évident !
Les lignes dans le drapeau ne symbolisent elles pas des lignes brisées par un évènement puis un redressement ?
Lignes horizontales = écoulement tranquille
Lignes en dents de scie = traumatisme
Lignes obliques = la résilience
Je ne vois pas l’intérêt de symboliser les éléments air/terre/eau…
Bonne idée ! 🙂